Histoire du Canada (Garneau)/Tome III
depuis sa découverte jusqu’à nos jours
Imprimerie N. Aubin, .
LIVRE IX.
Situation des esprits en France et en Angleterre à l’époque de la guerre de Sept ans. — La France change sa politique extérieure en s’alliant à l’Autriche, qui flatte madame de Pompadour, maîtresse de Louis XV. — Popularité de la guerre dans la Grande-Bretagne et dans ses colonies ; ses immenses armemens. — Extrême faiblesse numérique des forces du Canada. — Plan d’attaque et de défense de ce pays ; zèle des habitans. — Premières opérations de la campagne. — Un corps de troupes, parti de Boston, s’empare de Beauséjour et de toute la péninsule acadienne ; exil et dispersion des Acadiens. — Le général Braddock marche sur le fort Duquesne du côté du lac Erié ; M. de Beaujeu va au-devant de lui ; bataille de la Monongahéla ; défaite complète des Anglais et mort de leur général. — L’épouvante se répand dans leurs colonies, que les bandes canadiennes et sauvages attaquent sur divers points en commettant de grands ravages et faisant beaucoup de prisonniers. — Armées anglaises destinée à attaquer Niagara au pied du lac Erié et St.-Frédéric sur le lac Champlain. — Le colonel Johnson se retranche à la tête du lac St.-Sacrement (George). — Le général Dieskau attaque les retranchemens du colonel Johnson ; il est repoussé et lui-même tombe blessé entre les mains de l’ennemi. — Le peuple des colonies anglaises murmure contre l’inactivité de Johnson après cette bataille ; réponse de ce commandant. — Le général Shirley abandonne le dessein d’assiéger Niagara. — Résultat de la campagne. — Mauvaises récoltes en Canada ; commencement de la disette. — Préparatifs de l’Angleterre pour la prochaine campagne. — Exposition de l’état du Canada ; demande de secours à la France. — Le général Montcalm arrive à Québec dans le printemps de 1756 avec des renforts. — Plan d’opérations de la prochaine campagne. — Disproportion des forces des deux parties belligérantes ; projets d’invasion des Anglais.
Alliances indiennes ; les cantons iroquois protestent de leur neutralité. — Préparatifs militaires. — Bandes canadiennes en campagne tout l’hiver (1755-56) ; destruction du fort Bull et dispersion d’un convoi de 400 bateaux ennemis. — Commencement de désunion entre le gouverneur et le général Montcalm au sujet de l’entreprise sur Oswégo. — Siége de cette place. — La garnison abandonnées du général Webb capitule. — Butin que l’on fait. — Les sauvages tuent un grand nombre de prisonniers ; on ne parvient à les arrêter qu’avec beaucoup de peine. — Les fortifications d’Oswégo sont rasées. — Joie que cette victoire répand en Canada. — Les Anglais suspendent toutes leurs opérations pour le reste de la campagne. — Les Indiens ravagent leurs provinces. — Les Canadiens enlèvent Grenville à 20 lieues de Philadelphie. — Disette en Canada. — Arrivée des Acadiens qui mouraient de faim. — Ils se dispersent dans le pays. — Demande de secours en France. — Augmentation rapide des dépenses. — Montcalm suggère d’attaquer l’Acadie au lieu des forts Edouard et William-Henry. — Pitt monte au timon des affaires en Angleterre ; nouveaux efforts de cette puissance en 1757. — Elle forme et on abandonne en chemin le dessein de prendre Louisbourg, protégé par la flotte de l’amiral Dubois de la Motthe. — Des bandes canadiennes tiennent la campagne pendant l’hiver ; M. de Rigaud, à la tête de 1,500 homes, détruit les environs du fort William-Henry. — Les tribus indiennes restent fidèles à France, qui envoie des secours. — Prise de William-Henry après un siége de 6 jours. — La garnison, fort de 2,400 hommes, met bas les armes. — Les prisonniers sont encore attaqués à l’improviste par les sauvages, qui en massacrent plusieurs, les pillent et les dispersent. — Le fort William-Henry est aussi rasé. — La disette va en augmentant en Canada. — Murmure des troupes. — Les dissentions deviennent plus visibles entre les chefs de la colonie. — Succès variés de la France dans les autres parties du monde. — Elle ne peut envoyer que quelques recrues en Amérique. — L’Angleterre y porte son armée à 50,000 hommes dont 22,000 réguliers, pour la campagne de 1758.
