Journal (Eugène Delacroix)/3 février 1852

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 75-76).

Mardi 3 février. — Dîné chez Perrin avec Morny, Delangle, Romieu, Saint-Georges, Alard, Auber, Halévy, Boilay[1], aimables gens : sa femme et sa belle-sœur. Cette dernière que j’ai vue pour la première fois est une femme fort aimable et dont les yeux sont charmants ; elle peint et m’a beaucoup parlé de peinture.

Je suis parti très tard avec Auber et Alard. Reconduit ce dernier jusqu’au Palais-Bourbon par le plus beau clair de lune : il m’a raconté des proverbes de sa façon : L’homme qui raconte la prise de la Bastille, etc.

  1. Émile Perrin, qui était alors directeur de l’Opéra-Comique, avait étudié la peinture dans les ateliers de Gros et de Delaroche ; il avait également écrit des articles de critique artistique. Il devint par la suite directeur de l’Opéra, puis, en 1870, administrateur général du Théâtre-Français.
    Le comte de Morny avait donné le 22 janvier 1852 sa démission de ministre de l’intérieur ; il ne fut nommé qu’en 1854 président du Corps législatif.
    Delangle venait d’être nommé procureur général à la Cour de cassation, en remplacement de Dupin.
    Romieu, homme de lettres et administrateur. Il était alors directeur général des beaux-arts.
    Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges (1801-1875), auteur dramatique, un des plus féconds librettistes de cette époque.
    Boilay, publiciste et administrateur ; c’était un protégé de M. Thiers ; il fut rédacteur au Constitutionnel.