Journal (Eugène Delacroix)/26 mai 1854

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 364-365).

26 mai. — Le matin, dans la cour de la ferme où étaient ces dames, pour faire des études sur le fromage, Berryer me disait qu’une chienne qu’il a et qui lui avait été donnée par un voisin, étant retournée aussitôt chez son premier maître, le garde dudit donna à Berryer qui venait la rechercher le moyen de se l’attacher, à savoir d’uriner dans du lait, et de le lui faire boire : l’influence de mâle à femelle et réciproquement, quoique dans des espèces différentes.

Il me disait que s’étant trouvé dans un comité où on discutait la couleur des uniformes, Lamoricière, Bedeau et autres généraux disaient que la durée des habits, au moins comme apparence et conservation en bon état, dépendait de la manière dont les diverses couleurs, parements, revers, etc., s’harmonisaient avec la couleur de l’habit. Ceux qui étaient crus et discordants arrivaient promptement à paraître sales et hors d’usage.

Dessiné cette matinée dans les roches plusieurs pins d’Italie.

En revenant le long de la grande treille, dessiné des peupliers blancs de Hollande, qui font un bel effet, mêlés à d’autres arbres, au bout de cette allée, du côté des rochers.

Dormi dans le jour et achevé la Fille du capitaine.

Ondée effroyable pendant le déjeuner et arrivée de M. de la Ferronays.

Promenade avant le dîner avec ce dernier et ces dames, et revenu par le potager.

Le soir comme à l’ordinaire : la sonate no 1. Couché tard et dormi sur le canapé.

Admiré beaucoup, pendant ma promenade du soir, la vivacité des étoiles et l’effet des arbres sur le ciel, et les réflexions du château dans les fossés.