L’Adresse de l’Association des travailleurs de Londres au peuple du Canada
London : Cleave, Watson, Hetherington, and all booksellers, (p. 7-8).
« sédition », parlent « d’hommes qui complotent » et appellent avec impiété les attributs de la déité pour les effrayer et les faire dévier de leur objectif sacré.
C’est un grand plaisir pour nous d’apprendre, chers amis, que vous n’êtes pas facilement effrayés par la loi de proclamation — par le décret de la junte contre une nation entière. Vous savez et sentez sûrement, bien que le Gouverneur Gosford ne le puisse pas, « qu’une nation ne peut jamais se rebeller ». Car lorsque les libertés d’un million de personnes sont prostrées dans la poussière de la volonté d’une cupide et ignoble minorité — quand une tentative est faite de détruire leurs droits représentatifs, le seul lien d’allégeance qui existe, le seul pouvoir par lequel des lois peuvent être justement appliquées — arrive alors le moment lorsque la société est réduite à ses éléments premiers, plaçant chaque homme dans une position de choisir librement par lui-même les institutions qui se conforment le plus adéquatement à ses sentiments, ou qui lui garantiront le mieux sa vie, son travail, et ses possessions. Si la mère-patrie ne rend pas la justice à ses colonies en retour de leur allégeance — si elle ne peut se contenter d’engagements mutuels, mais cherche plutôt à en faire des proies pour les nabots militaires et les petits seigneurs affamés, exécutant leurs décrets par la force, elle ne doit pas être déçue de voir sa progéniture l’abandonner pour ses absurdités contre nature et sa monstrueuse cruauté.
Vos conseils législatifs et exécutifs, sentant le grand dérangement de se soumettre à vos droits constitutionnels, ont essayé de vous réduire à l’état de domesticité au moyen de la législation britannique.
Vous avez sagement remis en cause une telle autorité, et avez justement fait tomber leurs décrets dans l’infamie qu’ils méritent. Ils vous menacent maintenant par la loi de Gosford qu’ils ont eux-mêmes promulguée. Si vous vous montrez ferme dans votre résolution (comme nous pensons que vous le ferez), ils auront recours à la diplomatie et à la ruse, ils vous amuseront avec le nom de la royauté, causeront de l’affection que votre jeune reine ressent pour vous, et emploieront tous les arts spécieux que leur métier leur dicte. Mais ils fermeront soigneusement les oreilles royales à la connaissance des maux qu’ils ont eux-mêmes produits — les crimes de pillage public et de péculat à des fins privés qui sont la source des dissensions entre vous ; ils raconteront leur histoire tordue de « trahison et de sédition », empoisonnant l’esprit des jeunes pour parvenir à leur but.
Frères canadiens ! entendez-nous, bien que nous ne soyons qu’ouvriers : — n’accordez pas trop de confiance aux promesses princières dont vos propres oreilles sont témoins ; moins encore, quand les océans roulent entre les deux et que des petits chefs intéressés racontent l’histoire. Faites confiance à votre juste cause et à vos honnêtes actions pour garantir le succès de cette cause.
Nous avons reçu, avec un satisfaction considérable, vos résolutions approuvant nos humbles efforts pour vous soutenir — bien que nous n’ayons fait que notre devoir en tentant d’éveiller les sentiments de nos camarades contre l’injustice que nous savions être sur le point de tomber sur une partie éloignée de nos frères ; et en cela nous avons réussis à un degré que nous n’avions pas prévu, parce que nous avons reçu des lettres d’approbation de corps considérables d’ouvriers joignant aux nôtres leurs sentiments et leurs sympathies envers vous. Ne croyez pas, conséquemment, que les millions de travailleurs de l’Angleterre partagent d’aucune façon les sentiments de vos oppresseurs ; s’ils n’ont pas unanimement condamné leur infamie, c’est que la sévérité de leurs propres malheurs et oppressions détourne leur attention de ceux de leurs voisins. Quand la voix des millions sera entendue dans la chambre sénatoriale, quand ils posséderont le pouvoir de décréter la justice, nos colonies cesseront d’être considérées comme des pépinières à despotes, où l’on vole l’industrie pour choyer le vice.
Nous tenons à vous féliciter du nombre d’esprits éclairés que l’injustice infligée à votre pays a porté à l’action. Avec de tels chefs de file pour garder vivante la flamme sacrée de la liberté, et l’exemplaire dévotion et abnégation que vous avez démontrés depuis le début, nous prédisons votre succès.
En espérant que vous continuerez à réchauffer le timide et ragaillardir le brave — d’enseigner à vos enfants à entonner le chant de la liberté, et à vos demoiselles à rejeter la main de l’esclave — et que vous puissiez bientôt entrevoir le soleil de l’indépendance souriant sur vos villes grandissantes, vos joyeuses maisons, vos forêts verdoyantes, et vos lacs de glace, est le désir ardent des membres de l’Association des travailleurs.