Traduction par André Du Ryer.
Antoine de Sommaville (p. 589-590).



LE CHAPITRE DU DIVORCE,
contenant dix-huict verſets,
eſcrit à la Meque.


AU Nom de Dieu clement & miſericordieux. O Prophete, lors que vous repudierez vos femmes, repudiez-les ſuivant les Ordonnances & les Loix, & comptez le temps qu’elles doivent attendre avant que de ſe remarier ; Craignez Dieu voſtre Seigneur, ne les faites pas ſortir de leurs maiſons, & ne les chaſſez pas avant le temps ordonné ſi elles ſont ſurpriſes en adultere, telles ſont les ordonnances de Dieu, celuy qui les outrepaſſera fera tort à ſoy-meſme, peut-eſtre que Dieu ordonnera quelque choſe d’elles que vous ne ſçauez pas ; Lors que le temps qu’elles doivent attendre ſera finy, retenez-les, ou les quittez avec civilité, vous prendrez des perſonnes de voſtre Religion, gens de bien, qui ſeront teſmoins de vos actions, depoſez avec verité de ce que vous aurez veu, il eſt ainſi ordonné à ceux qui croyent en Dieu, & au jour du Jugement. Dieu delivrera d’affliction celuy qui aura ſa crainte devant les yeux, & l’enrichira quand il y penſera le moins ; celuy qui ſe confiera en luy ne ſera pas trompé, il fait ce qu’il veut, & a ordonné un temps prefix à toute choſe ; ſi les femmes n’eſperent plus d’avoir leurs mois & qu’elles doutent de s’eſtre meſcontées, elles attendront trois mois avant que de ſe remarier ſi elles ne ſont pas nourrices, ſi elles ſont groſſes vous attendrez leur accouchement, celuy qui craint Dieu ſe rejoüit en l’obſervance de ſes commandemens ; ce que deſſus eſt ordonné de Dieu, il pardonnera les pechez à ceux qui auront ſa crainte devant les yeux, & leur donnera une tres-grande recompenſe ; faites habiter celles que vous repudierez en vos maiſons où proche de vous, ne les mal-traitez pas ; ſi elles ſont groſſes, donnez leur ce qui leur ſera neceſſaire juſques à ce qu’elles ſoient accouchées, ſi elles veulent nourrir leurs enfans vous leur donnerez un honneſte ſalaire, & les traiterez avec civilité & courtoiſie, ſi cela ne vous aggrée, vous les ferez nourrir à une autre que vous recompenſerez de ſa peine ; ſi vous n’eſtes pas riches vous ferez de la deſpence ſelon voſtre pouvoir, Dieu n’ordonne à perſonne de faire plus de deſpence que ſon pouvoir ne permet, il vous donnera du bien apres le mal, combien y a t’il eu de villes qui ont cy-devant deſobey aux commandemens de Dieu & de ſes Prophetes ? Nous avons tenu compte exact de leurs pechez, leurs habitans ont eſté chaſtiés, & à la fin ils ſeront au nombre des gens perdus, Dieu leur a