Histoire des Canadiens-français, Tome VI/Chapitre 9

Wilson & Cie (VIp. 123-134).

CHAPITRE IX


1690-1725


Les Canadiens dans les colonies anglaises, au Mississipi, sur les grands lacs et au nord-ouest.



S
ur les huit cents coureurs de bois qui, dès 1680, avaient quitté le Bas-Canada et que l’on tentait vainement de rappeler, un grand nombre, la moitié probablement, s’étaient dirigés vers nos voisins les Hollandais et les Anglais, si bien que M. de Callières dans son projet (1688) d’invasion de la Nouvelle-Angleterre met un article spécial concernant les déserteurs français passés dans ces pays. Le mauvais régime suivi alors en Canada était, plus que le goût des aventures, la cause de cet éloignement de la jeunesse. Pour remédier au mal, les autorités s’avisèrent de défendre, sous des peines sévères, tout rapport avec les Anglais ; elles voulurent parquer les Canadiens et les tenir chez eux, à la merci des individus privilégiés dont la moindre préoccupation était certainement l’avenir de la colonie. Les coureurs de bois levaient du castor dans l’ouest, où cet animal abondait. Bientôt les marchands de France signifièrent à leurs correspondants que le marché s’encombrait et c’est alors que nos gens se mirent à vendre aux Anglais. Les premiers édits lancés contre eux eurent pour effet de les empêcher de revenir. D’ailleurs, outre la crainte du châtiment qui les retenait chez nos voisins, ils étaient imbus d’un esprit d’indépendance tel que, même en vieillissant, et quoique les lois à leur sujet se fussent beaucoup adoucies, ils préféraient, pour la plupart, continuer la vie errante qu’ils menaient ou le commerce sédentaire à l’étranger, ou encore les fonctions d’interprètes si faciles pour eux tous.

Dans l’Ohio et la Pennsylvanie, nos traiteurs exerçaient une influence prépondérante sur les sauvages, au grand déplaisir des Anglais qui ne parvenaient ni à apprendre les langues de ces peuples ni à se familiariser avec leurs coutumes. Profitant soit des guerres entre les deux couronnes, soit des luttes qui survenaient entre les tribus indigènes, les coureurs de bois molestaient les Anglais, les écartaient des territoires de traite et ruinaient leurs nouveaux établissements. Mais, d’un autre côté, ces enfants perdus de la cause française s’étaient compromis en méprisant les lois de leur propre souverain. En de certains moments ils sentaient qu’ils avaient intérêt à se ménager un peu les bonnes grâces des Anglais, tout en restant, par instinct, par état, en antagonisme avec eux. Cette position délicate, tout à fait romanesque, avait du charme pour ces aventuriers remplis d’adresse et de ressources, qui risquaient journellement leur peau sur les chances de quelque mince bénéfice. Placés comme entre deux feux, ils se croyaient libres, avec la perspective d’être assommés par les sauvages, fusillés par les Anglais, emprisonnés par les Français — ou de bâcler l’un des matins une affaire d’or avec les marchands étrangers ou les contrebandiers du Canada.

