Histoire de la ville d’Agde depuis sa fondation/Catalogue historique des évêques d’Agde

textes incomplets


impr. de I. Tournel aîné (p. 341-354).

  1. SAINT-VENUSTE ou VENUSTUS. Les auteurs sont partagés sur l'époque de son épiscopat et de son martyre. Il eût été d'autant plus nécessaire de la fixer avec certitude, qu'elle aurait fait connaître en même temps celle de l'établissement de l'Église d'Agde. Suivant les uns, Saint Venuste fut martyrisé par Crocus, roi des Allemands ou des Vandales, vers l'an 263, sous les empereurs Valérien et Gallien ; c'est là le sentiment de Grégoire de Tours, et ce qu'on lit aussi dans un vieux manuscrit attribué à Amatius, évêque d'Avignon, d'après lequel Saint Privat, évêque de Mende, fut martyrisé dans le même temps que Saint Venuste, c'est-à-dire vers le milieu du 3.e siècle, lors de l'irruption des Allemands. Suivant les autres, cette irruption ne doit être placée qu'au commencement du 5.e siècle, et le martyre de Saint Venuste et de Saint Privat qu'en 408. Je me range à cet avis : 1.° parce que l'histoire nous apprend que Posthume ayant été élu empereur dans les Gaules l'an 260, il les défendit pendant son règne qui fut de sept ans, contre les excursions des peuples d'outre-Rhin, et que ceux-ci n'osèrent remuer pendant cet intervalle ; il n'y eut donc point d'invasion étrangère de l'an 260 à l'an 267 ; 2.° parce que Warnharius, auteur des actes du martyre de Saint Didier, évêque de Langres, qui vivait au commencement du 7.e siècle, et par conséquent peu de temps après Grégoire de Tours, met l'irruption de Crocus au commencement du 5.e siècle, et son autorité est d'un tout aussi grand poids ; 3.° parce que Aimoin, Sigebert, etc. pensent de même ; 4.° parce qu'en reculant jusqu'en 263 l'épiscopat de Saint Venuste, on est réduit à ne plus lui trouver de successeur jusqu'à Béticus, et que cette lacune de près de deux siècles cesse d'exister en rapportant le martyre de Saint Vénuste à l'an 408, ce qui rétablit la présomption que c'est au commencement du 5.e siècle qu'il occupait le siège épiscopal d'Agde. Peutêtre y a-t-il eu deux irruptions de Barbares sous deux rois appelés Crocus, une dans le 3.e et l'autre au commencement du 5.e siècle, et l'on a confondu les événements de ces deux époques. Mais il est d'autant plus présumable que c'est à la dernière qu'il faut placer le martyre de Saint Venuste, de Saint Privat et d'autres Évêques nommés dans l'exhortation qu'Amatius, évêque d'Avignon, adessa son peuple dans cette circonstance, qu'il s'en fallait bien qu'au 3.e siècle, sous Valérien et Gallien son fils, le christianisme fût généralement établi dans les Gaules, et qu'il y eût ce grand nombre d'églises et d'Évêques qu'on y compta dans le 5.e.
  2. BÉTICUS, en 453. Il conçut beaucoup d'estime pour Saint Sever, qui aborda à Agde vers l'an 456, et à qui il permit de se reclure dans une cabanne hors de la ville. Voyez Saint Sever à l'article des hommes recommandables.
  3. SOPHRONE, en 506, époque du concile tenu dans l'église Saint-André, auquel il assista. Messala était alors consul d'Agde.
  4. LÉON, en 540. On an vu dans le cours de cette histoire ses démêlés avec le comte Gomacharius. On peut rapporter au temps de son épiscopat un acte daté du règne de Théodébert, roi de Metz, par lequel un prêtre nommé Raguebert, donne à l'abbaye Saint-Sever la moitié d'un mas en la ville de Marmian, avec le jardin, four, et quelques pièces de terre au rivaige du fleuve qui s'appelle Araur, Hérault, en latin Arauris. Le mot ville est dit ici pour villa, ou métairie, ferme, village.
  5. FRONIMIUS, en 569. J'ai déjà dit pourquoi Leuvigilde voulait le faire assassiner en 580. Il fut nommé évêque de Vence vers l'an 589.
  6. TIGRIDUS, ou TIGRIDIUS, ou NIGRIDIUS, ou DIGRIDIUS, en 589. Il assista en personne au concile de Tolède, tenu dans cette même année.
