Iconologie (Cesare Ripa, 1643)/Au lecteur


Av lectevr.


VOicy L’ICONOLOGIE, Lecteur, que ie vous donne
augmentée d’vn ſecond Volume, dont les Diuersitez pleines de curieuſes recherches, vous feront trouuer dans cette nouuelle Edition dequoy vous diuiertir agreablement. Ie me le perſuade ainſi, à cauſe que ce qui s’en eſt imprimé cy-deuant, n’a pas deſpleu aux honneſtes gens, & particulierement à ceux qui ſe connoiſſent aux bonnes choſes. Mais il eut encore eſté mieux receu, ſi Celuy qui en a graué les Figures, pour s’eſtre voulu meſler de les debiter luy meſme, ne ſe fût rendu ſi odieux à quelques Libraires, que par diuers artifices ils ont retardé la vente de ce Liure, afin de faire perdre l’enuie de l’acheter à ceux qui les demandoient dans leurs Boutiques. Cela n’a pas empeſché pourtant qu’on ne ſe ſoit ſi bien desfait de la premiere Impreſsion, qu’il n’en reſte plus aucune copie. A raiſon dequoy, pour contenter le deſir des Curieux, qui ſçauent qu’en toutes les Profeſsions que l’on eſtime le plus, il n’y a point de ſecret ſi rare, ny de connoiſſance ſi cachée, dont il ne ſoit fait mention dans cét Ouurage ; l’on s’eſt aduisé de le remettre en lumiere, & d’y ioindre une ſeconde Partie, pour faire de les deux enſemble un Corps entier ; Et par conſequent vous donner moyen de profiter plus amplement de cette Lecture. Que ſi vous en recueillez quelque fruict, comme ie n’en doute pas, Ie vous aduiſe, Lecteur, que vous en aurez l’obligation au Sieur Cappitain, à qui, ſans le flatter, on peut donner à bon droict la gloire d’auoir mis en leur luſtre ces Emblemes. Car c’eſt luy qui en a fait la principale deſpenſe ; & qui meſme apres la mort du Graueur, aduenuë depuis peu, n’a rien eſpargné pour en recouurer les Cuiures ; comme en effet il les a dégagez de ſes deniers propres : A faute dequoy, & à moins que de faire de nouueaux frais pour de nouuelles Figures, cette ſuitte de l’Iconologie ne pouuoit eſtre acheuée. Maintenant donc qu’elle voit le iour, Vous m’obligerez bien fort, Lecteur, d’en excuſer les fautes, ſoit que l’Imprimeur les ait cauſées, ſoit que ie les aye moy-meſme laiſſé paſſer. Car il eſt vraysemblable que vous y en trouuerez pluſieurs, qu’il m’a eſté impoẞible de preuenir par mes ſoings ; mon indiſpoſition ne m’ayant pû permettre de voir les Eſpreuues ſur ma Copie, que i’ay la plus part du temps dictée du lict à meſure qu’elle s’eſt imprimée. Adieu.