L’INTERNATIONALE - Tome IV
Sixième partie
Appendice
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APPENDICE




Nouveaux détails sur le Congrès de Genève de 1866.


Grâce à l’obligeance de M. Camille Huysmans, à Bruxelles, j’ai pu obtenir communication, au moment où les dernières pages de ce volume allaient être mises sous presse, de quelques parties d’un compte-rendu du premier Congrès de l’Internationale à Genève (3-8 septembre 1866), qui fut inséré par les soins du Conseil général dans le Courrier international, journal publié à Londres en français par le citoyen Collet[1]. Ce compte-rendu donne une liste des délégués ; il contient aussi le texte du rapport du Conseil général sur les questions formant l’ordre du jour du Congrès, rapport qui fut lu en français par Eugène Dupont dans la séance du mardi matin (4 septembre), et en allemand par Eccarius dans la séance du mardi après midi.

On sait déjà, par les indications de la brochure Card, que le Congrès se composait de délégués de l’Internationale, et d’un certain nombre de délégués de sociétés ouvrières adhérentes, qui, tout en se faisant représenter au Congrès, « n’en continuaient pas moins d’exister sur les bases qui leur sont propres » (article 10 des statuts provisoires). Le chiffre total de ces deux catégories de délégués était de soixante : sur ce chiffre, la brochure genevoise et le compte-rendu du Courrier international sont d’accord ; mais, tandis que la brochure Card divise ce total en quarante-cinq délégués de l’Internationale et quinze délégués de « sociétés ouvrières », le compte-rendu du Courrier international compte quarante-six délégués de l’Internationale et quatorze délégués de onze « sociétés adhérentes »[2]. On va voir, par la liste nominative complète des délégués, que c’est le compte-rendu du Courrier international qui a raison sur ce point.

Cette liste nominative, je l’ai dressée en combinant les indications recueillies dans la brochure Card et dans le Mémoire français des délégués au Congrès de Genève avec celles de la liste du Courrier international.

La liste de ce journal présente trois omissions[3] et quelques erreurs ; en outre, les noms de plusieurs délégués y sont mal orthographiés ou même estropiés. Mais il m’a été possible de suppléer aux omissions par les renseignements que je possédais d’autre part, de corriger les erreurs, de rétablir l’orthographe des noms, et de reconstituer ainsi une liste compète et correcte des délégués. La voici :


DÉLÉGUÉS DE L’INTERNATIONALE :
Angleterre.

Délégués du Conseil général de Londres, 18, Bouverie Street, E. C. : George Odger, cordonnier ; Carter, parfumeur ; Jung, horloger ; Eccarius, tailleur ; Cremer, charpentier.

Délégué de la section française de Londres : Eugène Dupont, facteur d’instruments de musique. (Dupont était également membre du Conseil général.)

France.

Section de Paris, 44, rue des Gravilliers : Tolain, ciseleur ; Camélinat, monteur d’appareils à gaz ; Bourdon, graveur ; Perrachon, monteur en bronze d’art ; Murat, mécanicien ; Guyard, monteur en bronze pour meubles ; Chemalé, commis architecte ; Cultin, corroyeur ; Benoit Malon, journalier ; Varlin, relieur ; Fribourg, graveur décorateur.

Section de Lyon: Schettel, 1, rue de l’Hospice des Vieillards ; Honoré Richard ; Baudy ; Secrétan.

Section de Neuville-sur-Saône : Baudrand.

Section de Rouen : Aubry, lithographe, 12, rue de l’Amitié.

Suisse.

Section française de Genève : Dupleix, relieur, 4, rue de la Pélisserie ; J. Card (Czwierzakiewicz), journaliste.

Section allemande de Genève : Jean-Philippe Becker, 33, Pré l’Evèque ; Charles Heidt, agent de commerce.

Section de Lausanne : Cornaz.

Section allemande de Lausanne : Pierre Eggensweiler.

Section de Montreux : Bocquin, menuisier.

Section de Neuchâtel : Dagond, agent d’affaires ; Huguenin, employé du service civil.

Section de la Chaux-de-Fonds : Coullery, docteur en médecine, 8, rue de la Place-Neuve : Jules Vuilleumier, monteur de boîtes de montres ; Joseph Vanza, graveur ; Jean-Marie Fournier, fabricant de cadrans ; Otterstœtter, graveur.

Section allemande de la Chaux-de-Fonds : Philippe Peter.

Section du Locle, canton de Neuchâtel : James Guillaume, professeur.

Sections de Saint-Imier et de Sonvillier : Adhémar Schwitzguébel, graveur. Section de Bienne, canton de Berne : Pierre Mosimann, graveur.

Sections de Zürich et de Wetzikon : Karl Bürkly.

Section de Bâle : Frey, tisseur de rubans, Burgweg, 7.

Allemagne.

Section de Stultgart : Ludwig Müller, cordonnier.

Section de Magdabourg : Friedrich Bütter, Kirchgasse, n° 9.

Sections de Cologne et de Solingen : Friedrich Moll.


