Histoire de deux unions mal assorties

Histoire de deux unions mal assorties
Revue des Deux Mondes6e période, tome 55 (p. 859-874).
HISTOIRE
DE DEUX UNIONS MAL ASSORTIES

Pendant la grande guerre, des érudits enfermés dans leur travail comme dans une citadelle qui les défendait contre les soucis, les inquiétudes, et même les angoisses de l’heure présente, ont patiemment travaillé. Ils ont déchiffré de vieilles lettres, consulté et trié d’anciens grimoires, relu des livres publiés ; ils nous livrent aujourd’hui les œuvres de leurs peines. Qu’ils soient remerciés d’avoir accompli leur tâche, malgré les difficultés de toutes sortes, la rareté des bibliothèques et des archives accessibles ; le mérite de ces chercheurs est plus grand qu’il ne le serait à tout autre moment. Il faut une singulière application, une volonté bien robuste, pour forcer son esprit aux disciplines du travail, alors qu’il tend à s’échapper vingt fois l’heure, et à s’absorber dans de cruelles préoccupations...

Parmi les laborieux de ces dernières années, un auteur qui signe Arnelle a récemment publié le second volume d’un ouvrage consacré à Mme du Noyer. Le premier, paru en 1913, était intitulé Mémoires et lettres galantes de Mme Du Noyer [1] ; celui-ci, qui est la suite de l’autre : Les filles de Mme du Noyer [2].

Les mémoires de cette dame, dont Arnelle donne de copieux extraits, virent le jour pour la première fois à Cologne chez Pierre Marteau en 1710-11.

Mme du Noyer est l’auteur aussi des Lettres historiques et galantes, et fut collaborateur à la Haye de deux feuilles périodiques qu’elle semait de nouvelles, d’anecdotes, et de bons mots : La Quintessence et Le Lardon.

Dans les mémoires et les lettres, qui contiennent un fatras de caquets, de redites et de racontars, souvent fastidieux ou embrouillés, Arnelle a trouvé la substance de deux livres fort divertissants. On y voit en pleine lumière la figure de Mme du Noyer, qui est d’une singulière originalité, puis celles de ses filles, d’un attrait différent, mais pour le moins aussi vif que celui que présente leur mère.

Mme du Noyer fut en effet une étrange femme, à la fois rusée et naïve, soupçonneuse et crédule, d’ailleurs vindicative, entêtée, violente et rapace, puis soudain généreuse à l’excès. A travers tout cela, excellente mère, ayant élevé, il faut en convenir, fort mal ses filles, qu’elle gâtait avec passion ou punissait sans mesure.

Elle était née à Nîmes en 1663, de parents protestants et se nommait Anne-Marguerite Petit. Elle perdit sa mère étant fort jeune et fut élevée par sa tante, Mme Saporta, dans le protestantisme le plus fervent. Après l’Edit de Nantes, les dragons du Roi, rendant la vie des hérétiques intolérable par les vexations et les tourments qu’ils leur infligeaient en vue d’obtenir leur abjuration [3], Mme Saporta et sa nièce résolurent, comme tant d’autres, de fuir la France, pour chercher à l’étranger une liberté que le Roi refusait si durement à ses sujets. Néanmoins, ces deux dames, surveillées de près, durent se séparer pendant le voyage. Mme Petit, travestie en garçon jardinier, passa de Lyon à Genève, où elle retrouva sa tante.

Pendant ce temps, des projets d’union furent ébauchés. Anne-Marguerite était riche, les prétendants furent nombreux, et Mme Saporta désirait fort l’établir pour la soustraire aux « papistes » par un mariage protestant. En 1688, la jeune fille se trouvait à Paris, enfermée dans un couvent, lorsqu’elle apprit que le Roi ordonnait à tous ses sujets d’abjurer, ou de sortir du royaume. Mlle Petit se disposait à en sortir en effet, quand le hasard, la providence, ou simplement quelque intervention amicale lui ménagea une entrevue qui devait décider de son avenir : chez une amie, elle rencontra M. du Noyer. On lui avait dit qu’il était laid, mais elle le trouva tout de go « très joli. »

Ce prétendant, malheureusement, était fervent catholique... mais il se dit qu’il viendrait bien à bout des résistances religieuses de la belle, « l’amour aidant. » Mlle Petit, internée dans son couvent, y recevait par ordre une instruction catholique ; M. du Noyer, amoureux, ne prétendait-il pas remplacer le moine auprès de la demoiselle, et l’exhorter de son mieux ? Il fit si bien, en effet, qu’elle s’éprit de ce prêcheur laïque. Heureux de l’aubaine, et jugeant l’heure venue, celui-ci se munit des dispenses nécessaires, d’un ordre du l Ri, assura Mlle Petit « qu’il n’en voulait pas à sa religion », et un beau jour de mai, la fit monter en carrosse avec la supérieure du couvent, « sans lui donner le temps de se reconnaître. » Lui-même suivait dans un second carrosse avec deux jésuites. On descendit à l’église Saint-Laurent où le curé les attendait.

