Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre XVIII/Chapitre 20

Texte établi par Jean Léonard Pellet, Jean Léonard Pellet (9p. 122_Ch20-124_Ch21).

XX. Situation & eſpérances de la Géorgie.

Depuis cette heureuſe révolution, la Géorgie a fait d’aſſez grands progrès, ſans être auſſi rapides qu’on les eſpéroit. À la vérité, on n’y a pas cultivé la vigne, l’olivier, la ſoie, comme la métropole l’auroit déſiré : mais ſes marais ont fourni une aſſez grande quantité de riz ; & ſur ſon ſol plus élevé a été récolté un indigo ſupérieur à celui de la Caroline. Avant le premier janvier 1768, ſix cens trente-ſept mille cent ſoixante-dix acres de terre y avoient été concédés. Ceux qui ne valoient que 3 liv. 7 s. 6 den. en 1763, étoient vendus 67 liv. 10 s. en 1776. En 1769, les exportations de la colonie s’élevèrent à 1 625 418 livres 9 s. 5 deniers, elles ont beaucoup augmenté depuis.

Cette proſpérité augmentera ſans doute. À meſure que les forêts ſeront abattues, l’air deviendra plus ſalubre ; & les denrées s’accroîtront avec la population, qui ne paſſe pas maintenant trente mille hommes, la plupart eſclaves. Cependant, comme en Géorgie, les terres ſont moins étendues que dans la plupart des autres provinces, & que, dans les proportions, il y en a moins de ſuſceptibles de culture, les richeſſes auront toujours des bornes aſſez circonſcrites. Voyons ſi la Floride doit s’attendre à une deſtinée plus brillante.