  7. GEORGE, en 653. Il souscrivit au concile de Tolède en 654.
  8. WILESINDE, ou WILESMOND, en 667. Il défendit la ville d'Agde contre Vamba en 673.
  9. PRIMIUS, en 683. Il se fit représenter au concile de Tolède par Dexter, diacre. Nous regardons comme presque certain, malgré le silence de l'histoire, que cet Évêque n'eut pas le suivant pour successeur immédiat, Un autre Évêque inconnu a dû occuper le siège d'Agde pendant l'intervalle qui les sépare.
  10. DAGOBERT, avant 787. Plusieurs auteurs assurent que le P. Le Cointe, qui fait vivre cet Évêque sous le règne de Charlemagne, est dans l'erreur, et que Dagobert n'est pas différent de Dagbert dont il est parlé plus bas. Néanmoins, ils ne peuvent désigner aucun autre Évêque en remplacement de Dagobert, pour remplir le siège d'Agde dans le long intervalle de Primius à Just. Mais ces auteurs se trompent. Une concession faite par Charlemagne en 787, du tiers des droits domaniaux du comté d'Agde, en faveur de l'Église de cette ville et de Dagobert, son évêque, prouve que celui-ci en occupait le siège épiscopal à cette époque. Par le diplôme de Charles-le-Chauve dont nous avons parlé ailleurs, il paraît que cette concession fut ensuite révoquée par Charlemagne lui-même et par Louis-le-Débonnaire, son successeur.
  11. JUST, en 787. Il assista au concile de Narbonne en 791. Il fut pris pour arbitre dans un différend entre Daniel, archevêque de Narbonne, et l'Évêque de Béziers ou celui d'Elne, sur les limites de leur diocèse.
  12. DAGBERT, ou AGBERT, en 848. Il assista en 860 au concile de Thusi, dans le diocèse de Toul. Il a été question de lui dans le cours de cette histoire, sous Charles-le-Chauve. Quelques auteurs veulent que le siège épiscopal d'Agde ait été occupé en 879 par un évêque du nom d'Alaric, d'autres l'appellent Richard. L'erreur de ces derniers vient de ce que dans les souscriptions des Évêques qui assistèrent à l'assemblée de Mantaille, en Dauphiné, on a cru voir Richardus episcopus Agathensis, tandis qu'il y a Aptensis, ou d'Apt. Le duc Boson qui usurpa l'autorité royale et qui convoqua cette assemblée en 879, pour lui faire légitimer et reconnaître sa domination, ne régna point sur le diocèse d'Agde. Quant à Alaric, c'est de Béziers et non d'Agde qu'il était évêque à cette époque.
  13. BOSON, en 884. Il ne put se rendre à Narbonne en 885, pour assister à la cérémonie du sacre de Théodard, nouvellement élu archevêque de cette ville, parce que divers brigands couraient son diocèse. Il assista à un premier concile de Port en 887, et à un second dans le même lieu en 897.
  14. GÉRARD, en 904. Il assista à un concile de Saint-Tibéri en 907, à celui de Jonquières en 909, à celui de Fontcouverte en 911. Il signa la lettre que les Évêques de la province écrivirent en 914 au pape Jean X, contre l'élection de Gérard archevêque intrus de Narbonne, qui avait exclu Agio de ce siège. Cet Évêque paraît être mort en 922.
  15. ÉTIENNE, en 922. Il lui fut fait, le 19 août de cette année, une donation à laquelle son Église eut part, datée de l'année que Robert régna frauduleusement. On sait que ce prince, frère du roi Eudes, se fit élire roi en 922 par les factieux, et fut même couronné à Rheims le 30 juin.
  16. DABGERT, ou DAGOBERT, en 937. Il fut un des neuf Évêque qui se réunirent en concile à Ausède cette année même. Il souscrivit en 940 à diverses donations faites à l'abbaye de Saint-Pons, par l'Archevêque de Narbonne. Il fut tenu un concile dans cette dernère ville en 47, où Dagbert assista.
  17. BERNARD, en 949. On trouve le nom de cet Évêque dans un acte concernant Raymond, fils de Guillaume Bernard, de Marseillan, de l'an 21 du règne du roi Louis-d'Outremer, à partir de l'an 929 où mourut Charles-le-Simple, son père.