Tout ce monde se rendit dans une salle « fort propre, » où M. du Noyer persuada à la jeune fille de l’épouser sur l’heure. « Les jésuites m’exhortaient, » dit-elle, « de me laisser conduire par le Père La Chaise, qui souhaitait cette affaire, et se chargeait de la faire approuver à mon oncle Cotton [4] dès qu’elle serait faite... » Les religieuses, de leur côté, l’embrassèrent et lui dirent : « Courage, mon enfant, c’est le plus beau jour de votre vie ! » On ne me faisait voir ni messe ni autel, j’étais jeune, M. du Noyer me disait les plus jolies choses du monde... On me fit dire que je croyais tout ce que l’Église catholique Apostolique et Romaine croyait, et après quelques mots latins, je me trouvai mariée ! »

Néanmoins, M. du Noyer n’eut pas lieu de se féliciter d’un choix aussi hâtif. Sa femme, fantasque et vaniteuse, lui rendit rapidement la vie intolérable ; il prit le parti de la tromper, mais le choix de ses maîtresses, pas plus que celui de sa femme légitime, ne fut excellent.

Un jour, Mme du Noyer soupçonna ce volage d’entretenir quelque commerce galant avec une de ses amies. Aussitôt l’épouse outragée de se costumer en valet, et de s’introduire dans l’écurie de la dame, pour le mieux épier. Malheureusement le cocher la prit pour un voleur, et la rossa d’importance ; elle n’en sut pas davantage ce soir-là. Une autre fois, Mme du Noyer découvrit que son mari, jusque-là sédentaire, faisait de fréquentes absences nocturnes, et, pour tout dire, qu’il la trompait avec une demoiselle Boutrave, « monstre boiteuse. » Cette fois-ci, l’épouse n’alla pas par quatre chemins : ayant aperçu à l’Opéra sa rivale, elle fut dans sa loge, l’insulta, lui arracha « sa coëffure, tignons et fontanges, » qu’elle lança dans le parterre, si bien que la victime resta tête nue et échevelée au milieu de la plus nombreuse assemblée qu’on pût trouver. Ce n’est pas tout : lorsque l’infortunée Boutrave sortit, Mme du Noyer, qui l’attendait au passage avec les spectateurs assez nombreux de l’incident, lui demanda des nouvelles « de quelques bâtards » que cette femme « avait eus d’un valet de chambre ! »

M. du Noyer ne parait pas avoir tenu rigueur à sa femme de ces scènes bruyantes, et peut-être après tout en fut-il secrètement flatté ; et puis, Mme du Noyer, rentrée en possession de ses biens [5], jouissait, en outre, d’un esprit d’ambitieuse intrigeu, qui s’exerçait généreusement en faveur de son mari, à qui elle obtint, grâce à d’activés démarches, d’abord la place de Consul à Nîmes [6], puis en 1694, celle de Maître des Eaux et Forêts de la Province du Languedoc [7].

Deux filles étaient nées de ce mariage : la première en 1689, la seconde cinq ans après ; le ménage eut aussi un fils, qui resta plus tard à M. du Noyer, et mourut jeune. Telle était cette famille en 1702. — « Il y a de bons mariages, a dit La Rochefoucauld, mais il n’y en a point de délicieux. » Si celui-ci n’était ni bon ni délicieux, que dire des mariages que contractèrent par la suite les filles de Mme du Noyer, et de toutes les infortunes où les entraîna un déplorable choix ?

Quand ses filles eurent treize et huit ans, leur mère, sous prétexte de pratiquer librement la religion de son cœur, partit subrepticement avec elles pour la Suisse, y voyagea, et finalement s’établit à La Haye.


A l’étranger, Mme du Noyer mena une vie assez bizarre.

Nous savons qu’en parlant elle prit 2 000 écus dans les tiroirs de son époux, et les diamants de son mariage ; qu’elle achetait en Hollande trois maisons, possédait des effets sur la banque d’Angleterre, etc. ; pourtant, nous savons aussi que la dame sollicitait du Grand Pensionnaire à La Haye (premier ministre) et de Guillaume d’Orange, secours et pensions [8] ; qu’elle « courait de porte en porte, revêtue de mauvais haillons, » et que ses filles lavaient la vaisselle... Néanmoins, des témoins affirmèrent que, pendant cette période, Mme du Noyer « possédait une douzaine d’habits magnifiques. »

Au milieu de tout cela, il lui vint à l’esprit de marier ses filles, — idée funeste, comme on le verra. — Un certain comte de Dohna Férassière, lieutenant-colonel d’un régiment suisse du service des Pays-Bas, ami de Mme du Noyer qui lui avait des obligations, aida, pour s’en acquitter, au choix déplorable du premier de ses gendres [9].

