L’Éducation du peuple après l’école/Une trouvaille
UNE TROUVAILLE
À la suite d’une excursion dans le Morvan pendant le mois de juin dernier, je me promenais aux environs de Rémilly, quand par hasard je trouvai dans un sentier qui longe un bois d’acacias un portefeuille en maroquin vert. Je l’ouvris : il ne contenait qu’une très longue lettre signée d’un nom inconnu : « Jacques Bonhomme. » J’y jetai distraitement un coup d’œil ; mais, frappé tout d’abord de l’excellence des idées, je la lus attentivement et je me mis aussitôt en quête de son propriétaire ; car elle valait la peine d’être conservée. J’y parvins plus facilement que je ne le croyais : Jacques Bonhomme était connu dans tout le pays pour sa probité et son attachement à la terre qu’il cultivait avec la vigueur d’un jeune homme, bien qu’il fût déjà vieux. Je le félicitai cordialement de penser et d’écrire si bien. Il me dit alors avec un sentiment d’orgueil facile à comprendre, en parlant de son fils, que c’était bien autre chose, et il me fit lire la réponse à la lettre en question. Elle faisait effectivement le plus grand honneur au jeune homme qui l’avait écrite.
Dans la ferme conviction que ces deux lettres, œuvres si estimables de braves travailleurs, toujours bien attachantes quoiqu’elles soient vieilles de presque cinq ans, pourraient contribuer au perfectionnement moral du peuple, je demandai spontanément à Jacques Bonhomme la permission de les publier. Il me l’accorda très volontiers, sans oser espérer qu’elles auraient le résultat que j’en attends.