DÉLÉGUÉS DE SOCIÉTÉS ADHÉRENTES

Société des tailleurs de Londres : Lawrence, tailleur[4].

Société des ouvriers graveurs de Genève : Masson ; John Bonnet ; Henri Perret.

Société des ouvriers monteurs de boîtes de montres de Genève : Wismer ; Grass.

Société des ouvriers faiseurs de boîtes à musique de Genève : Louis Marcel.

Société des ouvriers menuisiers de Genève : Varinard.

Société des ouvriers charpentiers de Genève : W. Rau.

Société la Famille de Genève : Magnin.

Société l’Union, section de Genève : Guilmeaux.

Arbeiterbildungsverein de Genève : Heppenwœrth[5].

Arbeiterbildungsverein de Lausanne : Schlaifer, tailleur.

Arbeiterbildungsverein de Vevey : Meissner, ébéniste.


Total de la liste : 46 délégués de l’Internationale, et 14 délégués de sociétés adhérentes.


Le rapport du Conseil général sur les questions du « programme » avait été rédigé, en anglais, par Karl Marx (« C’est moi qui ai écrit le programme des délégués de Londres », dit-il au Dr Kugelmann dans une lettre du 9 octobre 1866) ; la traduction française en avait été faite par Eugène Dupont. Voici ce document :


« RAPPORT DU CONSEIL CENTRAL SUR LES DIFFÉRENTES QUESTIONS
MISES À L’ÉTUDE PAR LA CONFÉRENCE DE SEPTEMBRE 1865.
« 1. Organisation de l’Association.

« Le Conseil provisoire de Londres recommande le plan d’organisation comme il est tracé dans les statuts provisoires. L’expérience de deux ans a prouvé sa force et sa facilité d’adaptation aux circonstances particulières des différentes contrées, sans entraver toutefois l’unité d’action. Pour l’année prochaine, nous recommandons Londres comme le siège du Conseil central, la situation politique du continent rendant impossible tout changement.

« Les membres du Conseil central seront élus par le Congrès (article 5 des statuts provisoires), et auront cependant le droit de s’adjoindre de nouveaux membres.

« Le secrétaire général sera choisi par le Congrès pour un an, et sera le seul membre payé de l’Association. Nous proposons deux livres sterling (50 francs) par semaine pour son salaire.

« Le Comité permanent[6], formant en fait l’exécutif du Conseil central, sera choisi par le Congrès ; la fonction de chacun de ses membres sera déterminée par le Conseil central.

« Comme contribution annuelle et uniforme que doit payer chaque membre de l’Association à la caisse du Conseil central, nous recommandons un sou (peut être deux sous). Le prix des cartes ou livrets sera payé en sus.

« Quoique conseillant aux membres de l’Association de former des sociétés de secours mutuels et d’établir un lien international entre ces sociétés, nous laissons l’initiative de ces questions (« Établissement de sociétés de secours mutuels ; Appui moral et matériel accordé aux orphelins de l’Association ») aux Suisses, qui les ont proposées à la conférence de septembre.

« 2. Combinaison internationale des efforts, par le moyen de l’Association,
pour la lutte du travail contre le capital.

« a) D’un point de vue général, cette question embrasse toute l’activité de l’Association internationale, dont le but est de combiner, de généraliser et de donner de l’uniformité aux efforts, encore désunis, accomplis dans les différentes contrées pour l’émancipation de la classe ouvrière.

« b) Une des principales fonctions de l’Association, fonction remplie déjà avec grand succès dans différentes circonstances, est de contrecarrer les intrigues des capitalistes, toujours prêts, dans les cas de grèves ou de fermetures d’ouvriers (lock-out), à user des ouvriers étrangers comme instrument pour étouffer les justes plaintes des travailleurs indigènes. C’est un des grands buts de l’Association de développer chez les ouvriers des différents pays non seulement le sentiment, mais le fait de leur fraternité, et de les unir pour former l’armée de l’émancipation.

« c) Nous proposons à l’adoption du Congrès, comme une « grande combinaison d’efforts », une statistique des conditions des classes ouvrières de toutes les contrées faite par les ouvriers eux-mêmes. Évidemment, pour agir avec quelque chance de succès, on doit connaître les matériaux sur lesquels on veut agir. En même temps les travailleurs, en prenant l’initiative d’un si grand ouvrage, montreront qu’ils sont capables de tenir leurs destinées entre leurs mains. C’est pourquoi nous proposons :

« Que dans chaque localité où il existe des branches de notre Association, le travail doit être commencé immédiatement et les faits doivent être rassemblés sur les différents sujets spécifiés dans le sommaire ci-joint ;

« Que le Congrès appelle tous les ouvriers de l’Europe et de l’Amérique à collaborer, en ramassant les éléments de cette statistique sur la classe ouvrière ;

« Que les rapports et les faits soient envoyés au Conseil central ;

« Que le Conseil central les condense en un rapport, et le fasse suivre d’un appendice contenant les faits ;

« Que ce rapport et cet appendice soient prêts pour le prochain Congrès, et qu’après en avoir reçu la sanction ils soient publiés aux frais de l’Association.