  18. SALOMON, en 954, an premier du règne du roi Lothaire. A cette époque il fit un échange de domaines avec Geiran et Adalinde, son épouse. Il est encore parlé de cet Évêque dans un jugement rendu en faveur de l'Église d'Agde en 957.
  19. BERNARD, en 958. Cet Évêque est nommé dans un acte ou une charte touchant Pons Barre, de Marseillan, de la cinquième année du règne du roi Lothaire.
  20. AMÉLIUS, en 970. Il disputa la possession de plusieurs villages à Raymond II, comte de Rouergue et marquis de Gothie. On tint un plaid à Nisme en 971 pour mettre fin à ce différent. Les seigneurs qui le composaient prononcèrent en faveur d'Amélius à qui Raymond fit un abandon des biens contestés, dont il l'investit par un fétu de Vigne. Voyez l'article de l'église Saint-Martin dans la statistique.
  21. SALOMON, en 972, dix-huitième année du règne de Lothaire. Il acheta certain droit seigneurial en 974, dans un lieu appelé Montezel, et donna deux petits champs en 976 à un prêtre nommé Lunis.
  22. ARNAUD, ou ARMAND, en 982. Il présida un plaid cette même année avec Guillaume, vicomte de Béziers et d'Agde.
  23. ÉTIENNE, en 990. Guillaume, vicomte de Béziers et d'Agde, le nomma son exécuteur testamentaire avec d'autres seigneurs. En 1001, Étienne vendit à Reynal, abbé d'Aniane et à ses Religieux, certains biens qu'il possédait dans le diocèse de Béziers. En 1005, Ermengaud, archevêque de Narbonne, donna à ce Prélat quelque argenterie par son testament. Étienne fit partie, en novembre de l'an 1010, d'une assemblée nombreuse réunie à Urgel, pour l'établissement de la vie canoniale des Chanoines de la cathédrale de cette ville. Il se rendit en 1022 à l'abbaye de Roses, en Espagne, avec d'autres Évêques, pour la dédicace de l'église de ce lieu, et pour en excommunier les ursupateurs. Il dédia le 22 août 1024 l'église de Palais, dans le diocèse d'Agde, que Garsinde et Raymond, son mari, avaient fait rebâtir et qui devint une dépendance de l'abbaye de Conques en Rouergue. Il fut appelé en 1034 à une assemblée de vingt-deux Seigneurs du pays, pour terminer un différent entre Guillaume et Pierre, fils et successeurs de Garsinde. Ce fut Étienne qui, lors du passage à Agde de Saint-Ysarn, abbé de Saint-Victor de Marseille, lui donna l'habit monastique.
  24. GUILLAUME, en 1043. Au mois d'août de cette année, il assista au huitième concile de Narbonne.
  25. GONTHIER, en 1050. Il se rendit au concile de Saint-Tibéri en 1050, au neuvième concile de Narbonne en 1054, à celui de Toulouse en 1056. Il avait assisté en 1054 à la dédicace de l'église de Maguelonne. Il sollicita et obtint en 1064, de Roger III, vicomte d'Agde, la réunion du monastère de Saint-André à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, ainsi que je l'ai déjà dit dans la statistique.
  26. BÉRENGER, en 1068. Il se trouva cette même année au concile de Gironne. Excommunié en 1076 pour avoir communiqué avec Guifred, archevêque de Narbonne, qui était anathématisé, il fut relevé de cette excommunication en 1077. Il assista au concile de Bézalu en décembre de cette dernière année, à une assemblée des trois États dans la cathédrale de Narbonne en mai 1080, et au concile de Toulouse en 1090. Il avait donné vers la fin du 11.e siècle, à l'abbaye de Saint-Tibéri, l'église de Bessan qui était du diocèse d'Agde. Quelques années après, il en fit une nouvelle donation à l'abbaye de la Chaise-Dieu, en Auvergne, à qui elle fut confirmée par Bernard, son successeur. Mais un jugement rendu dans un plaid tenu à Cabrils, sur la plainte des Religieux de Saint-Tibéri, les maintint dans la possession de l'église de Bessan. Voyez plus bas Adalbert.
  27. BERNARD, fils de Bernard vicomte de Béziers, en 1098. Il fut du nombre des Évêques qui s'assemblèrent à Saint-Tibéri au mois d'avril 1120, pour juger comme arbitres un différent entre Éléazar de Castries, et Arnaud, abbé de Saint-Tibéri. Il fit partie d'une assemblée nombreuse et célèbre, réunie au mois d'octobre 1115, pour la consécration de l'église du monastère de Cassan, au diocèse de Béziers. En 1122, il fit diverses donations au chapitre d'Agde.
