Journal (Eugène Delacroix)/4 avril 1861

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 427-428).

4 avril. — J’ai été voir le vieux Forster[1] en sortant de Saint-Philippe à trois heures. Le pauvre homme a le bras cassé et mille accidents qui ont compliqué son accident. Il me dit qu’il s’est retiré de bonne heure de la lice, et il blâme les artistes qui s’exposent trop longtemps à la critique.

Il a raison, si véritablement la décadence est un effet constant de l'âge avancé. Il avait, du reste, une raison excellente de s’abstenir de bonne heure du travail de sa profession, qu’il m’a dit tout simplement lui avoir été antipathique toute sa vie, et qu’il n’avait embrassée que sur la volonté expresse de ses parents auxquels il ne se sentit pas le courage de résister.

  1. François Forster (1790-1872), graveur, grand prix de Rome en 1814, auteur d’un grand nombre de planches devenues classiques. Il était membre de l’Académie des Beaux-Arts depuis 1844.