L’Anti-Justine ou les délices de l’Amour (1864)/10

Vital Puissant ? (p. 24-28).

CHAPITRE X.

De l’infâme mari.

Mais le moment approche où je dois recouvrer Conquette Ingénue ; mon désir le plus vif, même dans les bras de madame Maresquin (l’amie de Victoire), était de faire Vitnègre cocu !

Un jour, ma Conquette me rencontra sur le pont Notre-Dame. Elle était malheureuse, elle vint se jeter dans mes bras ; je fus si ému que toute mon ancienne colère s’évapora. Ma délicieuse fille était encore embellie dans les douleurs. Mon premier mouvement fut de lui prendre le con, mais nous étions dans la rue. J’allai la voir dès le lendemain soir, à l’heure où elle m’avait dit que son mari ou plutôt son monstre n’y était jamais ; je la trouvai seule, en effet, et dès cette première visite elle m’avoua qu’elle avait un amant. Ravi de cette confidence, qui m’annonçait le cocuage de Vitnègre, je la flattai, je l’amadouai, je l’engageai à se le laisser mettre par Timon[ws 1], son galant ; mais je compris bientôt que c’était un amour platonique des deux côtés absolument, où Conquette Ingénue se consolait auprès d’un bande-à-l’aise des brutalités d’un débauché ; elle aimait à parler de son amant, et comme j’étais le seul avec lequel elle le pût en sûreté, je lui promis de leur procurer des entretiens secrets : je fus chéri !

À ma seconde visite, Conquette me découvrit quelques infamies récentes de Vitnègre. Un jour qu’elle se baissait pour ramasser quelque chose, il lui fit prendre le con par un de ses amis. Elle se récria… « Ce n’est rien qu’un con de pris, dit froidement Vitnègre à son ami ; ne t’avais-je pas bien dit qu’elle avait le poil du con plus satiné que de la soie !… Eh bien ! le dedans est plus doux encore. » Conquette voulut se retirer ; il la retint brutalement, la fit mettre sur lui, la troussa jusqu’aux cuisses, et lui tint le con, s’efforçant de le faire voir ou de la branler. Pendant tout le temps il fut à raconter combien, quand elle le voulait, elle donnait du plaisir à son caresseur… « Mais, ajouta-t-il, elle est comme les putains : il faut la rosser pour lui faire faire son devoir. » Il voulut ensuite lui découvrir la gorge, mais elle s’échappa ; alors il l’atteignit d’un coup de pied. Quelques jours après, le même ami étant venu dîner, après le café, Vitnègre s’étant aperçu que sa femme, après avoir pissé, avait fait bidet, dit à Culant (son ami) : « Voilà un con bien propre, il faut le gamahucher tous les deux, d’adresse ou de force. Mais dans ce dernier cas, ne t’étonne pas du bruit ; pour le premier voilà une clef ; elle ouvre la porte du cabinet qui donne sur le corridor ; tu entreras quand, lassé, je dirai très haut : Allons, madame, faites-moi beau con et recommençons ! Et donne-t-en, car je voudrais que tout l’univers foutît la garce : elle n’est pas assez large ! » Conquette fut rappelée, le mari la fit asseoir au milieu devant le feu, mit à l’aise son vit, ses couilles de mulâtre, et dit à son ami d’en faire autant, et comme il hésitait : « Déculotte-le tout à l’instant, bougresse, ou je t’arrache les poils du con à la poignée ! » Il y porta la main, elle fit un cri ; Culant mit aussitôt son vit et ses couilles à l’air, tout en demandant grâce pour elle. « Allons, bougresse, branle-nous tous deux, un de chaque main. Je suis son maître, ajouta le scélérat, elle m’est abandonnée !… » Conquette pleurait… l’ami demanda grâce pour elle. « Eh bien ! qu’elle me suce le vit, là, à genoux, que je lui décharge dans la bouche. Je déchargeais dans celle de ma première femme, qui en est morte, et c’était mon délice !… » Culant observa que ce serait gâter la plus jolie des bouches. « Eh bien donc ! je vais la gamahucher. — Je banderais trop, dit Culant — Passez dans ce cabinet. » Vitnègre y poussa Conquette et se substitua Culant, puis il sortit pour aller jouer. Culant gamahucha et n’osa foutre Conquette, ayant le vit si petit qu’il ne pouvait être pris pour Vitnègre, mais il déchargea six fois et Conquette le double. Il se retira en lui donnant un coup de poing, afin de la persuader que c’était Vitnègre. Mais le soir, à sa rentrée, le monstre dit à sa femme : « Eh bien ! bougresse, as-tu été assez gamahuchée ? Ce n’était pas moi, je ne t’aurais pas fait l’honneur de décharger six fois ; c’était mon ami. Mais, garce, tu l’as reconnu, puisque tu en as déchargé douze et que tu ne bandes pas pour moi. Et le bon coup de poing qu’il t’a donné, hein, l’as-tu senti ? » Et l’infâme éclatait de rire. « Allons, garce de bâtarde d’avocat, te voilà putain, j’entends que ton con me rapporte. » Effrayée, Conquette se promit de le quitter ; ce fut le lendemain qu’elle me rencontra, et de ce moment elle prit de la fermeté contre le monstre.

Ce récit de ma fille, quoique plus gazé dans sa bouche, m’avait révolté ; je lui promis un prompt secours, mais en même temps elle me faisait bander en carme, comme tous les récits de brutalités libidineuses.

Je demandai des faveurs ; on rougit, mais on me laissa baiser un joli soulier vert qu’on portait. Pour la première fois, je m’en tins là. Cependant, à la visite du lendemain, je glissai en riant une main dans son dos, insensiblement j’en vins aux tétons, qu’elle défendit, mais qui me restèrent ; enfin je me fis donner de ses cheveux, puis voulant voir jusqu’où je pourrais la mener sans l’effaroucher, je la tourmentai pour avoir une petite touffe des poils de son con soyeux ; elle me la donna, mais en tremblant que son mari ne s’en aperçût. Pour la remettre, je la fis parler de son amant, et pendant cet entretien, de libertés en libertés, je parvins au con !… Elle était si parfaitement à son sujet, que je crois en vérité qu’elle s’imagina que c’était Timon qui lui tenait la motte. Je lui dis, en la patinant, que je lui avais trouvé une pension pour elle quand elle aurait quitté Vitnègre. Elle rougit de plaisir et m’embrassa ; je lui dardai ma langue, et elle me fit sentir la sienne. Ravi, j’allais lui demander le récit de la manière dont elle avait été dépucelée, quand Vitnègre s’étant fait entendre, je me jetai dans le cabinet obscur, me proposant de m’évader par la porte du corridor, mais je fus étrangement surpris de voir un moine introduit par cette porte. Il ne m’aperçut pas ; je me cachai derrière un grand sopha. Vitnègre entra aussitôt par la porte de la pièce que je quittais. « Mon révérend père, voulez-vous la foutre avant dîner ?… » Le moine, qui dévorait la belle Conquette à travers le vitrage, parut concentré… Au bout d’un moment, il répondit :




  1. Note de Wikisource : Timorì dans l’édition originale.