« Sommaire général de l’enquête :
« (Il peut être étendu suivant les besoins de chaque localité).

« 1. Industrie, son nom.

« 2. Âge et sexe des ouvriers.

« 3. Nombre des employés.

« 4. Salaires : a) apprentis ; b) salaires à la journée ou aux pièces. Taux des paiements par les sous-entrepreneurs. Salaire moyen pour la semaine et l’année, etc.

« 5. a) Heures de travail dans les manufactures ; b) Heures de travail chez les petits patrons et dans le travail domestique ; c) Travail de jour et de nuit.

« 6. Heures de repas et traitement.

« 7. Description de l’atelier et du travail. Encombrement et ventilation insuffisante. Privation de lumière. Emploi du gaz. Conditions de propreté, etc.

« 8. Nature de l’occupation.

« 9. Effets du travail sur l’état sanitaire.

« 10. Condition morale. Éducation.

« 11. Description de l’industrie. Si l’industrie change avec les saisons ou si elle se distribue avec plus ou moins d’uniformité pendant toute l’année. S’il y a de grandes fluctuations de prospérité et de stagnation ; si elle est exposée à la concurrence étrangère. Si elle produit généralement pour le marché intérieur ou pour le marché étranger, etc.


« 3. Réduction des heures de travail.

« Nous considérons la réduction des heures de travail comme la condition préliminaire sans laquelle toutes les tentatives ultérieures d’amélioration et d’émancipation avorteront. Il faut rétablir l’énergie et la santé des classes laborieuses, qui forment le véritable corps de la nation. Il n’est pas moins nécessaire de leur fournir la possibilité du développement intellectuel, des relations sociales et de l’activité politique et sociale.

« Nous proposons huit heures de travail comme limite légale du jour de travail. Cette limite étant généralement demandée par les ouvriers des États-Unis d’Amérique, le vote du Congrès en fera l’étendard commun de toutes les réclamations des classes ouvrières de l’univers.

« Pour l’instruction des membres continentaux, dont l’expérience sur les lois régissant les fabriques est d’une date plus récente que celle des ouvriers anglais, nous ajoutons que toute loi pour la limitation de la journée de travail avortera et sera brisée par les capitalistes si la période de jour pendant laquelle les huit heures de travail doivent être prises n’est pas déterminée. La longueur de cette période doit être portée à huit heures avec l’addition des heures de repas. Par exemple, si les différentes interruptions pour les repas s’élèvent à une heure, la période légale du jour doit être limitée à neuf heures : de sept heures du matin à quatre heures du soir, ou de huit heures du matin à cinq heures du soir, etc.

« Le travail de nuit doit être exceptionnellement permis dans certaines industries spécifiées par la loi. La loi doit tendre à supprimer tout travail de nuit.

« Cette limitation des heures de travail regarde seulement les adultes des deux sexes. Les femmes cependant doivent être rigoureusement exclues de n’importe quel travail de nuit, et de toute sorte de travail où la pudeur serait blessée et où leurs corps seraient exposés à des poisons ou à d’autres agents délétères.


« 4. Travail des adolescents[7] et des enfants des deux sexes.

« Nous proposons de considérer comme adulte toute personne ayant atteint l’âge de dix-huit ans.

« Nous considérons la tendance de l’industrie moderne à faire coopérer les enfants et les adolescents[8] des deux sexes dans le grand mouvement de la production sociale comme un progrès et une tendance légitime, quoique la manière dans laquelle cette tendance est réalisée sous le joug du capital soit une abomination. Dans une société rationnelle, n’importe quel enfant, dès l’âge de neuf ans, doit être un travailleur productif, de même qu’un adulte ne peut s’exempter de la loi générale de la nature : Qui ne travaille pas ne mange pas. Et en disant travail, nous voulons parler surtout du travail manuel. Néanmoins, à l’heure présente, nous n’avons à nous occuper que des enfants et des jeunes gens de classes ouvrières.

« À cause de raisons physiologiques, nous jugeons convenable de diviser les enfants et les jeunes personnes des deux sexes en trois classes, qui doivent être traitées différemment.

« La première classe comprend les enfants de neuf à douze ans, la seconde ceux de douze à quinze ans, ni la troisième les adolescents de quinze à dix-huit ans. Nous proposons que l’emploi de la première classe dans tout travail, soit dans les fabriques ou dans les maisons particulières, soit légalement restreint à deux heures, celui de la seconde à quatre heures, et celui de la troisième à six. Pour la troisième classe, il doit y avoir une interruption d’une heure au moins pour le repas et la récréation.

« Il serait désirable que les écoles élémentaires commençassent l’instruction des enfants avant l’âge de neuf ans ; mais pour le moment nous n’avons qu’à songer aux mesures absolument réclamées pour contre-carrer les tendances d’un système social qui dégrade l’ouvrier au point de le rendre un simple instrument pour l’accumulation du capital, et qui transforme les parents en des marchands d’esclaves en leur faisant vendre leurs propres enfants. Le devoir de la société est d’agir en faveur des enfants, et de revendiquer leurs droits puisqu’ils ne peuvent le faire eux-mêmes[9].

