Journal (Eugène Delacroix)/8 février 1847

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 262-263).

8 février. — Excellente journée.

J’ai débuté par aller voir, rue Taranne, le tableau de Saint Just, de Rubens ; admirable peinture. Les deux figures des assistants, de son gros dessin, mais d’une franchise de clair-obscur et de couleur qui n’appartient qu’à l’homme qui ne cherche pas, et qui a mis sous les pieds les folles recherches et les exigences plus sottes encore.

Puis à la Chambre des députés. Travaillé à la femme portant le petit enfant, et l’enfant par terre ; puis à l’homme couché au-dessus du Centaure[1] ; je crois que j’ai fort avancé. Séance très longue. Revenu sans fatigue.

Pour compléter la journée, j’apprends en rentrant que Mme Sand est de retour et me l’a envoyé dire. Je suis heureux de la revoir.

Resté chez moi le soir ; j’ai eu tort. La journée du lendemain s’en est ressentie. J’aurais dû faire quelques pas dehors. L’air seul contribue peut-être à accélérer la circulation ; aussi, le lendemain, je n’ai rien fait. L’estomac dérangé commande en maître, mais en maître bien indigne de régner, car il remplit mal ses fonctions, et arrête tout le reste.

  1. Grand hémicycle d’Orphée.