Malheureusement, la mère nous fait peu connaître le caractère de sa fille aînée. Elle ne parle que de sa beauté, de ses charmes, de sa jeunesse en fleur ; en lisant les mémoires de M. du Noyer, l’enfant nous apparaît douce, intéressée, assez sournoise ; elle écrivait en secret à son père, sur sa mère, des rapports dans lesquels elle accable celle-ci de la plus terrible façon. ;

Donc, en 1703, une proposition vint du comte de Dohna. Cet ami avait découvert un parti pour la jeune fille.

C’était un lieutenant de cavalerie du nom de Constantin, à la vérité plus très jeune, « sage comme un Caton, et d’humeur à rendre une femme très heureuse. » Tout dépend du point de vue duquel on se place... et d’abord ce Caton, « maître économe, » de goûts sérieux, ne parut pas devoir plaire. Alors en garnison dans le gueldre espagnol, il ne pouvait quitter Nimègue avant la fin de la campagne « on était en pleine guerre de Succession) ; mais Mme du Noyer se décida à faire le voyage, tant était grand son désir « d’établir» sa fille. Elle descendit à Nimègue chez le comte de Dohna, et Constantin se présenta devant ces dames pour la première fois.

On le trouva un peu vieux pour une fille de quatorze ans [10], et sa vue surprit. Rien non plus dans ses manières et son ajustement ne trahit le galant, on s’attendait à mieux. Pourtant son compliment « fort honnête, » marquait combien il était, lui, ravi du « petit bijou » que Dohna lui avait indiqué.

Voici la description que Mme du Noyer fait de ce petit bijou : « Elle était formée pour le corps et l’esprit au delà de son âge, la taille belle, l’air aisé, les manières nobles et douces en même temps, choses qu’on trouve rarement ensemble. Elle avait les mains, la gorge, les bras d’un blanc et d’une beauté enchantée, le plus beau teint du monde, de beaux grands yeux noirs, avec de grands cils noirs comme du geai, des cheveux châtains blonds, une petite bouche très vermeille, et les dents les plus belles du monde. Avec cela de l’esprit et de la politesse, beaucoup de brillant et de modestie, et pour comble d’agrément quatorze ans et deux mois. »

En vérité, l’union de cette jolie fille et de l’officier des gardes semblait bien mal assortie ? En outre, Constantin, « homme rassis, » d’une économie qui touchait à la ladrerie, se révéla très vite soupçonneux, jaloux, emporté, taciturne... Voilà un beau parti, ma foi, et il n’y avait pas là, certes, de quoi faire rêver une jeunesse ! Aussi hésita-t-elle longtemps. Mais bientôt Mme du Noyer constata avec plaisir combien sa fille devenait « raisonnable » pour son âge, et comme les 50 ans du galant la rebutaient peu ! Constantin, de son côté, se montra fort empressé, promit « un équipage tous les hivers, » et une « complaisance aveugle pour sa femme. » On lui croyait des économies... Bref, on se décida à publier un jour les bans.

Mais le mariage fut rompu, lorsque Mme du Noyer rencontra fort à propos, si elle y eût pris garde, un M. Pons ennemi de Constantin, qui tint à la mère ce discours plein de menaces : « Mais, Madame, il a cinquante ans, je le sais très bien !... Cette économie par laquelle on a prétendu le louer est un vice masqué, puisqu’il est d’une avarice qui le rend ridicule. Sa sagesse est l’effet d’une humeur misanthropique particulière de laquelle une femme aurait de la peine à s’accommoder. C’est un vrai malade imaginaire... Croyez-moi, ce serait un meurtre. D’ailleurs, cet homme n’a pas le sou. Est-il déjà muni de vos bijoux ? Auquel cas le mal serait sans remède, etc.. »

Voilà donc le mariage rompu..., pour peu de temps, il est vrai, car bientôt les avertissements de Pons furent oubliés, et on reprit les projets de plus belle. Cependant le fiancé faisait montre du plus méchant caractère, et ses défauts auraient dû inquiéter Mme du Noyer ou sa fille. Pour un refus que cette dernière avait fait à Constantin la veille du mariage, n’enfourcha-t-il pas son cheval de guerre en faisant mine de repartir sur l’heure pour les armées ? — et toute la famille de courir après le bidet, et de s’essouffler sur la route pour le faire revenir !... Mauvais auspices !