« Si la bourgeoisie et l’aristocratie négligent leurs devoirs envers leurs descendants, c’est leur affaire ; jouissant du privilège de ces classes, les enfants sont condamnés à en subir les conséquences.

« Le cas de la classe ouvrière est tout différent. Chaque ouvrier (pris individuellement) ne peut éviter les abominations qui lui sont imposées par ses pressants besoins. Il est trop souvent trop ignorant pour comprendre le véritable intérêt de son enfant ou les conditions normales du développement humain. Cependant la partie la plus éclairée de la classe ouvrière comprend pleinement que l’avenir de sa classe, et par conséquent de l’espèce humaine, dépend de la formation de la génération ouvrière qui grandit. Elle comprend que surtout les enfants et les adolescents doivent être préservés des effets destructeurs du système présent. Ceci peut seulement être accompli par la transformation de la raison sociale en force sociale[10], et, dans les circonstances présentes, nous ne pouvons faire ceci que par des lois générales mises en vigueur par le pouvoir de l’État. En créant de telles lois, les classes ouvrières ne fortifieront pas le pouvoir gouvernemental : de même qu’il y a des lois pour défendre les privilèges de la propriété, pourquoi n’en existerait-il pas pour en empêcher les abus ? Au contraire, ces lois transformeraient le pouvoir dirigé contre elles[11] en leur propre agent. Le prolétariat fera alors par une mesure générale ce qu’il essaierait en vain d’accomplir par une multitude d’efforts individuels.

« Partant de ces points établis, nous disons :

« La société ne peut permettre ni aux parents, ni aux patrons, d’employer pour le travail les enfants et les adolescents, à moins de combiner ce travail productif avec l’éducation. Par éducation, nous entendons trois choses :

« 1° Éducation mentale ;

« 2° Éducation corporelle, telle qu’elle est produite par les exercices gymnastiques et militaires ;

« 3° Éducation technologique, embrassant les principes généraux et scientifiques de tout mode de production, et en même temps initiant les enfants elles adolescents au maniement des instruments élémentaires de toute industrie.

« À la division des enfants et des adolescents en trois classes, de neuf à dix-huit ans, doit correspondre une marche graduée et progressive pour leur éducation mentale, gymnastique et technologique.

« En exceptant peut-être la première classe [de neuf à douze ans], les dépenses de ces écoles polytechniques doivent être en partie couvertes par la vente de leurs produits.

« Cette combinaison du travail productif payé avec l’éducation mentale, les exercices corporels et l’apprentissage technologique, élèvera la classe ouvrière bien au-dessus du niveau des classes bourgeoises et aristocratiques.

« Il est sous-entendu que l’emploi de tout enfant ou adolescent de neuf à dix-huit ans dans tout travail de nuit ou dans toute industrie dont les effets sont nuisibles à la santé doit être sévèrement interdit par la loi.


« 5. Travail coopératif.

« L’œuvre de l’Association internationale est de combiner, de généraliser et de donner de l’uniformité aux mouvements spontanés de la classe ouvrière, non de les diriger ou de leur imposer n’importe quel système doctrinaire. Par conséquent, le Congrès ne doit pas proclamer un système spécial de coopération, mais doit se limiter à l’énonciation de quelques principes généraux.

« a) Nous reconnaissons le mouvement coopératif comme une des forces transformatrices de la société présente, basée sur l’antagonisme des classes. Leur[12] grand mérite est de montrer pratiquement que le système actuel de subordination du travail au capital, despotique et paupérisateur, peut être supplanté par le système républicain de l’association de producteurs libres et égaux.

« b) Mais le mouvement coopératif limité aux forces microscopiques de développement que peuvent produire par leurs combinaisons des esclaves individuels salariés, est impuissant à transformer par lui-même la société capitaliste. Pour convertir la production sociale en un large et harmonieux système de travail coopératif, des changements sociaux généraux sont indispensables[13]. Les changements des conditions générales de la société ne seront jamais réalisés sans l’emploi des forces organisées de la société. Donc le pouvoir gouvernemental, arraché des mains des capitalistes et des propriétaires fonciers, doit être manié par la classe ouvrière elle-même.

« c) Nous recommandons aux ouvriers d’encourager la coopération de production plutôt que la coopération de consommation, celle-ci touchant seulement la surface du système économique actuel, l’autre l’attaquant dans sa base.

« d) Nous recommandons à toutes les sociétés coopératives de consacrer une partie de leurs fonds à la propagande de leurs principes, de prendre l’initiative de nouvelles sociétés coopératives de production et de faire cette propagande aussi bien par la parole que par la presse.

« e) Dans le but d’empêcher les sociétés coopératives de dégénérer dans les sociétés ordinaires bourgeoises (sociétés de commandite), tout ouvrier employé doit recevoir le même salaire, associé ou non. Comme compromis purement temporaire, nous consentons à admettre un bénéfice très minime aux sociétaires.


« 6. Sociétés ouvrières (Trades’Unions), leur passé, leur présent, leur avenir.

