§ 3

Pourquoi la famille, élément constitutif des sociétés humaines,
incline spontanément à la paix.


Les sociétés humaines ne jouissent des avantages inhérents au règne de la paix, que lorsqu’ils sont acquis à toutes les familles, c’est-à-dire aux éléments constitutifs de la race. Or la préoccupation dominante de chaque famille est la crainte de voir tarir la source du pain quotidien, qui est son besoin journalier le plus urgent. Cette crainte elle-même a surtout pour objet la violence que déchaînent les discordes intestines et les guerres étrangères. La responsabilité qu’entraîne la subsistance de la communauté familiale pèse particulièrement sur les chefs de famille et, sous l’inspiration de ce sentiment, ils inclinent vers la paix.

La Bible, un des plus vieux monuments de l’histoire, justifie d’ailleurs l’importance sociale, attachée par notre École au règne de la paix. Aux bonnes époques, ce livre a été pour l’humanité l’instrument par excellence de la prospérité et du bonheur. L’Ancien Testament, comme l’Évangile, a rempli cette haute fonction dans l’organisation sociale des peuples européens. Il n’a pas seulement transmis le texte du Décalogue, c’est-à-dire la source éternelle de l’ordre moral. Il a perpétué dans la mémoire des hommes les exemples de sagesse donnés par un des grands hommes de l’antiquité : c’est ce qu’il a fait notamment en signalant le roi qui, pendant son règne, enleva aux Hébreux la crainte de la guerre. « Dans Juda et Israël tout homme demeura sans crainte, sous sa vigne et son figuier, depuis Dan jusqu’à Bersabée, pendant tout le règne de Salomon. » (La Bible : les Rois, III, iv, 25.)