Journal de l’expédition du chevalier de Troyes/005

Texte établi par La Compagnie de L’Éclaireur,  (p. 99-100).


APPENDICES



appendice a

Les Sieurs Ratisson (Radisson) et Desgrosilliers, (Desgroseilliers) partirent en Juin 1682, avec les Sieurs Sorel, de la Chesnaye, chanjon et Gitton, vingt neuf hommes d’équipage des vivres et des marchandises.

Arrivèrent le 20e. Aoust à un petit cap de la coste du nord ouest dud.t golphe à 200 lieues du fond de la baye où les Anglois sont establis.

Ils y trouvèrent une belle rivière et bastirent une maison.

Un forban anglois de Boston commançoit de s’establir près de là dans une autre rivière. Ils résolurent avec luy de bien vivre ensemble.

Quelques jours après survint un grand vaisseau de la compagnie des avanturiers de Londres qui a ses establissemens dans le fonds de la Baye.

Il venoit pour en former un dans la rivière de Nelson, où les françois s’estoient postez, les glaces l’empeschèrent d’y entrer.

Ratisson (Radisson) exhorta les sauvages du pays d’avertir les voisins à venir traitter au printemps avec luy.

Une crue d’eau entraina le vaisseau anglois, et voyant que le commis qui le commandoit se reunissoit avec le forban il s’en asseura.

Au mois d’avril les glaces bouchèrent la rivière, raserent l’une des barques et incommodèrent fort l’autre.

Le forban courut risque et fust sauvé par le travail des françois.

Ratisson (Radisson) ayant fait raccommoder l’une des barques fist quelque traitte avec les sauvages.

Il y en trouva de la nation des Asselibools (Assiniboines) et Christiars (Christinaux) qui avoient traittés avec des françois au Lac supérieur quelques années auparavant.


Après le printemps il vendit sa barque audit commis pour raporter son équipage et il revint à Québec le 20e. Octobre avec ledit commis sur le navire du forban après avoir laissé dans sa maison huit ou dix de ses gens, des vivres et pour 16 m de marchandises.

Envoyé la carte du lac Almengoin (Alemepigon) auquel du Luth est allé se poster.

Il est aisé de s’y soutenir par le petit fort françois du golphe d’Hudson distant de deux cens lieues de l’establissement des Anglois.

Ils ne doivent pas trouver mauvais qu’ils s’establissent en un lieu que les françois soustiennent par la terre, sauf a envoyer quérir les pelleteries par mer.

Monsieur de la Barre n’a pas crû devoir retenir ce forban quoyqu’il n’ayt qu’un simple passeport pour la pesche à la molue du magistrat de Baston, puisqu’il a esté pris ne faisant aucun mal, et que cela auroit pu exciter une querelle avec ses voisins.

Ainsy il luy a fait restituer son navire, et offrir le prix des marchandises consommées par les françois.

Non signé

Arch., publiques du Canada, Collection Moreau de St-Mery, Vol F 176, page 100.