  28. ADALBERT, ou ALDEBERT, en 1125. Il assista à un plaid assemblé à Corbian, où, de concert avec d'autres Évêques, il rejeta les prétentions que les Religieux de la Chaise-Dieu renouvelaient sur l'église de Bessan. Ceux-ci ayant appelé de ce jugement, il fut tenu à Loupian, dans le diocèse d'Agde, en 1129, une nouvelle assemblée où se trouvèrent Adalbert et Raymond, archidiacre de cette dernière ville. Étienne, abbé de la Chaise-Dieu, et Arnaud, abbé de Saint-Tibéri, quoique présens, défendirent leur droits par le ministère de leurs avocats. L'assemblée se prononça contre les Religieux de la Chaise-Dieu, qui en appelèrent au Pape. Innocent II étant venu dans la province l'année suivante, confirma la sentence rendue à Loupian. Voyez l'Évêque suivant et plus haut Bérenger.
  29. RAYMOND, en 1130. Il avait été archidiacre d'Agde, et était de la maison de Montredon, dans le diocèse de Nismes. Avant de recevoir la consécration des mains d'Arnaud, archevêque de Narbonne, il le somma de mettre à exécution la sentence du pape Innocent II, de laquelle il est parlé dans l'article précédent, et il fit assigner devant ce Prélat les Religieux de la Chaise-Dieu pour les obliger à s'y conformer. Ceux-ci continuant à traverser l'abbaye de Saint-Tibéri dans l'exercice de ses droits, le Légat du Pape, dans la province, écrivit à l'archevêque de Narbonne et à Raymond de la protéger. Cependant l'abbé de la Chaise-Dieu obtint du Pape que l'affaire serait examinée de nouveau. Hugues, archevêque de Rouen, délégué par Innocent II, convoqua à Montpellier, le 3 novembre 1134, une assemblée d'Évêques, du nombre desquels était Raymond et où l'abbé de la Chaise-Dieu ne comparut ni en personne, ni par procureur, tandis que celui de Saint-Tibéri s'y présenta. Hugues rendit un jugement favorable à ce dernier. Ce ne fut néanmoins que cinq ans après, dans un concile tenu à Uzès, où Raymond se transporta, que cette affaire fut complètement terminée à l'avantage de l'abbaye de Saint-Tibéri, à laquelle on adjugea l'église de Bessan, sous la condition de payer à l'abbaye de la Chaise-Dieu une rente de quinze sols melgoriens. Raymond fut élu archevêque d'Arles vers la fin de l'an 1142.
  30. ERMENGAUD, en 1142. Par son testament du mois de septembre 1149, il fit des legs à tous les prêtres, à tous les diacres, à tous les pauvres d'Agde. Il donna aussi un champ pour contribuer à refaire ou élever l'autel de la cathédrale Saint-Étienne, et mille sols melgoriens pour achever le chœur de cette église.
  31. BÉRENGER, en 1149. On voit dans un acte de 1151 que, conseillé par cet Évêque, un nommé Guillaume Raynal racheta un fief en présence de Pons, archidiacre. Bérenger fit son testament en 1152, et paraît être mort vers la fin du mois de septembre de cette année. Il n'y a aucune certitude que Pons lui ait succédé, comme quelques auteurs l'ont cru. Ce dernier étant à la tête du Chapitre comme Archidiacre, et gérant les affaire de l'évêché durant les vacances du siège, aura été pris pour l'Évêque.
  32. ADEMAR, ou AYMAR, en 1153. Dans cette même année il fut choisi pour arbitre dans un différent entre l'Évêque de Béziers et le prieur de Cassan. En 1155, Raymond de Preixan lui fit donation, ainsi qu'à l'église Saint-Sever, de tous les droits qu'il avait sur les dîmes de cette église. Cet Évêque vivait encore en 1162.
  33. GUILLAUME, en 1165. Cette même année il souscrivit, comme témoin, à un acte d'exemption de péage, accordé par Raymond Trencavel à l'abbaye de Salvanez. En 1173, il réduisit à douze le nombre des Chanoines de l'église d'Agde, en mémoire des douze Apôtres, leur donna des pensions et établit des Clercs. Il s'était trouvé au concile de Lambers en 1165.