Journal (Eugène Delacroix)/6 mars 1847

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 282-283).

6 mars. — Reposé par ma nuit.

Rentré dans mon atelier, j’y ai retrouvé de la bonne humeur ; je regarde les Chasses de Rubens : celle de l’hippopotame, qui est la plus féroce, est celle que je préfère. J’aime son emphase, j’aime ses formes outrées et lâchées. Je les adore de tout mon mépris pour les sucrées et les poupées qui se pâment aux peintures à la mode et à la musique de M. Verdi.

Mme Leblond, avant-hier, ne pouvait rien comprendre à mon admiration pour les deux charmants dessins de Prud’hon qu’a son mari.

— Mme G*** me demande un dessin pour une loterie et m’a assuré de son amitié.

— J’écris enfin à M. Roché[1].

— J’ai fait quelques croquis d’après les Chasses de Rubens ; il y a autant à apprendre dans ses exagérations et dans ses formes boursouflées que dans des imitations exactes.

— Dîné chez Mme de Forget. Revu M. Gayrac et sa fille, qui a fait un peu de musique.

  1. M. Roché habitait à Bordeaux.