Kama Soutra (trad. Lamairesse)/Titre IV/Chapitre 2

Kama Soutra, règles de l’amour de Vatsyayana.
Traduction par Pierre-Eugène Lamairesse.
(p. 72-76).

CHAPITRE II

Positions et attitudes diverses dans l’acte sexuel qui permettent la fécondation.


Dans l’union supérieure, la femme doit se placer de manière à ouvrir l’yoni.

Dans l’union égale, elle se couche sur le dos dans la position naturelle et laisse l’homme lui faire un collier de ses bras.

Dans l’union inférieure, elle se pose de façon à rétrécir l’yoni ; il est bon aussi qu’elle prenne des médicaments propres à hâter le moment où sa passion est satisfaite.

Pour la femme Gazelle, N° 1, couchée, il est trois positions :

Pleinement ouverte. — Elle tient sa tête très basse, de manière à élever le milieu du corps. L’homme doit alors appliquer sur son linga ou sur l’yoni de la salive ou quelque onguent lubrifiant pour faciliter l’introduction.

Baillante. — La femme lève les cuisses et les écarte.

Celle de l’épouse d’Indra. — Elle croise ses pieds sur ses cuisses, ce qui exige une certaine habitude. Cette position est très utile pour l’union très supérieure (N° 4 étalon, avec N°1 gazelle).

Pour les unions inférieures et très inférieures, on a :

1° La position bouclant : l’homme et la femme étant couchés, ont leurs jambes étendues et appliquées directement, celles de l’un sur celles de l’autre.

La position peut être horizontale, de côté ; dans cette dernière position, l’homme doit se tenir sur le côté gauche.

Cette règle doit être suivie toutes les fois que l’on est couché et quelque soit le numéro typique de la femme.

Position de pression. — Après que la connexion s’est faite dans la position bouclant, la femme serre son amant avec ses cuisses.

Position entrelacée. — La femme croise, avec l’une de ses cuisses, la cuisse de l’homme.

Position dite de la cavale. — La femme serre, comme dans un étau, le linga engagé dans son yoni. Cela s’apprend seulement par la pratique et se fait, principalement, par les femmes du pays d’Andra.

Souvarnanabha donne en outre :

La position montante. — Dans laquelle la femme lève ses jambes toutes droites.

La position baillante. — La femme place ses deux jambes sur les épaules de l’homme.

La position serrée. — L’homme serre contre lui les deux pieds croisés et relevés de la femme ; si un pied seulement est levé, la position est demi-serrée. La femme met un pied sur l’épaule de l’homme et étend l’autre jambe de côté ; puis elle prend une position semblable du côté opposé, et continue ainsi alternativement.

L’enfoncement du clou. — Une des jambes de la femme est sur la tête de l’homme et l’autre est étendue de côté.

La position du crabe. — Les deux pieds de la femme sont tirés et placés sur son estomac.

Le paquet. — La femme lève et croise ses cuisses.

La forme du lotus. — Dans cette position, la femme croise ses jambes l’une sur l’autre, en tenant les cuisses écartées. Cette position est celle indiquée plus haut sous le nom de l’épouse d’Indra.

La position tournante. — L’homme, pendant la connexion, tourne autour de la femme sans se détacher d’elle, ni interrompre l’acte, tandis que la femme tient son corps embrassé ; cela s’apprend seulement en s’y exerçant.

Il est facile et il convient, dit Souvernanabha, de s’unir de toutes les manières possibles étant dans le bain ; mais Vatsyayana condamne toute connexion dans l’eau, comme contraire à la loi religieuse.

Quand la femme se tient sur ses mains et ses pieds comme un quadrupède, et que son amant la monte comme un taureau, cela s’appelle l’union de la vache. Dans cette position, on peut faire sur le dos toutes mignardises qui se font ordinairement sur le devant du corps. L’homme peut aussi saisir avec sa main droite les seins et avec la main gauche titiller le clitoris, tandis qu’il meut son linga dans le vagin, ce qui double la volupté de la femme ainsi caressée et peut hâter son spasme de manière à le faire coïncider avec celui de l’homme.

C’est la position où la matrice est la mieux située pour la conception, car alors son fond est plus bas que son orifice. C’est la plus naturelle et la moins voluptueuse, car le clitoris n’est point touché, à moins qu’on n’y porte la main.

