Histoire de la paroisse Saint-Joseph de Carleton/Lettre Préface

Imprimerie générale de Rimouski (p. i-ii).
LETTRE-PRÉFACE




Révérend Monsieur E.-P. Chouinard,

Révérend MonsieurCuré de Saint-Paul de la Croix.


Mon cher confrère,

Je suis heureux de m’unir aux nombreux lecteurs de votre histoire de la paroisse de « Saint-Joseph de Carleton » qui vous en ont demandé la publication en volume, après l’avoir lue dans le Moniteur Acadien et dans le Progrès du Golfe.

L’histoire d’une de nos paroisses est toujours l’histoire très attachante pour nous d’une conquête au profit de la patrie du ciel et de celle de la terre, qui nous sont l’une et l’autre si chères. Tous ces humbles commencements sont souvent pleins d’un héroïsme d’autant plus réel qu’il ne vise nullement à la célébrité, et les faire connaître, c’est non seulement nous rappeler des souvenirs qui nous doivent rester chers et qui nous sont des titres de légitime fierté, c’est encore nous indiquer à nous, et spécialement à la jeune génération, la vie sûre du vrai progrès, de celui qui convient à notre meilleure expansion et qui répond aux meilleures aspirations de la race dont nous nous glorifions dans nos ancêtres.

Saint-Joseph de Carleton, où vous avez eu le bonheur d’exercer le saint ministère, a bien tout ce qu’il faut pour intéresser les recherches de l’érudit et pour tenter la plume d’un curé patriote. Cette première paroisse de la Baie des Chaleurs qui devient le berceau de la race française catholique dans toute cette belle région, fut d’abord — fait aussi inoubliable qu’attachant — un refuge ménagé par la Providence à quelques familles de nos glorieux frères acadiens, après la dispersion. Ceux qui vinrent s’y fixer et y chercher un abri venaient de subir le martyre de cet exil dont nous devons, comme eux, toujours nous souvenir. Ils y trouvent un motif de fierté nationale et de confiance en la Providence ; nous devons y trouver nous aussi un motif d’attachement et de bienveillance toute particulière pour ces frères héroïques qui ont eu à souffrir encore plus que nous.

Et quelles figures attachantes que celles de ces premiers curés-missionnaires — Bourg, Desjardins, Painchaud, aussi généreux qu’énergiques et actifs pour tout ce qui peut contribuer au bien spirituel et aussi temporel de leur petit troupeau.

Vous avez donc bien fait de rappeler ces faits trop ignorés et de remettre en lumière ces figures du passé dont les traits vigoureux conserveront fidèlement le vrai type de notre race. On verra une fois de plus, sous votre histoire de « Saint-Joseph de Carleton, » ce que notre clergé a toujours été pour nous : un soutien ferme, un guide éclairé, un ami tout dévoué.

Puisse votre livre aider à conserver à la génération d’aujourd’hui l’énergie et la vaillance des ancêtres, la foi et l’esprit chrétien sans lesquels nous ne pourrions rien ou à peu près rien. Puisse-t-il aussi contribuer à maintenir entre les frères du Canada et de l’Acadie l’union cordiale, la vénération réciproque et la pacifique harmonie nécessaire à nos intérêts qui sont les mêmes partout et qui ne peuvent être efficacement sauvegardés que par nos efforts sincèrement unis.

Dans cette espérance qui nous est commune, je vous renouvelle, mon cher confrère, mes sincères félicitations et mes vœux les meilleurs.

Bien vôtre en N. S.
Z.

10 mai 1906.