Librairie aéronautique (p. 61-63).

XII
LE PARACHUTE
Son utilité sur le sphérique. — Sa faillite sur l’avion. — Sa renaissance sur le Drachen. — Son amélioration par la vitesse. — L’amortissement au sol.

Le parachute est peut-être le seul dispositif de sécurité qui ait été sérieusement étudié depuis les débuts de l’aéronautique. Il n’est pas un appareil d’usage et de fonctionnement courants ; on le considère plutôt, et à juste titre, comme un moyen d’urgence. En somme, il n’est qu’un appareil de sauvetage.

Dès l’apparition du ballon sphérique, on a appliqué le parachute ; nombreuses sont les descentes réussies. Puis il est tombé presque complètement en désuétude.

L’aviation l’a remis en faveur et d’aucuns y ont cherché la solution de la question de la sécurité, question si importante, à laquelle est lié « l’avenir de l’aviation civile. Encore une fois, le parachuté n’a été qu’un expédient et tous les essais d’adaptation à l’avion ont échoué.

Cependant le parachute conserve un intérêt indéniable pour le ballon libre et surtout pour le ballon captif, le Drachen.

Tous les corps qui tombent en chute libre dans l’atmosphère trouvent, tôt ou tard, un état de régime de descente à vitesse constante, qui est fonction de leur forme et de leur poids.

Le choix des caractéristiques du parachute a été évidemment guidé par un souci primordial : celui d’avoir une vitesse de descente telle que le contact du personnel sauvé, avec le sol, se fasse à une vitesse non dangereuse. L’expérience a fixé cette vitesse aux alentours de trois mètres à la seconde et, pratiquement, cela conduit à développer une surface de parachute d’un peu plus de 1 m2 par kilog. descendu. Dans de telles conditions, bien que le poids soit réduit au minimum, bien qu’on se contente strictement de sauver le personnel, on est conduit à adapter des surfaces de parachute considérables, difficiles à développer, encombrantes ; et l’on obtient une descente lente, instable, avec une grande dérive dans le vent.

Nous allons voir, une fois de plus, ce que peut faire la vitesse en aéronautique. Supposons que l’on puisse quadrupler la vitesse du parachute : sa surface devient, toutes choses égales d’ailleurs, seize fois plus petite ; il suffit d’un grand parapluie pour descendre un homme ! Le parachute peut rester constamment ouvert[1], affecter une forme rigide et les chances de non développement sont annihilées. Un déclic, de fonctionnement très sûr, le libère du ballon en temps voulu et il descend avec une grande stabilité, du fait de sa vitesse ; la dérive dans le vent est très faible, il évite rapidement le ballon ce qui est intéressant en cas d’incendie ; il tombe toujours près du poste d’amarrage du Drachen, il ne descend jamais le pilote chez l’ennemi ; enfin sa vitesse passe progressivement de 0 à la vitesse de régime sans qu’existe cette période angoissante dans laquelle le parachute, ne s’étant pas encore développé, prend une vitesse assez grande, suivie d’un ralentissement brutal, d’un à-coup, au moment où il se développe. Nul doute que nos courageux observateurs préféreraient avoir seulement à actionner un déclic pour descendre avec leur nacelle, plutôt que se jeter dans le vide, ainsi qu’ils ont accoutumé de le faire.

Mais tout ceci est subordonné à la possibilité d’aborder le sol à des vitesses de 10 à 12 mètres à la seconde, quelque chose comme 40 kilomètres à l’heure. Il faut être bien persuadé que la chose est parfaitement possible et facilement réalisable en dotant la nacelle d’un dispositif d’amortissement, d’une matelassure de préférence pneumatique et, par conséquent, très légère : une sorte de ballonnet enrobant la nacelle et se dégonflant progressivement à l’atterrissage, par le jeu de valves spécialement aménagées à cet effet. Le dégonflement a pour but d’empêcher le rebondissement et le traînage au sol, dans de cas de vent notable.

Cette question de l’amortissement de la nacelle du parachute amorce celle de l’amortissement de l’avion qui doit être un auto-parachute.


  1. On peut aussi admettre un système de disques, de faible diamètre, qui, dans la position de repos, sont empilés les uns sur les autres et qui, en se développant, réalisent un frein aéro-dynamique avec surfaces en série peu influencées les unes par les autres, à cause de la vitesse. Ce parachute composé serait au parachute simple ce que le train de cerfs-volants Saconney est au cerf-volant ordinaire.