Le Canada, abandonné de la France, résout de combattre jusqu’à la dernière extrémité. — Plan de campagne de l’Angleterre : elle se propose d’attaquer simultanément Louisbourg, Carillon et le fort Duquesne. — Prise de Louisbourg après un siége mémorable, et invasion de l’île ST.-Jean ; les vainqueurs ravagent les établissemens de Gaspé et de Mont-Louis. — Mesures défensives du Canada. — Marche du général Abercromby avec une armée de 16,000 hommes sur Carillon défendu par moins de 3,500 Français. — Bataille de Carillon livrées le 8 juillet. — Défaite d’Abercromby et sa fuite précipitée. — Le colonel Bradstreet surprend et brûle le fort Frontenac. — Le général Forbes s’avance contre le fort Duquesne. — Défaite du major Grant. — Les Français brûlent le fort Duquesne et se retirent. — Vicissitudes de la guerre dans toutes les parties du monde. — Changement de ministres en France. — Brouille entre le général Montcalm et le gouverneur. — Observations des ministres sur les dilapidations du Canada et reproches sévères à l’intendant Bigot. — Intrigues pour faire rappeler M. de Vaudreuil et nommer Montcalm gouverneur. — Les ministres décident de faire rentrer ce dernier en France ; le roi s’y oppose. — Dépêches conciliatrices envoyées avec des récompenses et des avancemens. — On n’expédie point de renforts. — Défection des nations indiennes, qui embrassent la cause de l’Angleterre par le traité de Easton. — Cette dernière puissance décide d’attaquer Québec avec trois armées qui se réuniront sous les murs de la capitale. — Forces du Canada et moyens défensifs adoptés pour résister à cette triple invasion.
LIVRE X.
Invasion du Canada. — Moyens défensifs qu’on adopte. — L’armée française se retranche à Beauport, en face de Québec. — Arrivée de la flotte ennemie. — Les troupes anglaises débarquent à l’île d’Orléans. — Manifeste du général Wolfe aux Canadiens. — Ce général, jugeant trop hasardeux
d’attaquer le camp français, décide de bombarder la capitale et de ravager les campagnes. — La ville est incendiée. — Attaque des lignes françaises à Montmorency. — Wolfe repoussé, rentre accablé dans son camp et tombe malade. — Il tente vainement de se mettre en communication avec le général Amherst sur le lac Champlain. — Les autres généraux lui suggèrent de s’emparer des hauteurs d’Abraham par surprise afin de forcer les Français à sortir de leur camp. — Le général Montcalm envoie des troupes pour garder la rive gauche du St.-Laurent depuis Québec jusqu’à Jacques Cartier. — Grand nombre de Canadiens, croyant le danger passé, quittent l’armée pour aller vaquer aux travaux des champs. — Du côté du lac Champlain M. de Bourlamarque fait sauter les forts Carillon et St.-Frédéric, et se replie à l’île aux Noix devant le général Amherst qui s’avance avec 12,000 hommes. — Le corps du général anglais Prideaux, opérant vers le lac Érié, prend le fort Niagara et force les Français à se retirer à la Présentation au-dessous du lac Ontario. — Les Anglais surprennent les hauteurs d’Abraham le 13 septembre. — Première bataille qui s’y livre et défaite des Français. — Mort de Montcalm : capitulation de Québec. — Le général de Levis prend le commandement de l’armée et veut livrer une autre bataille ; mais en apprenant la reddition de la ville il se retire à Jacques Cartier et s’y fortifie. — L’armée anglaise, renfermée dans Québec, fait ses préparatifs pour y passer l’hiver. — Demande de secours en France pour reprendre cette ville.
