Journal (Eugène Delacroix)/4 juin 1855

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 28-29).

4 juin. — Aussitôt levé, je déballe mes toiles et fais ma palette ; je travaille beaucoup dans cette journée, qui est la première que je passe ici.

Avant dîner, promenade par le mur de Baÿvet ; je trouve encore les traces de l’inscription au charbon sur son mur ; je suis tous les ans, avec un mélancolique intérêt, l’effacement de ces plaintes de ce pauvre amoureux. Cette inscription fragile a survécu de beaucoup probablement au sentiment qui l’a dictée ; celui qui l’a écrite est peut-être disparu depuis longtemps, aussi bien que la Célestine qui l’a inspirée.

Je descends vers la route. Le petit bois de Baÿvet est coupé. Je remonte par la route des Dames ; je vais jusqu’au chêne Prieur, je tourne à gauche, puis à gauche encore, jusqu’à l’allée de l’Ermitage, au carrefour où je trouve un autre grand chêne. Je reviens avec ravissement pour dîner.