Journal (Eugène Delacroix)/8 mai 1850

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 440).

Mercredi 8 mai. — Travaillé toute la matinée sans entrain ; j’étais mal à l’aise, car je n’ai rien mangé jusqu’au dîner.

— Vers trois heures, je me suis décidé à faire la corvée de Fromont. J’ai beaucoup joui de cette promenade, quoique je n’aie vu du parc que ce qui se trouve depuis la porte sur la grande route, jusqu’à la serre du jardinier. J’ai vu, dans ce trajet, deux ou trois magnolias, dont un ou deux sur la fin de la floraison. Je n’avais pas d’idée de ce spectacle : cette profusion vraiment prodigieuse de fleurs énormes sur cet arbre dont les feuilles ne font que commencer à poindre, l’odeur délicieuse, une jonchée incroyable de pétales de fleurs déjà passées ou fanées m’ont arrêté et charmé. Il y avait devant la serre des rhododendrons rouges et un camélia d’une taille extraordinaire.

Revenu par Ris et pris des pâtisseries en passant. La vue du paysage au pont et en grimpant est charmante, à cause de la verdure printanière et des effets d’ombre que les nuages font passer sur tout cela. J’ai fait, en rentrant, une espèce de pastel de l’effet de soleil en vue de mon plafond.