« a) Leur passé.

« Le capital est la force sociale concentrée, tandis que l’ouvrier ne dispose que de sa force productive individuelle. Donc le contrat entre le capital et le travail ne peut jamais être établi sur des bases équitables, même en donnant au mot « équitable » le sens que lui attribue une société plaçant les conditions matérielles d’un côté et l’énergie vitale de l’autre. Le seul pouvoir social que possèdent les ouvriers, c’est leur nombre. La force du nombre est annulée par la désunion. La désunion des ouvriers est engendrée et perpétuée par la concurrence inévitable faite entre eux-mêmes. Les Trades’Unions (association de métiers) originairement sont nées des essais spontanés des ouvriers luttant contre les ordres despotiques du capital, pour empêcher ou du moins atténuer les effets de cette concurrence faite par les ouvriers entre eux. Ils voulaient changer les termes du contrat de telle sorte qu’ils pussent au moins s’élever au-dessus de la condition de simples esclaves. L’objet immédiat des Trades’Unions est toutefois limité aux nécessités des luttes journalières du travail et du capital, à des expédients contre l’usurpation incessante du capital, en un mot aux questions de salaire et d’heures de travail[14]. On ne peut y renoncer tant que le système actuel dure ; au contraire, les Trades’Unions doivent généraliser leur action en se combinant.

« D’un autre côté, les Trades’Unions ont formé à leur insu des centres organisateurs de la classe ouvrière, de même que les communes et les municipalités du moyen-âge en avaient constitué pour la classe bourgeoise. Si les Trades’Unions, dans leur première capacité, sont indispensables dans la guerre d’escarmouches du travail et du capital, elles sont encore plus importantes dans leur dernière capacité, comme organes de transformation du système du travail salarié et de la dictature capitaliste.

« b) Leur présent.

« Les Trades’Unions s’occupent trop exclusivement des luttes immédiates. Elles n’ont pas assez compris leur pouvoir d’action contre le système capitaliste lui-même. Néanmoins, dans ces derniers temps, elles ont commencé à s’apercevoir de leur grande mission historique. Exemple, la résolution suivante, récemment adoptée par la grande conférence des différents délégués des Trades’Unions tenue à Sheffield :

« Cette conférence, appréciant à leur juste valeur les efforts faits par l’Association internationale des travailleurs pour unir dans un lien fraternel les

ouvriers de tous les pays, recommande très sérieusement à toutes les sociétés représentées de s’affilier à cette Association, dans la conviction que l’Association internationale forme un élément nécessaire pour le progrès et la prospérité de toute la communauté ouvrière ».

« c) Leur avenir.

« À part leur œuvre immédiate de réaction contre les manœuvres tracassières du capital, elles doivent maintenant agir consciemment comme foyers organisateurs de la classe ouvrière dans le grand but de son émancipation radicale. Elles doivent aider tout mouvement social et politique tendant dans cette direction. En se considérant et agissant comme les champions et les représentants de toute la classe ouvrière, elles réussiront à englober dans leur sein les non-society men (hommes ne faisant pas partie des sociétés) ; en s’occupant des industries les plus misérablement rétribuées, comme l’industrie agricole, où des circonstances exceptionnellement défavorables ont empêché toute résistance organisée, elles feront naître la conviction dans les grandes masses ouvrières qu’au lieu d’être circonscrites dans des limites étroites et égoïstes, leur but tend à l’émancipation des millions de prolétaires foulés aux pieds.


« 7. Impôts directs et indirects.

« a) Aucune modification de la forme de perception des impôts ne saurait produire un changement important dans les relations du capital et du travail.

« b) Néanmoins, ayant à choisir entre deux systèmes d’impôts, nous recommandons l’abolition totale des impôts indirects et leur remplacement complet par les impôts directs : parce que la perception des impôts directs est à meilleur marché et n’intervient pas dans la production ; parce que les impôts indirects font hausser le prix des marchandises, les commerçants les chargeant non seulement du montant de ces impôts, mais encore de l’intérêt et du profit du capital avancé dans le paiement ; parce que la méthode des impôts indirects trompe le contribuable sur ce qu’il paie à l’État, tandis que les impôts directs n’admettent pas de déguisements. C’est pourquoi les impôts directs tiennent éveillé le contrôle du gouvernement par chaque membre de l’État, tandis que les impôts indirects tuent la tendance au self government.


« 8. Crédit international.

« Laissé à l’initiative des Français, qui ont proposé cette question à la conférence de septembre [1865].


« 9. De la nécessité d’anéantir l’influence russe en Europe par l’application du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, et de reconstruire une Pologne sur des bases démocratiques et sociales.

« a) Pourquoi les ouvriers d’Europe prennent-ils à cœur cette question ? En premier lieu, parce qu’il y a conspiration du silence de la part des écrivains et des agitateurs bourgeois, quoiqu’ils patronisent toutes sortes de nationalités, même l’Irlande, sur le continent.