La mère comme la fille étaient aveugles. Pourtant la fiancée n’avait que quatorze ans, et pouvait attendre. — Mais toutes les personnes qui jouent un rôle dans cette déplorable aventure, semblent fort pressées d’en finir. — Malgré son vif désir de marier sa fille, il faut constater cependant que Mme du Noyer s’entendait fort bien à plaisanter assez rudement son futur gendre, quitte, l’instant suivant, à le couvrir de cadeaux, ou à l’enchanter de promesses.

Le jour des noces, la belle-mère vit Constantin, dans le char qui le conduisait à l’hymen, chercher son peigne de corne pour lisser sa perruque, — l’intention, excellente, fut raillée par Mme du Noyer. — « Allez ! vous devriez être charmé de perdre les cornes là ou tant d’autres les trouvent, et cela est d’un très bon augure pour vous ! »

Le souper de noces, offert par l’époux, fut chiche ; en revanche, toute la compagnie logea dans les somptueux appartements du comte de Dohna. Le soir, la mariée fit beaucoup de difficultés pour se mettre au lit. A cette occasion, la maison retentit d’un « vacarme effroyable. » Mme Constantin ne se priva pas non plus d’injurier son nouvel époux... Le lendemain, cet époux rejoignit les armées du Roi, puis jaloux, revint en toute hâte... Enfin l’on se sépara.

Hélas ! pourquoi imprudemment, avant la conclusion du mariage, Mme du Noyer avait-elle montré ses diamants à Constantin, et lui avait-elle annoncé qu’elle les destinait à sa fille aînée ? — ils valaient 8 000 florins, et furent la cause de tous les méfaits. Le fiancé avait promis alors de joindre à cette somme dix mille florins, — ses économies. — Mais aucun contrat ne fut dressé, et ces dix mille florins, la jeune mariée ne les vit jamais ; à la vérité, M. Pons avait raison : ils n’existaient pas.

Au début, la confiance des deux dames fut donc inébranlable. En vain l’époux annonçait-il l’arrivée de cadeaux imaginaires, de sommes d’argent, que l’on ne recevait jamais... aucun soupçon n’effleurait les esprits, et loin de se méfier de son gendre, la belle-mère modèle, pour lui procurer une compagnie, vendait ses diamants au Prince d’Auvergne, et au comte de Dohna. Pourtant, petit à petit le caractère de Constantin se révélait vilainement à ces dames. Elles purent juger par exemple de son avarice lorsqu’elles virent le logement qu’il s’était choisi dans la garnison de Deventer où elles vinrent le rejoindre.

Au fond d’une longue boutique, une allée obscure aboutissait dans « je ne sais quoi, » — un cloaque inaccessible aux rayons du soleil ! Ce « cloaque » servait d’antichambre à une caverne aux murailles enfumées et dégradées ; le lit en forme d’armoire était garni de paille. Dans ce charmant réduit « où la chandelle était nécessaire en plein jour, » l’époux reçut l’épouse. La famille tout entière, même, fut logée quelque temps dans le galetas, et Mme du Noyer s’en montra très offusquée.

Il y avait de quoi ! Sa fille cadette elle-même, douce du caractère le plus optimiste, commençait de s’affecter. La jeune mariée, elle, faisait contre mauvaise fortune bon cœur... on passait, des journées peu divertissantes dans une salle enfumée et devant un pauvre feu de sarments.

Un jeune officier qui, ayant vu Mme Constantin à la messe, lui décocha quelques compliments, fit éclater l’orage : tout de suite, le mari avec à propos, confia au galant que sa femme souffrait de coliques. L’autre s’empressa, offrit un lit de camp sec « car on mit les coliques sur le compte de l’humidité) ; il offrit aussi une fiole de vin de Saint-Laurens, et se retira avec force révérences.

Lorsqu’il fut parti, Constantin se récria : « Offrait-on pareil présent à une honnête dame ? du vin, en vérité ! Pensait-il, ce cavalier, que sa femme avait été élevée à avaler du champagne ! » Des sottises, il en vint aux injures ; n’accusa-t-il pas sa femme d’avoir eu en France un enfant du Duc de Bourgogne ? — « Hélas ! elle a quitté la France à douze ans, » gémit Mme du Noyer ! Mais Constantin, s’adressant à sa belle-mère, lui crie : « Vous pouvez, madame, reprendre votre fille, je n’ai rien à vous, vous n’avez rien à moi, séparons-nous. Nous sommes quittes ! » Il passa la nuit debout, furieux, postant, sacrant, et armant ses pistolets. On fut forcé de soustraire les trois femmes à sa colère, et de les barricader dans leurs soupentes.

Cependant, derrière ses fortifications, Mme du Noyer cherchait vainement le coffre contenant son argent et ses bardes : Constantin s’en était saisi, croyant savoir qu’il contenait un billet de plusieurs milliers de francs, appartenant à sa femme ! Rien ne put lui faire rendre la caisse ! Menaces, prières, engagements signés par sa belle-mère, qui consentait, sur la demande du furieux, à reprendre sa fille. Constantin ne s’en tint pas là : déçu de n’avoir pu dépouiller Mme du Noyer davantage, il la fit emprisonner à la Castelénie [11], où elle se morfondit longtemps.

