Journal (Eugène Delacroix)/22 avril 1848

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 369-370).

Dimanche 22 avril. — Resté chez moi, fatigué de la veille.

M. Poujade[1], venu vers une heure, m’a intéressé ; mais resté trop longtemps et fatigué.

Leblond ensuite. Je l’ai vu avec plaisir, malgré ma fatigue ; je l’aime véritablement. La présence d’un ami est chose si rare quelle seule vaut tous les bonheurs ou compense toutes les peines.

Après dîner, chez Chopin, autre homme exquis pour le cœur, et je n’ai pas besoin de dire pour l’esprit. Il m’a parlé des personnes que j’ai connues avec lui… Mme Kalerji, etc. Il s’était traîné à la première représentation du Prophète : son horreur pour cette rapsodie.

— Faire les lettres d’un Romain du siècle d’Auguste ou des Empereurs, démontrant par toutes les raisons que nous trouverions à présent, que la civilisation de l’ancien monde ne peut périr.

Les esprits forts du temps attaquent les augures et les pontifes, croyant qu’ils s’arrêteront à temps.

Rapports avec la civilisation actuelle de l’Angleterre, où les abus maintiennent l’État.

  1. Eugène Poujade, diplomate et littérateur. Il occupa en Orient des postes importants et publia de nombreux articles dans la Revue des Deux Mondes.