« D’où vient ce silence ? Parce que, ensemble, bourgeois et aristocrates comptent sur ce sinistre pouvoir asiatique placé dans l’arrière-scène, qui doit faire son apparition lorsque la marée montante de la classe ouvrière débordera. Ce pouvoir ne peut être renversé réellement que par la reconstruction d’une Pologne sur des bases démocratiques.

« b) Avec les changements récents de l’Europe centrale, et spécialement de l’Allemagne[15], une Pologne démocratique et indépendante est plus que jamais nécessaire, car de son existence dépendra le sort de l’Allemagne, devenant soit l’avant-garde de la Sainte-Alliance, soit la coopératrice de la France républicaine. Le mouvement ouvrier sera continuellement interrompu, entravé et retardé jusqu’à ce que cette grande question soit résolue.

« c) Il est spécialement du devoir des classes ouvrières allemandes de prendre l’initiative de cette question, l’Allemagne ayant été participatrice du démembrement de la Pologne.


« 10. Armées permanentes ; leur rapport avec la production.

« a) L’influence délétère des grandes armées permanentes sur la production a été suffisamment dénoncée par les congrès bourgeois de toute couleur et de toute dénomination (congrès de paix, congrès des économistes, congrès de statistique, congrès philanthropiques, congrès sociologiques).

« Nous pensons pour cela qu’il est tout à fait superflu de s’étendre sur ce point.

« b) Nous proposons l’armement universel du peuple et son instruction complète dans le maniement des armes.

« c) Comme nécessité transitoire, nous acceptons de petites armées permanentes, pour servir d’école aux officiers de la milice, chaque citoyen étant obligé de passer un temps très court dans cette armée.


« 11. Des idées religieuses ; leur influence sur le mouvement social, politique et intellectuel.

« Laissé à l’initiative des Français, qui ont proposé cette question à la conférence de Londres. »


J’ajoute encore les indications suivantes, puisées dans le compte-rendu du Courrier international :

La commission chargée d’élaborer les statuts de l’Internationale, commission nommée dans la séance du mardi après midi (4 septembre), ne fut composée ni de treize membres, comme le dit la brochure Card, ni de douze comme le dit le compte-rendu du Commonwealth. Le Congrès décida que « chaque nationalité serait représentée par un nombre de membres proportionné au nombre des membres de la délégation ». Et voici quels furent les membres choisis, au nombre de quatorze :

« Allemands, 4 : Bürkly[16], Heppenwœrth, Becker, Schlaifer ;

« Anglais. 3 : Eccarius, Carter, Dupont[17] ;

« Français, 5 : Varlin, Fribourg, Schettel, Tolain, Aubry ;

« Suisses, 2 : Dupleix[18], Coullery. »

La commission comprenait en réalité, comme le font voir les notes placées au bas de la présente page, sept Français, quatre Allemands, deux Suisses, et un Anglais.

Le travail de la commission ne put être achevé pour le lendemain matin. À l’ouverture de la séance du mercredi, à neuf heures, comme les quatorze membres de la commission étaient retenus dans leur local particulier pour y terminer leur besogne, Cremer (Londres) « fit remarquer qu’on ne pouvait discuter avec fruit sans la présence de tous les délégués » ; en conséquence, le Congrès, qui s’apprêtait à aborder la question : « Combinaison internationale des efforts pour la lutte du travail contre le capital », décida d’ajourner le débat, et leva la séance. C’est là la véritable signification de cette phrase de la brochure Card : « La séance de l’avant-midi du mercredi fut sacrifiée à la discussion des statuts ». Ce fut seulement dans la séance de l’après-midi, ouverte à deux heures, que la commission présenta son rapport, par l’organe de Coullery. Les statuts furent adoptés après une discussion qui dura jusqu’au soir.


C’est dans la séance du jeudi matin, et non dans celle du mercredi après midi, qu’une commission fut nommée pour rédiger un projet de règlement ; cette commission fut composée de cinq membres et non de quatre. « Les citoyens Dupont (Londres) et Carter (Londres) — dit le compte-rendu du Courrier international — proposent de nommer une commission de cinq membres pour rédiger les règlements spéciaux de l’Association. Cette proposition est acceptée. Sont nommés les citoyens Eccarius, Fribourg, Bürkly, Coullery et Schettel. »


La résolution votée comme l’expression des idées du Congrès sur la question de la lutte entre le travail et le capital (t. Ier, p. 9) fut présentée par le Polonais Card et le Français Tolain.


J’ai dit (t. Ier, p. 26) que « on chercherait en vain, dans les trente pages du compte-rendu du Congrès de Genève, le nom de Karl Marx ». La brochure Card ne le mentionne pas, en effet ; mais il se trouve dans le compte-rendu du Courrier international ; il a été prononcé à plusieurs reprises dans la dernière séance du Congrès, le samedi après midi, à l’occasion du débat intéressant qui eut lieu sur l’article 11 du règlement. Voici le passage du Courrier international relatif à la discussion soulevée par cet article :

« L’article 11, ainsi conçu : « Chaque membre de l’Association a le droit de participer au vote et d’être élu [comme délégué au Congrès] » devient le sujet de la discussion suivante :

« Le citoyen Tolain (Paris). S’il est indifférent d’admettre, comme membres de l’Association internationale, des citoyens de toute classe, travailleurs ou non, il ne doit pas en être de même lorsqu’il s’agit de choisir un délégué. En présence de l’organisation sociale actuelle, dans laquelle la classe ouvrière actuelle soutient une lutte sans trêve ni merci contre la classe bourgeoise, il est utile, indispensable même, que tous les hommes qui sont chargés de représenter des groupes ouvriers soient des travailleurs.