La Pennsylvanie était habitée par des Anglais, des Hollandais, des Norvégiens, des Suédois, des Flamands et des Allemands. De 1686 à 1701, cette province fut en proie aux dissensions politiques. Tout un groupe de Canadiens se glissa, vers 1690, au cœur de la contrée et prit sur les sauvages un empire absolu, ce que voyant, les Philadelphiens proposèrent à plusieurs d’entre eux de s’arrêter à demeure fixe ; ils confièrent même à Pierre Bisaillon, le plus marquant de ces transfuges, le titre d’interprète officiel. Celui-ci planta sa tente sur la Susquehanna, à l’endroit où s’élève aujourd’hui Harrisburg, capitale de l’État. Autour de Bisaillon, il y avait Jacques Le Tort, Suisse français, et sa femme, Martin Chartier, Michel et Louis Bisaillon, et un nommé Dubois, tous gens remuants, qui ont laissé leurs noms dans les annales de la Pennsylvanie. En l’absence de Penn, passé en Europe, les factions politiques prenaient du champ. Tout-à-coup, le bruit courut (1693) que les Canadiens de l’ouest se préparaient à une invasion. Madame Anne Le Tort, Dubois et Bisaillon furent emprisonnés sous accusation d’avoir conspiré avec les sauvages et les coureurs de bois pour s’emparer des territoires de traite. La femme recouvra sa liberté après enquête, mais Bisaillon et Dubois subirent un procès en règle, après quoi on les relâcha, sous condition impérative de dénoncer au gouverneur tout mouvement hostile de la part des Français dont ils pourraient avoir connaissance. Pour plus de sûreté, leurs démarches furent soumises à une surveillance constante. En 1701, Pierre Bisaillon et son frère Louis, retombèrent aux griffes de la justice, afin, dit l’acte d’accusation, « de les empêcher de voyager et de trafiquer avec les sauvages, dans l’état embarrassant des affaires actuelles. » On ne sait ce que devint Louis, mais Pierre reparaît en 1703, porteur d’une licence ou permis de traite obtenu moyennant un dépôt de cinq cents louis, garant de « sa fidélité à la province. » À partir de ce moment, lui et sa femme conservèrent presque constamment la confiance des Anglais et des sauvages, jusqu’au temps où nous les perdons de vue, vers 1725. En 1707, au moment où l’on craignait le plus de voir les Canadiens envahir les colonies anglaises, un nouvel acte d’accusation fut lancé contre « Michel (a Swiss), Pierre Bisaillon, Jacques Le Tort, Martin Chartier, un gantier français de Philadelphie appelé Frank, jeune homme récemment arrivé du Canada, et un autre individu parlant français venant de la Virginie, pour s’être établis et avoir construit des maisons sur les branches du Potomack, sous le prétexte de chercher des mines » et avoir tenté de se rendre populaires parmi les Conestogas. Pierre Bisaillon se prévalut d’un titre de terre en bonne forme dans le comté de Lancaster, qui abonde en mines et dont quelques-unes ont été ouvertes en effet à cette époque. Plus tard, les Anglais tirèrent partie de ces exploitations et de l’outillage abandonné par les Canadiens. Les Conestogas n’étaient pas nombreux, mais ils se donnaient de l’importance et occupaient les gouverneurs autant que les grandes tribus. Ils habitaient le voisinage de la ville de Lancaster aujourd’hui. À les en croire, ils étaient travaillés par les Canadiens qui désiraient les détacher de l’Angleterre. Bisaillon avec ses parents et amis, avaient sans cesse des pourparlers pour maintenir la paix entre eux et les autorités pennsylvaniennes. Le gouverneur de l’État, M. Evans, leur fit, en 1707, une visite solennelle, accompagné de Michel Bisaillon. Ils rencontrèrent sur leur route le traiteur Martin Chartier, habitant des environs, et l’amenèrent. Un peu plus loin, Nicolas Godin, qui parcourait le pays à la recherche des mines et qui se trouvait assez près de l’habitation de Pierre Bisaillon, parut suspect à Evans qui le fit prendre par Martin Chartier et conduire à la prison de Philadelphie. Pierre Bisaillon donna de précieux renseignements au gouverneur touchant les divers peuples sauvages réunis aux conférences et il servit d’interprète officiel. Cela avait lieu quatre mois après l’accusation mentionnée plus haut. La femme de Bisaillon agissait aussi comme interprète entre les sauvages et les Anglais. On cite les égards que lui témoignaient les gouverneurs. Malgré leurs services, des concurrents malheureux continuèrent de nuire à ce couple intéressant. « Pierre Bisaillon et Jacques Le Tort, Français et catholiques, trafiquant avec les sauvages à Conestoga, furent accusés, en 1709, d’avoir prononcé quelques paroles suspectes et commis certains écarts. » On contraignit encore Bisaillon à faire une déclaration de bonne conduite future envers la reine Anne ; il n’en demeura pas moins quelques temps en assez mauvaise odeur comme sujet britannique, et peu de temps après, ayant fait savoir au gouverneur que les Conestogas désiraient le rencontrer pour resserrer les liens de leur amitié réciproque, ce fonctionnaire ne crut pas prudent d’accepter l’invitation avant que de rendre son conseil responsable de la confiance que l’on placerait dans Bisaillon si l’on accédait à la demande des chefs sauvages. L’entrevue eut lieu. En 1711, voilà que Bisaillon est repincé ; simple affaire d’ivresse et de conduite tapageuse, cette fois. Il fut libéré sous sa propre caution de cinq cents louis et sur celles de deux amis qui s’engagèrent chacun pour deux cent cinquante louis, en attendant la session de la cour ; l’accusé s’obligeait, dans l’intervalle, à ne point quitter Philadelphie. Le chiffre des cautionnements fait juger de l’importance que les autorités attachaient à sa personne. Rien n’indique qu’il dut souffrir préjudice de cette dernière aventure, car l’année suivante, il adressa un mémoire au gouverneur concluant à ce qu’il lui fut accordé « la permission de traiter avec les sauvages comme ci-devant, » ce qu’il obtint sur le champ. C’est en 1714, finalement, qu’il reçut du bureau des terres une patente l’autorisant « à s’établir à Pashtang, sur la Susquehanna, et d’ériger en ce lieu les bâtiments nécessaires et d’enclore et de mettre en culture le terrain qu’il jugera à propos d’exploiter, pourvu que les sauvages y consentent. » Ses amis de la forêt n’y mirent pas d’obstacle. Trois ans plus tard, sir William Keith, le nouveau gouverneur de la Pennsylvanie, désireux de se concilier l’esprit des indigènes, alla les visiter en leur conseil de Conestoga ; Bisaillon remplit en cette circonstance son devoir d’interprète de manière à s’attirer des éloges ; en 1720 la même cérémonie eut lieu sur les bords de la Susquehanna. Enfin, vers 1723, voulant soustraire à tout prix les sauvages à l’influence française, il fut décidé que l’on ne tolérerait plus les établissements de la région divisée aujourd’hui en deux comtés : Lancaster et Dauphin. Pierre et Richard Bisaillon disparurent d’abord du côté de l’Ohio. Martin Chartier passa dans le comté de Washington (Pennsylvanie) où les Bisaillon le rejoignirent et fondèrent des postes permanents. Pierre tenta de revoir la Susquehanna pour y traiter ; sa trace se perd en ce moment. Les terrains, qu’il avait défrichés furent repris (1733) par les nommés Harris et Chambers, ainsi, que les mines. Le Tort, interprète et messager du gouvernement, fut le premier homme de race blanche qui pénétra dans la riche vallée de Cumberland (Pennsylvanie) pour s’y établir. C’était en 1720. Il érigea des bâtiments, entourés d’une palissade, près des sources sulphureuses qui portent encore de nos jours le nom de Letort’s Springs. Cette première résidence, déplut aux sauvages, qui y mirent le feu, mais le hardi pionnier la releva de ses cendres. En 1735 son installation avait donné naissance à une bourgade qui devint la ville de Carlisle quinze ans plus tard.