Sentimens divers que la prise de Québec cause en Angleterre et en France. — Les ministres de Louis XV abandonnent le Canada à lui-même. — La Grande-Bretagne organise trois armées pour achever sa conquête. — Mesures que l’on adopte pour résister à cette triple invasion. — Forces relatives des Français et des Anglais. — Le général de Levis marche sur Québec. — Seconde bataille d’Abraham. Défaite complète de l’armée anglaise, qui se renferme dans la ville et que les Français assiégent en attendant les
secours qu’ils avaient demandés en France. — Persuasion où l’on est dans les deux armées que le Canada restera à celle qui recevra les premiers renforts. — Arrivée d’une flotte anglaise. — Le général de Levis lève le siége et commence sa retraite sur Montréal ; le défaut de vivres l’oblige de renvoyer les milices et de disperser les troupes régulières. — État des frontières du côté des lacs Champlain et Ontario. — Les ennemis se mettent en mouvement pour attaquer Montréal. — Le général Murray s’avance de Québec avec 4,000 hommes ; le chef de brigade Haviland avec un corps presqu’aussi nombreux descend le lac Champlain, et le général Amherst part du lac Ontario avec 11,000 soldats et Indiens. — Les Français se retirent et se concentrent sur Montréal au nombre de 3,500 soldats. — Impossibilité d’une plus longue résistance et capitulation générale. — Triomphe et réjouissance de l’Angleterre. — Procès et condamnation des dilapidateurs du Canada à Paris. — Situation des Canadiens. — Pertes immenses qu’ils font sur les ordonnances et lettres de change du gouvernement déchu. Continuation de la guerre dans les autres parties du monde ; paix de 1763, par laquelle le Canada est cédé à l’Angleterre et la Louisiane à l’Espagne. — Tableau de la France au temps de ce traité trop fameux, par Sismondi.
LIVRE XI.
Cessation des hostilités ; les Canadiens rentrent dans leurs foyers. — Régime militaire et loi martiale. — Cession du Canada à l’Angleterre. — Émigration des Canadiens en France. — Les lois françaises sont abolies et la religion catholique est seulement tolérée. — Le général Murray remplace le général Amherst. — Établissement d’un conseil exécutif, législatif et judiciaire. — Division du Canada en deux districts, et introduction des lois anglaises. — Murmure des habitants. — Les colons anglais demandent une chambre élective dont les Canadiens seraient exclus, et accusent de tyrannie le général Murray, qui repasse en Europe. — Soulèvement des Indiens occidentaux. — Le général Carleton gouverneur. — Il change le conseil. — Le peuple continue
son opposition aux lois nouvelles. — Remontrances. — Rapports de MM. Yorke, de Grey, Marriott, Wedderburn et Thurlow, officiers de la couronne, sur les griefs des Canadiens. — Rétablissement des lois françaises. — Nouvelle demande d’un gouvernement représentatif avec l’exclusion des catholiques. — Pétitions des Canadiens et des Anglais. — Le conseil législatif de 74 est établi.
Difficultés entre l’Angleterre et ses anciennes colonies : leurs causes. — Divisions dans le parlement impérial à ce sujet. — Avènement de lord North au ministère. — Troubles à Boston. — Mesures coercitives de la métropole, qui cherche à s’attacher le Canada par des concessions. — Pétitions opposées des Canadiens et des Anglais : motifs des délais pour décider entre les deux partis. — Acte de 74 dit de Québec ; débats dans la chambre des communes. — Congrès de Philadelphie ; il met l’acte de Québec au nombre de ses griefs. — Ses adresses à l’Angleterre et aux Canadiens. — Le général Carleton revient en Canada. — Sentimens des Canadiens sur la lutte qui se prépare. — Premières hostilités. — Surprise de Carillon, St.-Frédéric et St.-Jean. — Guerre civile. — Bataille de Bunker’s hill. — Envahissement du Canada. — Montgomery et Arnold marchent sur Québec au milieu des populations qui se joignent à eux ou restent neutres : Montréal et les Trois-Rivières tombent en leur pouvoir. — Le gouverneur rentre en fugitif dans la capitale devant laquelle les insurgés mettent le siége.
LIVRE XII.