« Le citoyen Perrachon (Paris) parle dans le même sens, et va plus loin, car il croit que ce serait vouloir la perte de l’Association que d’admettre comme délégué un citoyen qui ne serait pas ouvrier.

« Le citoyen Vuilleumier (Suisse). En éliminant quelqu’un de notre Association, nous nous mettrions en contradiction avec nos statuts généraux, qui admettent dans son sein tout individu sans distinction de race, ni de couleur ; et par le seul fait de son admission il est appelé à prétendre à l’honneur d’être délégué.

« Le citoyen Cremer (Londres) s’étonne de voir cette question revenir à nouveau à la discussion[19] ; il n’en comprend pas la nécessité, car, dit-il, parmi les membres du Conseil central se trouvent plusieurs citoyens qui n’exercent pas de métier manuel et qui n’ont donné aucun motif de suspicion ; loin de là, il est probable que sans leur dévouement l’Association n’aurait pu s’implanter en Angleterre d’une façon aussi complète. Parmi ces membres je vous en citerai un seul, le citoyen Marx, qui a consacré sa vie au triomphe de la classe ouvrière.

« Le citoyen Carter (Londres). On vient de vous parler du citoyen Karl Marx. Il a parfaitement compris l’importance de ce premier congrès où seulement devraient se trouver des délégués ouvriers, aussi a-t-il refusé la délégation qu’on lui offrait dans le Conseil central. Mais ce n’est point une raison pour l’empêcher, lui ou tout autre, de venir au milieu de nous ; au contraire, des hommes se dévouant entièrement à la cause prolétaire sont trop rares pour les écarter de notre route. La bourgeoisie n’a triomphé que du jour où, riche et puissante par le nombre, elle s’est alliée à la science ; et c’est la prétendue science économique bourgeoise qui, en lui donnant du prestige, maintient encore son pouvoir. Que les hommes qui se sont occupés de la question économique, et qui ont reconnu la justice de notre cause, et la nécessité d’une réforme sociale, viennent aux congrès ouvriers battre en brèche la science économique bourgeoise.

« Le citoyen Tolain (Paris). Comme ouvrier, je remercie le citoyen Marx de n’avoir pas accepté la délégation qu’on lui offrait. En faisant cela, le citoyen Marx a montré que les congrès ouvriers devaient être seulement composés d’ouvriers manuels. Si nous admettons ici des hommes appartenant à d’autres classes, on ne manquera pas de dire que le congrès ne représente pas les aspirations des classes ouvrières, qu’il n’est pas fait par des travailleurs, et je crois qu’il est utile de montrer au monde que nous sommes assez avancés pour pouvoir agir par nous-mêmes.

« L’amendement du citoyen Tolain voulant la qualité d’ouvrier manuel pour recevoir le titre de délégué est mis aux voix et est rejeté : vingt pour et vingt-cinq contre.

« L’article 11 est mis aux voix et adopté à la majorité, dix votant contre. »