Dans ses Mémoires, elle parle peu de sa fille pendant ces aventures. Il est certain que la petite mariée en fut anéantie ! En vain Constantin, ayant changé d’idée par la suite, voulut-ii reprendre sa femme et lui envoya-t-il des huissiers et des gardes, — l’épouse terrifiée s’évanouit, — mais ne revint pas. Pourtant lorsqu’elle apprit que l’odieux butor était blessé à Ramillies elle se soumit aussitôt, offrant de revenir à lui. Par bonheur, Constantin brûlait alors ses lettres, et n’y faisait aucune réponse.

La pauvre petite épouse n’eut certes pas à se louer de son sort. Pourtant son honnêteté fut, semble-t-il, très réelle ; elle y eut, à moins que son tempérament ne fût pour beaucoup dans son honnêteté, quelque mérite ; mais tout n’alla pas sans aventures. Tantôt c’est un certain comte de L., pris subitement d’amitié pour la mère, désireux de lui rendre service, et offrant en échange à la belle « tout le bonheur qu’elle mérite ; » tantôt c’est un barbon qui l’invite à l’aller visiter. « Vous pouvez venir chez moi, je suis vieux et goutteux, je loge chez des gens d’honneur ! » Néanmoins ce goutteux est un vieux roquentin. Un autre jour, c’est une lettre qui lui est glissée, — elle les montrait toutes à sa mère, — sauf celles qu’elle recevait de France. — Mme du Noyer n’y insiste pas...

Après son mariage malheureux et son abandon, Mme Constantin, qui commençait à se lasser de la vie aventureuse qu’elle menait à l’étranger, se rapprocha de son père. Du Noyer la rappelait depuis longtemps en France. Il voulait en faire une catholique.

Un soir à la Haye elle quitta sa mère et sa sœur pour se rendre à l’Opéra, — et ne revint jamais. — On apprit par la suite que Mme Constantin était entrée dans un couvent pour s’y instruire de la religion catholique. Sa mère ne la revit pas.

Dans les mémoires de M. du Noyer, il apparaît que la petite masque prépara de longue main cette fuite. Les mémoires contiennent encore beaucoup de lettres de Mme Constantin affichant une grande piété ; elle écrit aussi : « Je loue le Seigneur de m’avoir fait la grâce de venir me mettre aux volontés d’un si bon père. »


On pourrait supposer qu’après de pareilles mésaventures, une mère, — fût-elle écervelée, — regarderait à deux fois avant de choisir un second gendre ? Mais aucune expérience n’ins- truit M°" du Noyer. Ayant à peine achevé le malheur de sa fille ainée, cette femme extraordinaire commença activement à s’occuper de la plus jeune.

Pimpette, fort jolie aussi, était beaucoup plus délurée que sa sœur. Par Pimpette, l’exemple de sa sœur Mme Constantin ne sera pas suivi, car de la religion, réformée ou non, la cadette n’a cure. — Elle a bien d’autres pensées en tête vraiment ! Elle est coquette, spirituelle, rusée, ingénieuse... Hélas ! A quoi lui servira tant de charme et d’astuce, puisqu’elle deviendra amoureuse ? — Pimpette s’éprit à quinze ans de Jean Cavalier.

On sait qui était Cavalier ; justement un livre récent de M. Frank Puaux a remis le nom du chef des camisards sur l’affiche [12]. M. Frank Puaux est encore un de ces bénédictins des lettres dont le travail est si utile ; il a traduit pour notre enseignement et notre plaisir les Mémoires qui parurent en Anglais à Dublin en 1726, et dont le manuscrit original est égaré [13] : on comprend l’intérêt d’une telle publication.

En 1707, Cavalier, colonel, rencontra donc Pimpette à la Haye. « C’était, dit Voltaire, un petit homme blond d’une physionomie douce et assez agréable. » A cette époque, son rôle militant était terminé, celui qu’il commença de jouer à vingt ans, en défendant vaillamment la liberté de conscience contre les persécutions du souverain. Ce petit boulanger donna beaucoup de mal à Montrevel ; il traita avec le maréchal de Villars en personne, après la défaite des camisards à Nages. La signature du traité eut lieu à Nîmes, en mai 1704 ; Cavalier y demandait la liberté de conscience, le droit d’exercer sa religion sans être inquiété, l’amnistie pour les prisonniers. Villars accorda et promit au nom du Roi, mais les Jésuites s’émurent, et on revint sur la parole donnée [14].