L’histoire de Bisaillon et Le Tort est celle d’une foule de coureurs de bois de ces temps agités. Leur présence aux confins, ou plutôt en dedans des limites des provinces anglaises, le rôle qu’ils ont joué en rapport avec les sauvages et les blancs sédentaires, les exploits de plusieurs d’entre eux, tout s’est réuni pour frapper l’imagination des Américains et des Européens à leur sujet. Les héros du désert, décrits par Châteaubriand, Fenimore Cooper et tant d’autres romanciers, Jules Verne compris, sont des Canadiens. Grâce à ces auteurs, le mot « Canadien » signifie uniquement trappeur, canotier, coureur de bois, découvreur, interprète, car c’est ainsi que la littérature nous a fait connaître dans le monde entier — c’est-à-dire autrement que nous ne sommes ; toutefois on ne peut méconnaître que cette légende est basée sur des faits véritables et nombreux dont la date par exemple aurait besoin d’être expliquée aux lecteurs.

Dans le cours des longues difficultés entre lord Baltimore, du Maryland, et les gouvernements de la Pennsylvanie, une bande de Canadiens s’était faite partisan du lord, en raison de ce qu’il se montrait bon catholique. Quant à l’état de New-York, nos gens y commerçaient, voyageaient et demeuraient comme chez eux, ou à peu près, malgré ou plutôt à cause des défenses et des menaces de châtiments de la part des gouverneurs de Québec. L’espèce de dénationalisation qui s’en suivit, procura aux Anglais des interprètes, des guides, des voyageurs, selon le terme consacré, qui les menèrent aux rivages des grands lacs et au bord du Mississipi.

Le réseau des postes militaires qui commençait à Cataracoui pour envelopper les lacs, couvrir les Illinois, la contrée des Sioux et joindre la Louisiane en suivant le cours du Mississipi, était la plus vaste entreprise de découverte et d’établissement que nous offre l’histoire moderne. Elle a été accomplie, en très peu d’années, avec des ressources insignifiantes, par quelques centaines de Canadiens dévorés de la passion de tout voir, et retenus au loin de leurs foyers par les agréments de la vie nouvelle qu’ils rencontraient sous des climats plus doux. Le fort Saint-Louis des Illinois, à peine créé, devenait le rendez-vous de ces aventuriers. La Hontan y rencontra (1689) une vingtaine de traiteurs qui, pour la plupart, se trouvaient de passage. Vers le même temps, d’autres Canadiens commencèrent des cultures et prirent femmes parmi les sauvagesses. Ces unions, souvent sanctionnées par les missionnaires, ont été l’origine de la race métisse, dans laquelle se sont fondus tant d’émigrés du Canada ; l’influence de la mère sur les enfants et du milieu où grandissaient ceux-ci triomphèrent des traditions et des coutumes paternelles ; on vit surgir, entre le pur sauvage et l’homme civilisé, une caste à part, valant moins que l’Européen mais supérieure à l’élément indigène, en tous cas, alliée des Français et chrétienne plutôt qu’idolâtre. C’est une erreur de croire que les demi-sangs se sont incorporés à la race canadienne : après en être sortis, ils n’y sont pas rentrés. Le métis est resté ce qu’il était au premier jour de la fusion ; ses parents ont continué à absorber les hommes du Canada. Pour maintenir une population semblable à la nôtre dans ces contrées il a fallu des Canadiennes mariées à des Canadiens.

