Journal (Eugène Delacroix)/27 mars 1824

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 75-76).

Samedi 27 mars. — De bonne heure à l’atelier. Pierret venu. — Dîné chez lui ; lu de l’Horace[1].

— Envies de poésie, non pas à propos d’Horace. — Allégories. — Rêveries. Singulière situation de l’homme ! Sujet, intarissable. Produire, produire !

  1. Dès sa vingtième année, Delacroix avait compris, comme tous les hommes supérieurs, que la véritable instruction n’est pas celle que l’on reçoit de ses maîtres, mais bien celle que l’on se donne à soi-même. Dans une lettre très curieuse, adressée à Pierret en 1818, il écrivait : « Il faut cet hiver nous voir bien souvent, lire de bonnes choses. Je suis tout surpris de me voir pleurer sur du latin. La lecture des anciens nous retrempe et nous attendrit : ils sont si vrais, si purs, si entrants dans nos pensées ! »
    A propos d’Horace, il dit autre part : « Horace est à mon avis le plus grand médecin de l’âme, celui qui vous relève le mieux, qui vous attache le mieux à la vie dans certaines circonstances, et qui vous apprend le plus à mépriser dans d’autres. » (Corresp., t. I, p. 15 et 24.)