Saint-Simon nie que Cavalier ait vu le Roi ensuite, cependant les Mémoires sont nets. L’entrevue de Versailles y est clairement contée ! Il y paraît que Louis XIV écouta le camisard « avec une très grande patience ; » le Roi ignorait une partie des faits, et au récit du massacre de ses sujets par les dragons, se montra même ému.

On devine quelle gloire accompagnait Cavalier, après ces événements, et quelle émotion l’accueillait à son passage à Lyon, à Nimes, ou à Versailles.

Saint-Simon, qui est très sévère pour Cavalier ; écrit : « Ce fut un concours de monde scandaleux pour voir Cavalier partout où il passait [15]... » Son arrivée à la Haye suscita la même curiosité qu’ailleurs, et Mme du Noyer le voulut connaître.

Elle le pria à diner, et fut bientôt parmi ses familiers. Sa fille Constantin, qui à cette époque habitait encore la Hollande, mandait à son père le cas que si mère faisait du héros des Cévennes. — « Nous faisions grande chère, bon feu, et le vin coulait comme l’eau ; il n’y avait rien de trop bon, rien de trop beau pour ces Messieurs ; je pénétrais bien le motif de ma mère à l’égard de Cavalier... » [16] Le motif ? Cette dame le voulait pour gendre ; d’ailleurs, le colonel devint rapidement amoureux de Pimpette, offrit de l’épouser et lui signa même un engagement : « Je soussigné promets à Mlle Olympe du Noyer de l’épouser dès que mes affaires me le permettront... » Hélas ! ces affaires étaient fort embrouillées, si embrouillées qu’avant de partir pour l’Angleterre le héros dut avouer sa gêne à la future belle-mère, qui généreusement lui donna pour Londres une lettre de crédit... Il en profita si bien qu’il « se divertit deux mois en Angleterre » avec les livres sterling de la dame ! « C’est un gouffre, écrit-elle. J’étais une vraie vache à lait ! » — Achète-t-elle une maison ? il la lui fait mettre à son nom. — Lui montre-t-elle un de ses brillants ? il le lui demande, et... elle le lui donne !

Et Pimpette ? Pimpette aime ; elle est folle de son camisard. « Elle ne voulait avoir de l’esprit que quand il lui parlait, ni paraître aimable qu’à ses yeux... Quand il partit pour l’Angleterre, elle coupa ses cheveux pour qu’on ne put pas l’obliger à se coëfer pendant son absence ; enfin elle avait des délicatesses et une constance qui n’est nullement à la mode. »

Le mariage de Pimpette annoncé, publié, valut à celle-ci la jalousie des réfugiés, et le roi de Pologne ayant remarqué la beauté de la jeune fille, ils eurent tôt fait de la lui donner comme favorite. Pimpette saisit ce prétexte pour écrire à son amant ;


On t’a dit, mon cher Cavalier,
Que l’Auguste Roi de Pologne,
Touché de ma petite trogne,
Avait voulu l’encornailler.
Cela est faux ou que je meure. —
…………
Pour mon cher Cavalier ma tendresse est constante,
Et lui seul me fait soupirer.


Sur ces entrefaites, Pimpette apprend que son amant s’est marié au retour de Londres, et .Mme du Noyer, outrée, s’élance à la poursuite de son débiteur qui, adroitement, se dérobe : la dame n’obtint rien et Cavalier prit le large [17].

Mais voici, pour distraire Pimpette de ce volage, Voltaire ; c’est à la Haye qu’elle le connut [18]. Voltaire, jeune, — dix-neuf ans, — spirituel audacieux, séduisant, et... malin ! Son père, « mécontent de ses fredaines, » l’avait envoyé en Hollande auprès du marquis de Chateauneuf comme « manière d’attaché d’Ambassade. »

L’intrigue du jeune Arouet et de Pimpette est connue ; on a publié leurs lettres jadis [19], du moins les lettres de Voltaire, car pour celles de Pimpette, elles sont égarées, sauf une, que M. Paul Lacroix a retrouvée.

Le roman d’Olympe du Noyer dévoilé, la mère exigea l’expulsion du coupable. Avant de le renvoyer en France, il dut garder les arrêts : mais l’ingéniosité des amants leur permit de se retrouver chaque nuit à l’insu de tous. Un soir, c’est Olympe qui va rejoindre son « cher enfant, » sous l’habit d’un jeune garçon. Le lendemain, Arouet lui écrit :

« Je ne sais si je dois vous appeler monsieur ou mademoiselle ; si vous êtes adorable en cornette, ma foi, vous êtes un aimable cavalier... vous aviez pourtant la mine aussi terrible qu’aimable ; et je crains que vous n’ayez tiré l’épée dans la rue... » et puis il rime :


Enfin je vous ai vu, charmant objet que j’aime
En cavalier déguisé en ce jour,
J’ai cru voir Vénus elle-même
Sous la figure de l’Amour... »


Il affirme que rien n’est capable de le détacher d’elle : « Notre amour est fondé sur la vertu, il durera autant que notre vie. »

A la vérité, cet amour dura moins longtemps, et lorsqu’Arouet eut quitté la Haye, un jeune page du nom de Guyot de Merville s’efforça de faire oublier à Pimpette son dernier galant.