Le père Allouez avait de bonne heure poussé ses travaux jusque chez les Miamis et fait connaissance avec les Illinois, où d’autres religieux avaient fini par s’arrêter. En 1683, écrit Mgr de Saint-Valier, « de sept jésuites qui était dans cette mission, il y en avait quatre presque hors de combat par leur âge, et, sans le secours de quelques Français, qui par leurs vertus s’étaient donnés à eux pour les servir gratuitement dans les voyages continuels qu’il fallait faire, on n’aurait jamais pu en soutenir la dépense ; il y avait aussi deux frères de la même compagnie qui ne contribuaient pas peu par leurs soins à faire subsister leurs pères. » L’un des missionnaires de ces contrées, le père Julien Binneteau, écrivait en 1699 : « Il y a aussi des femmes mariées à de nos Français qui seraient d’un bon exemple dans les maisons de France les mieux réglées. Quelques-unes de celles qui sont mariées aux Sauvages ont un soin extraordinaire d’entretenir la piété dans les familles : elles exhortent leurs maris à la vertu, leur demandant le soir s’ils ont fait leurs prières ; les portent à fréquenter les sacrements, et pour elles, elles se confessent au moins tous les huit jours et communient souvent. »

La baie des Puants était occupée par une garnison dès 1688 et autour du fort on voyait des établissements canadiens.

Le poste de Michillimakinac, très important au point de vue militaire, était situé sur un sol impropre à la culture, aussi ne fut-il en tous temps qu’un comptoir de traite. Son isolément au milieu des eaux défiait les attaques des Iroquois. En 1688 on y voyait deux villages, l’un outaouais, l’autre huron, séparés par une simple clôture, néanmoins, les Outaouais construisirent cette année un fort sur un côteau voisin parce qu’ils appréhendaient la vengeance des Hurons par suite de l’assassinat de l’un de ces derniers de la main d’un Outaouais. À côté du village huron et dans un enclos de palissades, les jésuites avaient leur chapelle et leur résidence, chef-lieu des missions des lacs et même de celles d’au delà. Dans la partie fortifiée de l’île étaient les magasins, quartier-général des traiteurs du sud et de l’ouest, car Michillimakinac voyait passer tous ceux qui allaient trafiquer chez les Puants, les Outagamis, les Illinois, les Outaouais, les Sioux et les nations du nord du lac Supérieur. Ce lieu servait donc d’entrepôt pour les pelleteries en toute saison. Lorsque Lamothe-Cadillac eut fondé le Détroit, les Hurons se portèrent de ce côté, suivis de plusieurs Outaouais, d’autres sauvages se dispersèrent dans les îles. Il ne resta plus qu’une médiocre bourgade, mais les jésuites qui, en tout temps, avaient trouvé de la docilité chez ces sauvages, ne voulurent point s’en éloigner ; leur présence était d’ailleurs utile dans les fréquentes négociations avec les bandes qui survenaient des contrées avoisinantes et qui regardaient les prêtres comme des grands chefs français. Une autre cause de faiblesse pour Michillimakinac fut la traite qui entraîna les sauvages du nord à la baie d’Hudson, de 1696 à 1713, alors que le pavillon français flottait en maître sur les forts de ces territoires ; on eut le chagrin, après cette date, de ne pouvoir endiguer le courant ainsi dirigé au nord, au profit des Anglais qui venaient d’entrer en possession de la baie.

Au nombre des soixante et trois Canadiens ou Français résidant au Détroit en 1708, on cite François Beauceron et Cullerier, de Montréal ; François Fafart-Delorme, interprète, et Gouin, des Trois-Rivières ; Pilet et Miny, de lieux inconnus. Trente-neuf colons avaient pris des terres ; les vingt-cinq autres étaient coureurs de bois de profession. Durant les deux ou trois ans qui suivent on voit les noms de Pierre Godefroy de Roquetaillade, Jacques Godefroy de Marbeuf ou Maubeuf, Charles Chêne, son beau-frère, et Nicolas Langlais. En 1707 on avait compté quatorze naissances ; en 1708, treize ; et en 1709, dix-neuf, ce qui donne à supposer une population établie d’au moins deux cents âmes. Le tableau suivant a été dressé par M. H. Prudhomme, de Windsor, sur les registres de Sainte-Anne, du Détroit :

De 1703 à 1710 : — 94 naissances ; 3 mariages ; 13 décès.
" 1711 à 1720 : — 43 nais" 7 mari" 15 "
" 1721 à 1730 : — 106 nais" 16 mari" 44 "
" 1731 à 1740 : — 156 nais" 27 mari" 73 "
" 1741 à 1750 : — 233 nais" 24 mari" 114 "
" 1751 à 1760 : — 363 nais" 70 mari" 216 "
" 1761 à 1770 : — 351 nais" 80 mari" 217 "
" 1771 à 1780 : — 476 nais" 60 mari" 182 "
" 1781 à 1790 : — 551 nais" 80 mari" 219 "
" 1791 à 1800 : — 914 nais" 167 mari" 367 "


Les sauvages infestaient les environs du Détroit et gênaient les habitants. M. de Louvigny leur donna la chasse (1717), mais s’il rétablit la quiétude, peu ou point d’améliorations se manifestèrent durant les quinze ou vingt années qui suivirent. De 1717 à 1727. Alphonse de Tonty gouverna l’établissement. En 1721, les Outagamis étaient encore menaçants ; la question de la traite de l’eau-de-vie demandait toute l’attention du conseil local ; les anciennes terres produisaient d’excellent blé, toutefois on n’en défrichait pas de nouvelles. Les habitants diminuaient en nombre. En 1725 le bruit courut un moment qu’on allait bâtir une ville au Détroit. La guerre des Outagamis ou Renards coupa court au projet et ce ne fut qu’en 1734 que l’on se remit à organiser la colonie, en commençant par réviser les titres des concessions de terre et en accorder d’autres aux arrivants, la plupart recrutés parmi les soldats et les coureurs de bois dégoûtés de la vie errante ou des émotions des dernières campagnes.

