Journal (Eugène Delacroix)/13 août 1858

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 346-347).

13 août. — Je recommence à la même heure matinale la promenade d’hier. Je m’arrête avant la fontaine de Baÿvet pour faire un croquis que je regrettais de n’avoir pas fait la veille ; c’est un des meilleurs du petit calepin que j’ai emporté à Plombières.

On passait mon carreau au siccatif ; je suis resté le plus longtemps que j’ai pu dehors, me couchant à l’ombre non loin de la rivière, près du petit pont qui traverse un vivier. Je m'étais assis au bas de la rivière même, mais sans descendre jusqu’aux roseaux, abrité par mon parasol, en face de cette île remplie de roseaux qui se forme dans les basses eaux.

Assis encore près de la fontaine de Baÿvet qui n’est plus qu’un filet d’eau, mais charmant et coulant entre les herbes.

J’ai passé le reste de la journée dans la cour à l’ombre, assis dans mon fauteuil qu’on m’avait descendu pour donner le temps aux carreaux de sécher.

Le soir après dîner, sorti avec Jenny dans la campagne ; la pauvre femme est souffrante comme à Bordeaux. Elle n’est restée qu’un instant avec moi, et je suis rentré qu’il faisait presque nuit ; j'étais resté à me promener en long et en large devant la fontaine. Le soir, éclaircie, espérance de pluie pas réalisée.