Pendant ce temps, Mme du Noyer, en procès avec le chef des camisards, — elle voulait retrouver ses avances et ses prêts, — est sollicitée par un certain Lafond [20] qui l’entretient d’un nouveau projet de mariage pour Pimpette. On verra qui était cette fois le prétendant.

Il disait se nommer Winterfelt, sujet du duc de Wurtemberg, possesseur d’une belle terre dans le duché riche, noble... Voilà notre commère de nouveau ravie... Mais Pimpette, cette fois, ne se décidait pas, elle n’avait toujours que Cavalier en tète. — Qu’il quitte sa femme ! et l’on verrait bien !...

Lafond fit tant que Winterfelt plut enfin à la jeune fille, à la vérité, peu farouche ; les deux hommes, alliés, la séduisirent encore par la description de somptueux châteaux, conte- nant beaux meubles, vaisselle plate, nombreuse valetaille, — et puis le galant avait vingt-deux ans, une agréable figure : Pimpette aima de nouveau.

Hélas encore ! Mme du Noyer écrivit plus tard : « Je ne sais où ce fripon pêchait toutes ces révélations fabuleuses... tous ses châteaux étaient en Espagne. »

Rien n’est plus divertissant que les incidents invraisemblables de ce mariage. Le dénuement de l’époux est grand ? Personne ne s’en doutera : comme le marquis de Carabas, dont les habits furent volés sur le rivage pendant qu’il se baignait, Winterfelt, au moment des fiançailles, se trouve sans vêtements, et sans linge : c’est qu’il a déjà expédié tous ses coffres à Francfort ! et Mme du Noyer, sans méfiance, l’équipe.

Un fois marié, le nouvel époux enverra « l’infâme Lafond » chez sa belle-mère pour déménager les meubles : ils sont d’un goût si parfait que Winterfelt désire les faire copier, et on posséder de semblables ; mais les meubles ne revinrent jamais.

Cependant les nouveaux mariés mènent grand train à Delft et font bonne chère. D’ailleurs, ils semblent au début s’entendre à merveille. Pimpette écrit chaque jour à sa mère, et ce sont chaque jour des demandes nouvelles : « Le cordonnier anglais pour des mules et des souliers ; la toile pour des chemises de son mari, et les siennes... quatre aunes de drap gris de perle, neuf aunes de chagrin bleu, une Roquelaure d’écarlate avec deux rangs de boutons d’or, le tout dans un coffre dont je leur ferai présent ; puis encore des porcelaines, un manchon, un éventail, une montre, une tabatière d’Angleterre, une pièce de futaine, une camisole, etc. » Pourtant le ménage ne réglait pas le compte de l’hôtelier ; celui-ci menaçait, Mme du Noyer payait. Pour acquitter les dettes de son gendre et de sa fille, elle vendit sa maison. Mais elle prétend que Winterfelt ne lui en sut pas gré, et tenta en outre, ainsi que l’avait tenté Cavalier, de la faire assassiner !

Enfin il fallut partir pour ce fameux château du Wurtembeig : il était temps. Mme du Noyer étant saignée à blanc. En route, on s’arrêta à Bruxelles, et on descendit dans le palais d’un beau-frère du comte de Winterfeit ; ici les dames furent satisfaites, car la demeure parut somptueuse, « ornée de tapisseries de haute lisse, et des plus belles de Flandres, les miroirs et les tableaux étaient d’un très grand prix, les peintures, le lit, la finesse des draps » donnaient une grande idée de l’opulence des maitres de la maison.

Le maître de la maison, un nommé Douxfils, vit le lendemain déménager ce somptueux mobilier ; c’est que celui-ci était loué pour éblouir et tromper une fois de plus Pimpette et sa mère.

Enfin elles apprirent tout : Winterfelt était Belge et se nommait Bavons ; fils d’une marchande de tabac et neveu d’une cabaretière, il avait déjà causé à sa famille maints déboires ; celle-ci comptait sur le mariage du Noyer pour le tirer d’affaire, elle fut déçue une fois encore, en voyant revenir le pseudo Winterfelt endetté, et toujours insolvable. C’est alors qu’on le mit dehors. Il fut forcé avec sa femme et sa belle-mère de « coucher sur un grabat ; » Mme du Noyer, avec quelque raison, se lamenta de nouveau : « Si je voulais mettre une jupe, j’apprenais que monsieur l’avait mise au Lombard [21] ; tout ce que j’ai apporté dans ce pays-là y est demeuré, jusqu’à la cafetière et la moindre guenille ; ce fripon, accoutumé à la gueuserie, trouvait le secret de la métamorphose du pain. »