Le marquis de Vaudreuil était revenu de France, en 1716, annonçant la mort du roi et se préparant à exécuter, sous le nouveau régime, les projets qu’il avait mûris dans l’intérêt du Canada. Le décès de Louis XIV mettait fin à un règne qui avait mal tourné, et plus peut-être pour nous que tout autre. M. de Vaudreuil conclut la paix avec les Iroquois, donna le branle à un mouvement commercial et industriel qui se peut comparer à celui dont l’intendant Talon avait été le créateur, cinquante ans auparavant, et, malgré la banqueroute du trésor français, la confiance renaquit. Les contrées de l’ouest devinrent encore une fois l’objet de l’attention des marchands et du pouvoir. Le gouverneur écrivit au ministre (1716) demandant la permission de pousser les découvertes et le trafic des pelleteries jusqu’à l’océan, si possible. Ce dessein fut approuvé, comme en fait foi le mémoire suivant du conseil de marine (7 décembre 1717) : « Messieurs de Vaudreuil et Bégon ayant écrit l’année dernière que la découverte de la mer de l’ouest serait avantageuse à la colonie, il fut approuvé que, pour y parvenir, M. de Vaudreuil établit trois postes[1] qu’il avait proposés, et il fut marqué en même temps de faire ces établissements sans qu’ils coûtassent rien au roi, attendu que le commerce devait indemniser ceux qui les feraient, et d’envoyer un projet en détail de ce qu’il en coûterait pour continuer cette découverte. Ils marquent, en réponse, que M. de Vaudreuil a fait partir au mois de juillet dernier le sieur de la Noüe,[2] lieutenant, avec huit canons (canots ?) pour suivre le projet de cette découverte. Il lui a donné ordre de faire l’établissement du premier poste dans la rivière de Kanastigoya, dans le nord du lac Supérieur, après quoi il doit aller à Takamani8ix[3] vers le lac des Christinaux[4] pour en faire un second, et avoir par le moyen des sauvages les connaissances nécessaires pour le troisième au lac des Assenipoëilles.[5] Ce voyage ne coûte rien au roi, parce que ceux qui le font se dédommageront de leurs dépenses sur la traite qu’ils feront ; mais pour suivre cette découverte, il est absolument nécessaire que Sa Majesté en fasse la dépense, parce qu’il faut que les gens qui y seront employés abandonnent toute idée de commerce. Ils estiment qu’il faudra cinquante bons voyageurs, dont vingt-quatre occuperont les trois postes et les vingt-six autres pour faire la découverte, du lac des Aissinipoils à la mer de l’ouest. Ils estiment les gages de ces hommes à chacun trois cents livres par an et comptent que la dépense, tant en vivres, canots, qu’en marchandises, pour le présent, montera à vingt-neuf mille vingt-trois livres. Il y aura à augmenter pour un supplément d’appointement de six cents livres à chacun des officiers qui seront employés à cette découverte. Total : trente-deux mille six cent vingt-trois livres. Comme il faudra environ deux ans pour faire ce voyage, ils estiment que cette dépense pourra aller à cinquante mille francs. »

