Journal (Eugène Delacroix)/11 avril 1832

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 181-182).

11 avril. — Ahïn-El-Daliah.

Monté le cheval de Caddour, le mien étant malade ; revu les beaux oliviers sur le penchant d’une colline, observé les ombres que forment les étriers et les pieds, ombre toujours dessinant le contour de la cuisse et de la jambe en dessous. L’étrier sortant sans qu’on voie les courroies. L’étrier et l’agrafe du poitrail très blanc sans brillants, cheval gris, bride à la tête, velours blanc usé.

Masser les personnages en brun, quitte à éclaircir pour les détacher.

Déjeuné où nous avions déjeuné en venant au bord d’un ruisseau. En continuant, soldats à gauche se détachant sur le ciel, les hommes demi-teints, couleur charmante, les noirs, figures de chevaux bruns très marquées.

Selle avec poire à poudre, poitrail au pommeau, fourreau du fusil vert, tête de Michel-Ange. Couverture blanche.

Les femmes qui sont venues présenter le lait aux drapeaux et au caïd.

Repassé à l’endroit où nous avions campé la deuxième fois en venant, où la population avait commencé à paraître menaçante. Arrivé sur le haut, on voit le cap Spartel, la mer en descendant.

Vaste plaine marécageuse, très détrempée au premier voyage, très sèche à présent.

Drapeaux. Hommes éclairés par derrière, burnous transparent autour de la tête, de même que le pan qui couvrait le fusil.

Repassé une petite rivière très bourbeuse. C’est dans cet endroit que nous avons vu courir la poudre pour la première fois au premier voyage.

Commencé à monter la montagne où est la forêt de lièges. Source charmante à droite qui serpente depuis le haut, fleurs en profusion, rochers isolés comme des constructions à gauche. Harnais rouge en montant et pierres.

Vue superbe en se retournant.