Hymne à la Lune (Levertin)

Vers et Prosetomes 5-8, 1906-1907 (p. 100).


HYMNE À LA LUNE


Corne de la lune ! dans l’espace tu éclaires la nuit noire, forces le troubadour mélancolique à des rimes. Tu remplis l’eau de tous puits profonds de tes poissons luisants. L’obscurité se noie dans ce clinquant nuptial. Comme un oiseau que l’on leurre le cœur tressaille, entre la joie et la tristesse.

Les sphinx du jardin rient.


Tumulte du sang, tumulte des eaux ! Tu soulèves la surface de la mer et les seins des femmes. Tu blesses le dormeur de ta blessure blanche. Tu ensorcelles le poison de la tristesse dans le foie de l’homme. Le fou fait sa ronde dans tes rayons. Le serpent se réjouit dans la pluie de tes étincelles. Le chien, gardien d’hommes, hurle. Les mains tièdes se rejoignent dans l’angoisse.

Les sphinx du jardin rient.


OSCAR LEVERTIN
Traduit du suédois par Edward Diriks