Situation désespérée de la cause métropolitaine en Canada ; Québec seul reconnaît la domination anglaise. — Préparatifs de défense. — Changement graduel qui s’opère dans l’esprit des Canadiens défavorable aux républicains. — Attaque de Québec le 31 décembre : Montgomery est tué. — Le congrès envoie des secours et fait une nouvelle adresse aux Canadiens. — Arrivée de Franklin, Chase et Caroll,
pour les inviter à se joindre à la confédération. — Conduite du peuple dans cette circonstance mémorable. — Les républicains manquent de tout et sont décimés par les maladies. — Le gouverneur reçoit des secours. — Le siége de Québec est levé. — Les Américains, battus près des Trois-Rivières, évacuent le Canada. — Ils sont plus heureux dans le sud, où la campagne se termine à leur avantage. — Proclamation de leur indépendance le 4 juillet 1776. — Débats dans le parlement britannique. — Fameuse campagne du général Burgoyne dans la Nouvelle-York : combats de Huberton, Benington, Freeman’s farm, etc. — L’armée anglaise, cernée à Saratoga, met bas les armes. — Invitations inutiles du congrès et du comte d’Estains, amiral des flottes françaises, pour engager les Canadiens à se joindre à la nouvelle république.
Conseil législatif ; la guerre le fait ajourner jusqu’en 1777. — Composition de ce corps ; différences entre les membres canadiens et les membres anglais ; ses travaux et son unanimité. — Il s’occupe de l’administration de la justice, des milices, etc. — Mécontentemens populaires. — Le général Haldimand remplace le gouverneur Carleton (1778) qui s’était querellé avec le juge-en-chef Livius. — Caractère et politique du nouveau gouverneur. — Effrayé par les succès des Américains, il gouverne le Canada par l’intimidation et la terreur jusqu’en 1784 ; corruption des tribunaux et nullité du conseil législatif, qui passe à peine quelques ordonnances peu importantes pendant cette période. — Triomphe de la révolution américaine. — La France reconnaît les États-Unis (1778) et leur envoie des secours. — Débats à ce sujet dans le parlement anglais. — L’Espagne et la Hollande imitent la France. — Destruction des cantons iroquois et leur émigration. — Capitulation de l’armée anglaise à Yorktown (1781). — La Grande-Bretagne reconnaît l’indépendance des États-Unis (1783). — Perte de territoire par la Canada. — Le général Haldimand remet les rènes du gouvernement au général Carleton (1784). — M. Du Calvet, qu’il avait tenu deux ans en prison, l’accuse devant les tribunaux de Londres. — Noble caractère et énergie de ce citoyen ; de son livre : Appel à la justice de l’État. — Ses
idées sur la constitution qui convient au Canada. — Agitation de cette colonie. — Assemblées publiques. — Pétitions diverses pour et contre un gouvernement représentatif. — Prétentions et méfiances des divers partis. — Investigation que le gouverneur fait faire par le conseil législatif sur la justice, la milice, les voies publiques, l’agriculture, le commerce, l’éducation, etc. — Rapports sur ces matières. — Tentative indirecte du juge-en-chef Smith de substituer les lois anglaises aux lois françaises. — Abus crians dans l’administration de la justice : enquête à ce sujet. — Nouvelle division territoriale du Canada. — Nouvelles pétitions l’Angleterre. — Intervention des marchands de Londres en faveur du parti anglais. — Intrigues. — Division des Canadiens en constitutionnels et anti-constitutionnels : les premiers l’emportent. — Projet de constitution de M. Grenville envoyé en 1789 à lors Dorchester, qui passe à Londres en 1791. — Pitt introduit ce projet dans la chambre des communes la même année. — M. Lymburner, agent des constitutionnels anglais, l’oppose. — Débats auxquels Pitt, Burke, Fox, Grenville, etc., prennent part. — Le projet passe sans division dans les deux chambres. — Dispositions fondamentales de la nouvelle constitution. — Le lieutenant-gouverneur Clarke la proclame en Canada, qui est divisé en deux provinces. — Population de ce pays. — Satisfaction des Canadiens en recevant la nouvelle constitution, qui est fêtée à Québec et à Montréal par des banquets.