Histoire de la conversion des Géorgiens au christianisme/Préface


Traduction par Olga de Lébédew.
Casa editrice italiana (p. 5-7).


PRÉFACE


Le Patriarche d’Antioche, Macaire Elzaïme (الزعيم) arabe d’Alep, a été deux fois en Russie pendant le règne du Tzar Alexis. La première fois il y alla pour recueillir des aumônes ; la seconde — dix ans plus tard — invité par le Tzar, pour juger le Patriarche Nicone. À son premier voyage il était accompagné de son fils, l’Archidiacre Paul d’Alep, qui a fait une description très détaillée et fort curieuse, du voyage de son père.

L’original arabe de cette œuvre importante, au point de vue historique, n’a encore été imprimé nullepart, mais il a été traduit, d’abord dans les années trente du siècle dernier par Belfour en anglais, et en 1900 en russe par Georges Mourcos, professeur de langue arabe à l’Institut Lazarew de Moscou. Pourtant, ni l’un, ni l’autre n’a mentionné la partie du voyage du Patriarche Macaire en Géorgie, que nous présentons ici pour la première fois à nos lecteurs éclairés dont nous espérons obtenir l’indulgence.

Les traducteurs susmentionnés du voyage de Macaire, ne soupçonnaient même pas l’existence d’une description de son voyage au Royaume de Géorgie. Il est évident que ce manuscrit ne leur était point connu, ne se trouvant pas dans les copies desquelles ils ont fait leurs traductions. Cela s’explique facilement parce que cette partie du voyage du Patriarche a été décrite par lui-même et non par son fils Paul qui, à son retour de Moscou avec son père, tomba malade en Géorgie où il mourut.

Le Patriarche Macaire mentionne ce fait dans les termes suivants, dans une lettre adressée au Patriarche Josaphat de Moscou, de Tiflis, le 22 Juin 1669 : « Nous sommes arrivés en Ibérie, où l’Archidiacre Paul est mort, après y avoir séjourné un mois » (Καὶ ἤλθομεν ἡμεῖς εἰς τὴν Ἰβηρίαν ϰαὶ ἑϰαϑήσαμεν ἕνα μῆνα ϰαὶ ἀποτέθνηϰεν ὁ ἀρχιδιάϰονος Πάβλος).

Cette lettre est conservée à la bibliothèque Synodale de Moscou. Du reste, on peut voir par le texte même de notre manuscrit qu’il a été écrit par le Patriarche Macaire, puisqu’il dit partout : « Nous avons fait, nous avons ordonné…. etc. ». Tandis que l’Archidiacre Paul écrivait : « Et notre très-saint Patriarche a dit…. Et je m’y trouvais aussi en compagnie de Sa Sainteté…, etc. ».

Il est difficile de préciser à quelle époque le Patriarche Macaire a écrit la relation de son voyage : probablement bientôt après son retour à Damas (1671).

Le ms. que j’ai eu à ma disposition se trouve à la Bibliothèque du Vatican, sous le numéro 689 (Vatic. arab. 689 ; v. Mai, Script. Vet. Nova Coll., IV, 596). Il m’a été recommandé par l’illustre professeur Ignace Guidi. Ce manuscrit est écrit en langue vulgaire et toute son importance est en ce qu’il dépeint avec beaucoup de vivacité l’état religieux et politique du peuple Géorgien du XVIIème siècle, c’est-à-dire à une époque où ce pays nous était peu connu.

Cela suffit pour démontrer l’importance historique de notre manuscrit.


S.t-Pétersbourg, 1905.


Olga de Lébédew.