Ce document fait supposer que le premier poste établi en 1679 au nord du lac Supérieur avait été abandonné, ou négligé, comme aussi le second élevé par les soins de Du Luth de la Tourette en 1684. La Hontan, écrivant en 1689, du lac Huron, dit : « Il y a déjà quelques années que M. Duluth avait construit un fort de pieux dans lequel il avait des magasins remplis de toutes sortes de marchandises. Ce poste, qui s’appelait Camamistigoyan, faisait un tort considérable aux Anglais de la baie d’Hudson, parce qu’il épargnait à quantité de nations la peine de transporter leurs pelleteries à cette baie. » Néanmoins, la station plus avant dans les terres, au lac Nipigon, semble avoir été assez régulièrement maintenue par les Français car elle existait une trentaine d’années après la date de la lettre de La Hontan. En tous cas, les deux pièces qui suivent nous renseignent sur les débuts de l’entreprise du sieur de Lanoue. Le 11 décembre 1718, l’intendant Bégon écrivait au ministre : « Le sieur de Vaudreuil a été informé par des lettres du sieur de la Noue qu’étant arrivé fort tard à Kaministiquoya, où il avait trouvé peu de sauvages, il n’avait pu détacher aucun de ses canots pour aller à la Kamanionen,[6] et qu’il y enverrait après le retour de ceux qu’il a envoyés le printemps à Michilmakinac pour y chercher des vivres. Il ajoute que les sauvages de son poste étaient fort contents de cet établissement et promettaient d’attirer tous ceux qui ont accoutumé d’aller faire leur traite à la baie d’Hudson ; qu’il a fait écrire par un des Français qui étaient à la pointe de Chagoamigon à un chef de la nation des Sioux et qu’il espérait de réussir à faire faire la paix entre cette nation et celle des Christinaux, ce qui le mettra en état de poursuivre avec moins de risque l’exécution des ordres qu’il a pour la découverte de la mer de l’ouest. » En marge est écrit : « Approuvé ce premier article. » Le 14 novembre 1719, gouverneur et l’intendant, siégeant en conseil à Québec, écrivaient au roi, ou plutôt au régent : « Le sieur de Vaudreuil n’a reçu, cette année, aucune lettre du sieur de la Noue. Il a seulement appris, par la voie de Chagouamigon, qui est au sud du fond du lac Supérieur, et où le sieur de Saint-Pierre[7] commande depuis l’année dernière, que le sieur Pachot[8] y avait passé, allant au pays des Sioux, où il a été envoyé par le sieur de la Noue au sujet de la paix qu’il ménageait entre cette nation et celle des Christineaux, mais que le sieur Pachot n’étant pas de retour à Chagoamion dans le temps que les derniers canots en sont partis, on n’y était point informé du succès de son voyage. Le silence du sieur de la Noue donne lieu de juger qu’il aura voulu attendre le retour du sieur Pachot pour rendre compte au sieur de Vaudreuil de ce qu’il a fait pour l’exécution des ordres dont il l’avait chargé, et qu’il n’aura pu le faire dans le temps que le sieur Pachot sera arrivé à Kaministiquoya, parce que la saison aura été trop avancée. Le sieur de Vaudreuil estime que l’absence du sieur Pachot aura mis le sieur de la Noue hors d’état d’envoyer cette année à Takamamionen,[9] mais c’est que cet officier aura trouvé le moyen d’attirer à son poste les sauvages qui ont accoutumé d’aller faire la traite à la baie d’Hudson. »

Une fois M. de la Noue installé à la baie du Tonnerre, M. de Vaudreuil se proposait de faire partir de là un officier qui se dirigerait à l’ouest jusqu’à la mer. En 1718 il avait écrit dans ce sens à la Noue, l’informant que s’il parvenait à lui envoyer de bonnes nouvelles, M. de la Morandière[10] se mettrait en route de Québec pour l’aller rejoindre et tâcher ensuite de se rendre aux limites du continent. Il faut croire que les renseignements firent défaut ou que les autorités de Québec avaient en main trop d’entreprises, car une douzaine d’années s’écoulèrent avant que l’on n’adoptât des mesures à ce sujet.

Les postes du Mississipi, des lacs et du Saint-Laurent absorbaient forcément l’attention du gouverneur et de son entourage. En 1721, il fut jugé à propos de rétablir Niagara pour mettre une barrière aux empiètements des Anglais et maintenir les rapports réguliers entre le Bas-Canada et le sud-ouest. Les établissements des Anglais et des Français se touchaient déjà en quelque sorte. Il ne restait plus de déserts ou de forêts non fréquentés à l’est du Saint-Laurent, des lacs et du Mississipi. Au nord, même situation. Avant que de s’enfoncer dans l’ouest et le nord-ouest, les Français devaient assurer leurs derrières. Les deux peuples étaient désireux de tailler le plus largement possible, chacun à son compte, dans la carte de l’Amérique. La France voulait qu’on lui reconnût le droit de planter son drapeau sur tous les territoires arrosés par les affluents du Mississipi et du Saint-Laurent, tandis que l’Angleterre s’efforçait de faire adopter en principe que l’occupation réelle et effective constituait le seul titre acceptable. Au moment où ces débats de la diplomatie avait lieu et où les Anglais argumentaient de manière à faire croire au dehors que les Canadiens s’étaient bornés jusque là à découvrir ces magnifiques territoires, la moitié de la population du Canada était répandue autour des grands lacs et sur les bords du Mississipi, ce qui paraît extraordinaire lorsque l’on compare le peu de ressources placées à notre disposition avec les moyens puissants que possédaient nos voisins. La traite avait repris vigueur après la liquidation de la monnaie de carte (1717). Un mouvement continuel se faisait sentir sur les lacs, placés entre deux colonies : le Canada et la Louisiane. À Michillimakinac, principal point de repère de cette longue suite de stations et de voies navigables, il y avait, durant certains mois de l’année, autant de monde qu’à Montréal. Nous nous portions alors vers ces contrées comme de nos jours dans les États de la Nouvelle-Angleterre. C’était la fureur du moment, la Californie des rêves, le théâtre de la nouveauté.

Depuis quarante ans la « rivière par où l’on va aux Assinipoulala, à cent vingt lieues vers le couchant » figurait sur les cartes, mais les yeux ne se tournaient à l’ouest que pour voir le pays des Sioux, à une soixantaine de lieues du lac Supérieur. Le nord-ouest était demeuré totalement inconnu lorsque Robutel de la Noue fut envoyé à la baie du Tonnerre en 1717.