  1. Voir t. Ier, p. 7, note 2. — Les parties de ce compte-rendu qui m’ont été communiquées — les seules que M. Camille Huysmans ait en sa possession — sont celles que contiennent les numéros des 9, 10, 23 et 30 mars 1867, allant jusqu’à la séance du 6 septembre après midi, et les numéros des 20 et 27 avril 1867, donnant la fin de la séance du 8 septembre après midi, et, en appendice, le règlement de l’Association. Il manque : la fin de la séance du 6 septembre après midi, les deux séances du 7 septembre, la séance du 8 septembre au matin, et le commencement de la séance du 8 septembre après midi. On trouve, en outre, dans le numéro du 22 juin 1867 la lettre — qui m’a été également communiquée — adressée de Milan au Congrès, à la date du 2 septembre, par Gaspard Stampa, membre du Conseil central des Sociétés ouvrières d’Italie, lettre lue dans la séance du mercredi après midi 5 septembre (et que la brochure Card désigne comme une lettre du « Comité central des Sociétés ouvrières de la Lombardie »).
  2. Cette différence vient de ce que Card comptait seulement « cinq délégués du Conseil central et de la section française de Londres », tandis qu’il fallait compter cinq délégués du Conseil général et un délégué de la Section française de Londres (Dupont, membre aussi du Conseil général), soit, ensemble, six délégués. Ne trouvant, par suite, que quarante-cinq délégués de l’Internationale, Card a dû, pour conserver le chiffre total de soixante, qui est exact, supposer à tort qu’il y avait quinze délégués de sociétés ouvrières adhérentes, tandis qu’il n’y en avait que quatorze. Voici le texte de la brochure Card : « Le nombre total des délégués était de 60 : 45 délégués représentant 25 sections de l’Association internationale, savoir : 5 du Conseil central et de la section française de Londres, 17 représentant 4 sections françaises, 3 représentant 4 sections allemandes, 20 représentant 15 sections de la Suisse ; et 15 délégués de 13 sociétés ouvrières : 2 représentant 2 sociétés ouvrières de Londres, 13 représentant 11 sociétés ouvrières de Genève et de la Suisse ». Pour trouver 25 sections de l’Internationale représentées, il faut compter le Conseil général de Londres comme une section. Quant à ce qui concerne les « deux sociétés ouvrières de Londres » (il n’y en avait en réalité qu’une seule), voir plus loin la note 1 de la p. 328.
  3. Elle omet les noms de trois des quatre délégués de Lyon ; Honoré Richard (le père d’Albert Richard), Baudy, et Secrétan ; ces noms, que j’avais déjà donnés antérieurement (t. Ier, p. 8), m’ont été fournis par les signatures du Mémoire français. On sait, par la brochure Card, qu’il y avait au Congrès dix-sept délégués français représentant quatre sections de France. Le nom d’une de ces sections me manquait, ainsi que celui de son délégué ; le Courrier international m’a permis de combler cette lacune : il s’agit de la section de Neuville-sur-Saône ; le délégué de cette section s’appelait Baudrand.
  4. La brochure Card prétend que deux sociétés ouvrières de Londres étaient représentées au Congrès. Il est probable que Card a été induit en erreur par la supputation suivante : Il avait compté seulement cinq délégués de l’Internationale venus de Londres ; et, d’autre part, il avait dû constater la présence effective de Dupont, Eccarius, Jung, Odger, Carter, et Cremer, plus le tailleur Lawrence, soit sept Londoniens en tout. Comme, selon son calcul erroné, cinq seulement de ces sept délégués étaient des membres de l’Internationale (voir la note 2 de la p. 326), il a été amené à conclure que les deux autres étaient des représentants de « deux sociétés ouvrières de Londres », tandis qu’il n’y avait qu’une seule société ouvrière représentée, celle qui avait délégué Lawrence. Les sept Londoniens se divisaient en réalité ainsi : six délégués de l’Internationale (dont cinq délégués par le Conseil général, et un délégué par la section française de Londres, mais membre en même temps du Conseil général), et un délégué de la société des tailleurs.
  5. Jaeckh (Die Internationale, p. 36), qui orthographie ce nom Hoppenworth, a pris cet Allemand pour un Anglais.
  6. C’est ce que le texte français des statuts provisoires appelle « le bureau », et le texte anglais the officers necessary for the transaction of business.
  7. La traduction de Dupont porte ici, et plus loin : « jeunes personnes ». Une « jeune personne » signifiant, en français, une « jeune fille » ou une « jeune femme », j’ai remplacé l’expression incorrecte de Dupont par celle d’ « adolescent », puisqu’il s’agit des deux sexes.
  8. Voir note précédente.
  9. J’ai modifié ici une construction incorrecte, en fondant en une seule phrase deux phrases du traducteur, ainsi conçues : « Les droits des enfants doivent être revendiqués puisqu’ils ne peuvent le faire eux-mêmes. C’est pourquoi le devoir de la société est d’agir en leur faveur. »
  10. Le texte allemand, donné par Jaeckh (p. 37), dit : durch Verwandlung sozialer Vernunft in polititsche Gewalt ; au lieu de « force sociale », il parle de « force politique ».
  11. C’est-à-dire contre les classes ouvrières.
  12. Il faut peut-être lire « son », au lieu de « leur ».
  13. Texte allemand (dans Jaeckh, p. 38) : Allein um die soziale Produktion in grossen Dimensionen in ein System, der kooperativen Arbeit zu verwandeln, dazu sind die zwerghaften Formen der Entwicklung numerisch schwacher und isolirter Lohnarbeiterkreise ungenügend, dazu bedarf es allgemeiner gesellschaftlicher Veründerungen, die nur durch die organisirten Gewalten der Gesellschaft verwirklicht werden können.
  14. Le texte allemand (Jaeckh) intercale ici une phrase que Dupont n’a pas traduite, ne l’ayant peut-être pas comprise : Diese Thätigkeit ist nicht rechtmüssig, sic ist nothwendig. Je ne connais pas le texte anglais.
  15. On sait que l’Autriche venait d’être vaincue par la Prusse à Sadowa (3 juillet 1866).
  16. Bürkly était Suisse (Zuricois), et non Allemand.
  17. De ces trois « Anglais », il n’y avait que Carter qui fut de nationalité britannique : Eccarius était Allemand, Dupont était Français.
  18. Dupleix était un Français réfugié à Genève.
  19. Il y avait eu le mercredi après midi, à propos de l’art 8 des statuts, un débat sur la question de savoir si les ouvriers seuls pourraient devenir membres de l’Internationale ; et, comme on le sait, il avait abouti à l’adoption de l’article disant : « Quiconque adopte et défend les principes de l’Association peut en être reçu membre ».