Journal (Eugène Delacroix)/4 février 1852

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 76-77).

Mercredi 4 février. — Chez Boilay, en sortant de chez le ministre. Revu là avec plaisir la fille d’Hippolyte Lecomte[1]. Mocquart[2] y est venu ; il a raconté avec emphase des particularités sur Géricault. Parlant de la présence de Mustapha[3] à l’enterrement, il a fait une description pittoresque de la douleur de ce pauvre Arabe, qui s’était, disait-il, prosterné la face contre terre sur la tombe. Le fait est qu’il n’en fut rien et qu’il resta à distance, non sans produire un effet touchant sur l’assistance. Mocquart prétend qu’A… n’y vint pas, et lui en fait un sujet grave de blâme. Il me semble que mes souvenirs le justifient, et je crois le voir encore avec un surtout blanchâtre. J’aime mieux, pour lui, croire à ma mémoire qu’à celle de Mocquart.

  1. Hippolyte Lecomte, peintre, né en 1781, mort en 1855. Il devint le beau-frère d’Horace Vernet et, grâce à lui, fut chargé de nombreuses commandes.
  2. Mocquart, homme politique et littérateur. Il était alors secrétaire intime et chef du cabinet de l’Empereur.
  3. Mustapha était un des modèles favoris de Géricault.