Journal (Eugène Delacroix)/8 février 1852

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 77-78).

Dimanche 8 février. — Chez Halévy le soir. Peu de monde. — J’avais travaillé toute la journée à finir mes petits tableaux : le Tigre et le Serpent[1], le Samaritain[2], et travaillé à mon esquisse de mon plafond de l’Hôtel de ville[3].

— Halévy disait qu’on devrait écrire, jour par jour, ce qu’on voit et ce qu’on entend, Il l’a essayé plusieurs fois comme moi, et il en a été dégoûté par les lacunes que l’oubli ou les affaires vous forcent à laisser dans votre journal…

Se rappeler l’histoire de l’homme qui mettait son doigt dans tous les trous, et que cette singularité avait fait remarquer. Il se trouva, sans beaucoup de titres, porté sur une liste de gens de la Cour qui sollicitaient un régiment. Louis XV, en voyant son nom, demande : « Est-ce ce gentilhomme qui met son doigt dans les trous ? — Oui, Sire ! — Eh bien, je lui donne le régiment. »

  1. Voir Catalogue Robaut, no 1023.
  2. « Le voyageur est couché à terre demi-nu ; le Samaritain, vêtu d’un manteau rouge, se penche vers lui, tandis que son cheval broute l’herbe derrière eux : au fond, le prêtre qui passe sans s’arrêter. » (H. de la Madelène, Eugène Delacroix à l’Exposition du boulevard des Italiens.)
  3. Voir Catalogue Robaut, nos 1118 et 1119.