Introduction à la psychologie expérimentale/9

Chapitre IX : Conclusion


CHAPITRE IX

CONCLUSION


Nous avons indiqué une série de méthodes qui présentent toutes des avantages et des inconvénients les plus précises ne nous renseignent que sur des points limités celles qui embrassent un grand nombre de phénomènes donnent au contraire des résultats vagues. Nous ne pensons pas qu’il serait juste d’établir une hiérarchie entre ces différentes méthodes ; nous ne suivrons pas l’exemple de quelques auteurs qui ne cachent point leur parti pris contre des études qu’ils ne pratiquent pas. Tel savant de laboratoire condamne sévèrement l’hypnotisme comme une étude dépourvue de caractère scientifique, parce que l’action morale qui s’exerce dans ces circonstances ne peut pas être mesurée d’après les méthodes de la psycho-physique avec lesquelles ce savant est familier. Tel autre expérimentateur, qui ne fait que de l’hypnotisme, repoussera bien loin de lui les recherches de laboratoire, parce qu’on n’a pas encore réussi à y étudier les grandes questions psychologiques du caractère, de la personnalité, du dédoublement qu’il peut examiner chez les sujets hypnotisés. Ne cherchons point à faire de comparaisons entre choses qui ne sont pas comparables. Les différentes méthodes que nous avons signalées ne s’excluent pas elles ont chacune le droit de vivre. Il y a des questions qui, par leur nature même, réclament tel procédé d’étude, plutôt que tel autre. Dans tels cas, il faut se servir de la balance et de la chronométrie, dans tel cas de la conversation et de l’enquête. C’est à la sagacité de l’observateur qu’il appartient de choisir, parmi les moyens dont il dispose, celui qui lui paraît être le mieux approprié au but.

Nous tenons à insister une fois de plus sur l’idée importante qui domine nos recherches. Cette idée, c’est l’autonomie de la psychologie expérimentale, qui s’est définitivement organisée en science distincte et indépendante. À l’heure actuelle, la psychologie expérimentale représente un ensemble de recherches scientifiques qui se suffisent jusqu’à un certain point à elles-mêmes, comme les recherches de la botanique et de la zoologie elle s’est dégagée de cet amas confus et encore mal défini de connaissances auxquelles un donne le nom de philosophie : elle a coupé l’amarre qui l’attachait jusqu’ici à la métaphysique.

Entendons-nous bien sur ce point important de doctrine. La psychologie expérimentale est indépendante de la métaphysique, mais elle n’exclut aucune recherche de métaphysique. Elle ne suppose aucune solution particulière des grands problèmes de la vie et de l’âme ; elle n’a par elle-même aucune tendance spiritualiste, matérialiste ou moniste ; elle est une science naturelle ; rien de plus.