APPENDICE AU CHAPITRE II

Note 1.Ovide, Art d’aimer. Livre III.

Ovide ne voit dans les attitudes diverses qu’un moyen de coquetterie pour les belles.

Que les femmes, dit-il, apprennent à se connaître pour s’offrir avec tous les avantages aux combats de l’amour.

Si vous brillez par la beauté de vos traits, couchez-vous sur le dos ; si vous avez une croupe élégante, présentez en aux yeux toutes les richesses. Si vos jambes sont bien faites, placez les sur les épaules de votre amant, comme Mélanion posait sur ses épaules les jambes d’Atalante. Si vous êtes de petite taille, que votre amant remplisse le rôle de coursier. Celle dont la taille a des inflexions voluptueuses appuiera ses genoux sur le lit, en inclinant légèrement la tête. Celle dont les cuisses ont la ferme beauté de la jeunesse, dont les seins ont une courbure gracieuse, se couchera obliquement sur le lit de manière que son amant, debout près d’elle, la voie dans cette position charmante.

Celle dont les flancs portent les traces des travaux de Lucine combattra comme le Parthe, le dos tourné.

Vénus, la mère des amours, en sait varier les jeux de mille manières ; mais la position la plus simple et la moins fatigante, est de s’étendre sur le côté droit.

Déjazet avait l’habitude de dormir sur le dos, parce que, disait-elle, « arrive qui plante ! »

Note 2. — Théologiens.

Le P. Gury, art. 997. — Les fins qui rendent honnête l’acte conjugal sont :

1o  La génération qui est l’une des principales ;

2o  Le moyen de satisfaire les obligations entre époux ;

3o  Le moyen de prévenir l’incontinence chez les époux ;

4o  Le désir d’animer ou de faire naître un amour honnête, de montrer ou provoquer l’affection conjugale.

(On peut remarquer que les deux dernières fins légitiment tous les plaisirs naturels entre époux, même stériles par le fait de leur conformation naturelle).

Art. 911.— La position tout à fait licite est celle que la nature elle-même enseigne ; c’est-à-dire, la femme couchée dessous et l’homme dessus (faire la bête à deux dos, comme dit Rabelais).

Aucune position, quoique contre nature, n’est, en principe, gravement défendue, pourvu que l’acte conjugal puisse être accompli, parce qu’il n’y a pas d’obstacle à la génération.

Toute position contre nature, prise pour un motif légitime, est exempte de faute ; car, parfois, ces positions sont plus commodes ou seules possibles ; et toute commodité ou nécessité peut rendre légitime cette dérogation, légère en elle-même, à l’ordre naturel.

Art. 912. — Cela peut arriver pour différentes causes, même celle de la froideur, lorsqu’on est plus excité dans cette position.

Si l’homme, dit Sanchez, ne peut être amené à connaître sa femme hormis dans une certaine position, qui doutera que la femme est tenue de la prendre ?

La position, quelle qu’elle soit, n’est condamnée en aucune façon, si elle est la seule possible.

C’est aussi l’opinion de saint Thomas et de plusieurs autres grands théologiens, notamment en ce qui concerne la position a retro.

Note 3. — Les hommes de l’art.

Docteur Debay, Hygiène de l’homme et de la femme.

Toutes attitudes favorables à la fécondation sont permises, toutes celles qui y mettent obstacle doivent être proscrites. Ainsi les attitudes assises, indolentes, paresseuses éludent souvent le but de la nature. L’attitude droite est on ne peut plus fatigante, elle expose l’homme à de graves accidents, par exemple des tremblements convulsifs et des paralysies dans les jambes dans la seconde jeunesse.

La posture a retro doit être recommandée dans l’état de grossesse ou d’obésité de la femme et lorsque le membre viril n’a pas la longueur requise.

Lorsque celui-ci est trop long, il peut blesser le col de l’utérus et l’homme doit limiter son introduction à l’aide d’un bourrelet.

Aujourd’hui on applique à la racine de la verge, avant l’érection, un anneau creux en caoutchouc de la longueur nécessaire ; il est aussi facile à mettre qu’à retirer. À son défaut, dit Venête. (Cologne 1696), la femme pourra le remplacer agréablement par sa main.