Poésies diversesChez Augustin Courbe (p. 59).

SONNET.

L’Eſté.



E
Nuironné de feux, & couuert de lumière,
Tu ſors de l’Ocean, Aſtre de l’Vnivers ;
Et des premiers rayons, de ta clarté première,
Tu m’échauffes l’eſprit, & m’inſpires ces Vers.

Tu brilles de ſplendeur ; tu bruſles toutes choſes ;
Les Vallons les plus frais, en vain t’ont reſiſté
Tu fais languir les Lis ; tu fais mourir les Roſes ;
Et la Neige eſt fonduë, aux chaleurs de l’Eſté.

L’air eſt eſtincelant ; la terre eſt deſſechée ;
La Palme la plus fiere, a la teſte penchée ;
Le Laurier le plus vert, reſiſte vainement

Tout fume ; tout perit ; par la celeſte flame ;
Mais la plus viue ardeur d’vn tel embrazement,
M’incommode bien moins que celle de mon ame.