Néanmoins, en France et aussi en Canada, la pensée de ceux qui s’occupaient de découvertes, sous la régence (1715-1723) était toute à la recherche d’un passage allant d’un océan à l’autre par le nord du continent. Les projets, pétitions, mémoires et cartes affluaient sur la table du duc d’Orléans. D’excellentes choses étaient renfermées dans tout cela, sans doute, mais le régent aimait, comme Louis XIV, les découvertes toutes faites. Après beaucoup de discussions, le cabinet se ressentit de la lassitude du chef ; les ministres, qui paraissaient avoir pris feu au début de l’affaire, devinrent apathiques, et une fois replongés dans l’indifférence, ils profitèrent de la mort du régent (1723) pour abandonner au courage des Canadiens la tâche colossale d’ouvrir à la civilisation ces contrées immenses, trois fois plus étendues qu’on ne le supposait.

« En 1718, raconte M. Pierre Margry, un prêtre nommé Bobé, qui eut le mérite d’exciter fortement le régent et les ministres à la découverte de la mer de l’ouest, regardait comme une vaste terre l’espace comprise entre le détroit d’Uriez (en Asie) et la Nouvelle-France. Cet ecclésiastique, fort savant d’ailleurs, pensait que, si l’on marchait entre le 47e et le 70e dégré de latitude, on ne trouverait point la mer que l’on n’eût atteint le golfe d’Amur, lequel disait-il était formé par les terres du Japon, de la Tartarie et de la Bourbonie. Il appelait Bourbonie cette contrée imaginaire qui lui semblait joindre l’Amérique à l’Asie et par laquelle, selon lui, étaient passés les Tartares et les Israélites tartarisés après la dispersion de Salmanazar, comme le prouvait, ajoute-t-il, la figure des Sioux, qui ressemblait à celle des Tartares. Ces chimères d’un homme éclairé, accréditées chez d’autres qui ne l’étaient pas moins, faisaient souhaiter que la France placée à portée par sa possession du Canada, d’en reconnaître l’erreur, envoyât à travers l’Amérique du nord une expédition d’explorateurs qui dissiperaient les ténèbres restées sur le nord de ce continent. »

Le père Charlevoix arriva de France (1720) en partie dans le but de poursuivre ces études et de recueillir des renseignements, d’après lesquels on espérait pouvoir adopter une ligne de conduite en rapport avec cette entreprise. Il soumit (1723) deux projets, qui restèrent dans les cartons avec les autres. Voici comment il s’exprime dans son journal de voyage : « J’ai rencontré à la baie Verte quelques Sioux que j’ai fort questionnés sur les pays qui sont à l’ouest et au nord-ouest du Canada, et, quoique je sache qu’il ne faut pas toujours prendre à la lettre tout ce que disent les Sauvages, en comparant ce que ceux-ci m’ont rapporté avec ce que j’ai ouï dire à plusieurs autres, j’ai tout lieu de croire qu’il y a dans ce continent des Espagnols, ou d’autres colonies européennes, beaucoup plus au nord que ce que nous connaissons du Nouveau-Mexique et de la Californie, et qu’en remontant le Missouri, aussi loin qu’il est possible d’y naviguer, on trouve une grande rivière qui coule à l’ouest et se décharge dans la mer du sud. Indépendamment même de cette découverte que je crois plus facile par là que par le nord, je ne puis douter, que les indices que j’ai eus de plusieurs endroits et qui sont assez uniformes, qu’en essayant de pénétrer jusqu’à la source du Missouri on trouvera de quoi se dédommager des frais et des fatigues, que demande une telle entreprise. »

Pour ce qui concerne le point de départ, ou base des opérations, les chercheurs et faiseurs de plans se partageaient en deux classes. Le territoire arrosé par le Missouri, ou les côtés ouest du lac Supérieur attiraient l’attention l’un et l’autre. M. de Vaudreuil crut prudent de réunir ces deux projets en un seul et, pour commencer, il fit établir un poste chez les Sioux et un dans la baie du Tonnerre, comme on l’a vu. Ces deux forts, placés en vedette, à une grande distance l’un de l’autre, devaient contribuer puissamment à éclaircir le mystère qui enveloppait l’ouest. Par le moyen du premier, il devenait possible de se mettre en communication directe avec les peuples placés dans les terres où le Missouri prend ses sources, et par le second une chaîne de rivières et de lacs ouvrait une autre porte plus au nord et toujours dans la direction de l’ouest. Les récits du temps font comprendre qu’une centaine d’hommes partirent pour aller demeurer chez les Sioux ; nous ne savons si le poste de la baie du Tonnerre en reçut autant ; ce n’est pas probable. Il y a lieu de croire que, de 1720 à 1726, c’est-à-dire à l’époque de l’écroulement de la banque de Law, du décès du duc d’Orléans, du décès de M. de Vaudreuil, du naufrage du Chameau et de la crise commerciale qui s’en suivit, le nord-ouest n’attira que très peu l’attention.

