L’Ancien Officier de cipayes

L’ancien officier de cipayes (The old sepoy officer), tel est le titre d’un article que M. Charles Hill, l’indianiste bien connu, vient de publier dans l’English historical review du mois d’avril dernier. M. Hill rappelle qu’à l’origine les cipayes ne furent que des auxiliaires indépendants, commandés par leurs chefs indigènes, qui louaient leurs services aux Européens. Quelques-uns de ces chefs rendirent les plus grands services tant aux Anglais qu’aux Français, pendant leurs premières luttes dans le Carnatic ; mais, lorsque pour un motif ou pour un autre, la discipline venait à manquer, la nation européenne qui employait les cipayes pouvait se trouver réduite aux pires extrémités. On a beaucoup reproché à Godeheu d’avoir conclu avec M. Saunders une paix précipitée ; on n’a jamais, mis en lumière les déplorables révoltes des cipayes de Tirouvadi, qui, au mois d’août et de septembre 1754, ont paralysé les opérations militaires du lieutenant Hibault et du commandant de Maissin. Peu d’années après, les Anglais éprouvèrent à leur tour, avec Mohamed Yousouf, qu’il n’était pas toujours très prudent de se reposer sur la fidélité ou le dévoûment des cipayes indépendants. Ces inconvénients et même ces dangers, fréquemment renouvelés, suggérèrent en 1768-59 à nos rivaux l’idée d’organiser les cipayes en bataillons et de placer ces bataillons sous l’autorité exclusive de chefs européens. Les indigènes ne furent plus tolérés que dans les grades inférieurs ou secondaires, tels que ceux de soubadars et de jemidars, qui équivalent à peu près à ceux de capitaine et de lieutenant. Des parts dans le pillage et des distinctions honorifiques pouvaient être attribuées à ces chefs, suivant les circonstances. Or, on sait que c’est surtout avec les cipayes, bien disciplinés et bien commandés, que les Anglais firent la conquête de l’Inde. Aujourd’hui que nous voulons, en France, utiliser les troupes noires, il ne serait pas sans intérêt ni utilité de connaître par le détail toutes les mesures qu’ont prises les Anglais pour constituer cette force indigène.

M. Hill termine son étude par la publication d’une sorte de journal, d’un nommé Mir Sahib, officier de cipayes, qui entra au service de la compagnie en 1747 et y resta jusqu’à la fin du siècle. Ce journal assez court n’apporte pas une contribution essentielle à l’histoire de cette longue période.