L’Abitibi, pays de l’or/Conclusion

Les Éditions du Zodiaque (p. 193-194).


CONCLUSION


Dans presque tous les pays du monde, les quelques rares pays qui possèdent une réserve appréciable du métal jaune et précieux, l’or a pris l’habitude d’aller se terrer dans les voûtes de l’État. L’or que les États-Unis extraient de leur sous-sol ou celui que le monde extérieur et débiteur leur envoient par lourdes cargaisons, est par exemple de nouveau et aussitôt enfoui dans le sol. Quelque part, au fond des forêts du Kentucky ou du Tennessee, on lui a creusé tout exprès des gites souterrains. À Ottawa, c’est dans cette sorte de forteresse qu’est l’Hôtel de la Monnaie ou dans les caves non moins bien défendues de la Banque du Canada, que l’or va dormir. Entre les États, l’or donne lieu comme à une partie de cache-cache la belle bergère. Ce qui n’enlève rien à la valeur intrinsèque du métal, ce qui paraît même avoir ajouté à sa valeur extrinsèque, à sa valeur de représentation. L’once d’or n’a jamais commandé, en papier-monnaie, un prix aussi élevé que depuis que le commun des mortels n’a plus pour ainsi dire jamais l’occasion d’en voir.

Ce qui ajoute pareillement, va-t-il sans dire, à la valeur des gisements aurifères de l’Abitibi. Le prix de d’or, qui ne marque pas une tendance à la baisse, ne peut qu’inciter les prospecteurs abitibiens à la recherche de nouveaux gisements, les capitalistes d’un peu partout à s’intéresser à l’extraction de l’or dont le sous-sol de cette région semble si bien pourvu. Faut-il rappeler que c’est sur une distance de cent trente milles seulement, le long d’un mince ruban, dont la largeur ne dépasse pas quelques milles, que des gisements aurifères ont été jusqu’à présent repérés là-bas. Les prospecteurs n’ont encore gratté qu’une infime partie du précambrien de l’Abitibi. Selon toute vraisemblance, le gros des découvertes reste à venir.

C’est non seulement l’industrie minière qui s’en ressentira mais, par voie d’heureuse conséquence, l’industrie de la province en général, son commerce, son agriculture et sa colonisation.