Les commencements du règne de Louis XV datent de la mort du régent. Ils furent heureux. Le jeune roi annonçait d’excellentes dispositions. Les réformes dont la France éprouvait le besoin semblèrent d’abord l’occuper vivement. Son entourage était grand ami de la paix, on le savait et on l’en félicitait. Les Canadiens, déjà lancés dans plusieurs entreprises lointaines, se croyaient plus libres de les poursuivre et en cela leur caractère aventureux ne les retenait nullement. Depuis un siècle, ils parcouraient les solitudes de l’ouest. Toutes les rivières qui tombent dans le Mississipi, du côté ouest portaient leurs canots de traite. À la Louisiane, une colonie était née sous leurs pas.


Et puis, domptant les flots des grands lacs orageux,
Franchissant la savane et ses marais fangeux,
Pénétrant jusqu’au fond des forêts centenaires,
Voici nos découvreurs et nos missionnaires !
Apôtres de la France et pionniers de Dieu,
Après avoir aux bruits du monde dit adieu,
Jusqu’aux confins perdus de l’Occident immense,
Ils vont de l’avenir jeter l’âpre semence,
Et porter, messagers des éternels décrets,
Au bout de l’univers le flambeau du progrès.

Appuyé sur son arc, en son flegme farouche,
L’enfant de la forêt, l’amertume à la bouche,

Un éclair fauve au fond de ses regards perçants,
En voyant défiler ces étranges passants,
Embusqué dans les bois ou campé sur les grèves,
Songe aux esprits géants qu’il a vus dans ses rêves.
Pour la première fois il tresaille, il a peur…
Il va sortir pourtant de ce calme trompeur ;
Il bondira, poussant au loin son cri de guerre,
Défendra pied à pied son sol vierge naguère,
Et féroce, sanglant, tomahawh à la main,
Aux pas civilisés barrera le chemin !

N’importe ! sur la vague, au fond des gorges sombres,
Par les gués, sous les bois, jusque sur les décombres
Des villages surpris, combattant corps à corps,
Avec la solitude et le ciel pour décors,
Mêlant, prêtre ou soldat qu’un même but attire,
Les lauriers de la gloire aux palmes du martyre,
Le bataillon est là, toujours ardent et fier !
Et jaloux aujourd’hui des promesses d’hier,
Il ne veut s’arrêter dans sa lutte immortelle
Qu’au jour où le drapeau de la France nouvelle.
Flottera libre et calme, étalant dans ses plis
Le légitime orgueil des saints devoirs remplis…
Avec des dévouements qui tiennent du prodige,
Ils ne comptent jamais les obstacles ; que dis-je ?
Ils semblent en chercher qu’ils ne rencontrent pas.
En vain d’affreux périls naissent-ils sous leurs pas,
Vainement autour d’eux chaque élément conspire.
Ces enfants du sillon fonderont un empire !


Ces vers de Louis Fréchette rendent harmonieusement les impressions de tous les lecteurs de notre histoire. Bancroft, Parkman et nombre d’autres écrivains étrangers ont exprimé à plusieurs reprises, leur admiration pour les auteurs de tant de glorieux exploits. Ils ne peuvent s’empêcher de faire un rapprochement entre cette race vigoureuse et entreprenante et les colons de la Virginie, de New-York, du Massachusetts, du Connecticut et du Maine. Ceux-ci, plus nombreux, plus riches, occupaient, entre la mer et les montagnes, une étroite lisière de terrain. Un siècle s’était écoulé et ils n’avaient pas encore songé à se retourner dans le lit qui les gênait. Bien plus, ces voyageurs canadiens qui rôdaient à leurs portes et que l’amitié des tribus sauvages rendait parfois redoutables, inquiétaient les colons anglais. Les héros des batailles et des découvertes du centre Amérique étaient devenus légendaires de leur vivant.


  1. À la baie du Tonnerre, au lac la Pluie et au pays des Sioux ?
  2. Zacharie Robutel de la Noue, né à Montréal en 1665, fils de Claude Robutel de Saint-André, seigneur en partie de l’île Saint-Paul. Zacharie était probablement ce M. de Lanoue qui avait visité la baie d’Hudson, en compagnie de Péré (1684). Il s’était marié (1689) avec Catherine LeMoyne. Les LeMoyne lui vendirent (1706) la seigneurie de Châteauguay. Son dernier fils survivant paraît avoir été Joachim né en 1705, qui passa en France après la capitulation de Montréal (1760).
  3. C’est évidemment le lac la Pluie.
  4. Le lac des Christinaux est imaginaire. Certaines cartes le mettent au nord-ouest du lac Nipigon.
  5. Le lac Winnipeg.
  6. Le lac la Pluie.
  7. Le Gardeur de Saint-Pierre.
  8. Pacaud. Il y avait à Québec une ou deux maisons de commerce de ce nom.
  9. Le lac la Pluie.
  10. Étienne Rocbert de la Morandière, marié à une Canadienne.