Depuis quelque temps de là, Pimpette était dégrisée ; la pauvre petite épouse, par la faute de sa malencontreuse union, avait connu de dures épreuves. Dans un bal costumé, Winterfelt ne l’adressa-t-il pas à quelques jeunes seigneurs pour leur emprunter de l’argent, en lui conseillant de leur offrir en échange certaines complaisances amoureuses ? Ce soir-là, Winterfelt fit assommer sa belle-mère, mais elle en réchappa ; il lui promit alors gracieusement « vingt coups d’épée lorsqu’elle serait morte ! »

Parlant de sa fille, Mme du Noyer écrit : « S’il (Winterfelt) avait pu en tirer de l’argent, il l’aurait vendue ou engagée, mais comme il ne put pas trouver le moyen de la négocier, elle me resta, et j’eus le plaisir de la ramener en Hollande. »

Pimpette, en effet, dégoûtée à tout jamais de cet époux qui l’avait dupée, revint à la Haye. Hélas ! elle y revint enceinte. Maintes surprises l’y attendaient encore, et d’abord les scellés apposés sur son logis et ses coffres ! Leduc de Marlborough intervint dans cette affaire-ci. Qui n’intervint alors, dans la vie de Mme du Noyer !

On ne peut se faire une idée de tant d’aventures ! Aucun roman n’est plus bizarre et plus mouvementé. Il y a de tout : du comique, lorsque Winterfelt aux abois, simule des crises nerveuses pour gagner du temps ; du tragique lorsque Pimpette, grosse de neuf mois, ne peut trouver dans la Haye un abri.

Elle est futile, cette Pimpette, elle est légère, inconstante ? — Elle est aussi bien jeune pour éprouver tant d’infortunes. Plus tard, comme sa sœur, elle se lassa de sa vie aventureuse et retourna en France. Quant à Mme du Noyer, dépouillée de ses biens, bijoux, meubles et immeubles, elle demeura jusqu’à la fin de sa vie incorrigiblement étourdie, bavarde, mauvaise langue, emportée, menteuse, tous défauts qui avaient causé son propre malheur, celui de son époux, et les déplorables aventures de ses filles.


MARIE-LOUISE PAILLERON.

  1. Michaud, éditeur.
  2. Fontemoing, éditeur.
  3. Mme du Noyer écrit qu’un des moyens dont les dragons se servaient pour arriver à leurs fins était d’empêcher les gens de dormir. « Chez M. de la Cassagne », ils s’installeront cinquante, posèrent des sentinelles devant la porte de sa chambre, et lui firent tourner la broche. Pour une heure de sommeil, il leur compta dix écus d’avance ; l’heure écoulée, les dragons commencèrent à battre du tambour à son chevet. « On le fit tant souffrir que son corps et son esprit s’en ressentirent jusqu’à la fin de ses jours. »
  4. Mme du Noyer prétendait que cet oncle Cotton était de la famille du confesseur de Henri IV.
  5. Depuis son mariage avec un catholique.
  6. Maire.
  7. Mme du Noyer acheta cette charge 82 000 livres. Ayant perdu de l’argent dans les affaires et au jeu, son mari la revendit 110 000 livres quelques années après, — sans en aviser sa femme.
  8. Comme réfugiée protestante.
  9. Peut-être ce lieutenant-colonel utilise-t-il Mme du Noyer à un service d’espionnage, moyennant une sérieuse rétribution.
  10. Il avait cinquante ans, et s’en donnait quarante.
  11. A la Haye. — « Auberge où l’on arrête les gens avant de les mettre en prison. »
  12. Colonel J. Cavalier, Mémoires de La Guerre des Cévennes. Traduction et notes par F. Puaux « Payot, édit.).
  13. Un autre manuscrit français existe à la bibliothèque royale de La Haye, il diffère légèrement des Mémoires de Dublin.
  14. L’abbé Begnault, secrétaire de l’évêché de Nîmes, écrivait le 16 mai : « Chacun croit rêver qu’en un moment les choses changent d’une manière si extraordinaire, et qu’un gueux, un petit marmot, traite comme de couronne à couronne par l’entremise des maréchaux. » (J. Cavalier, Mémoires).
  15. Mémoires du duc de Saint-Simon, vol. 4, p. 283.
  16. Mémoires de M. du Ployer. Nourse, 1758, à Londres.
  17. M. du Noyer, constamment en contradiction avec sa femme, ne raconta pas, dans ses Mémoires, les faits de la même façon. M. F. Puaux, à l’appendice des Mémoires de Cavalier, semble aussi donner raison au camisard ; il écrit : « Cavalier, s’il avait commis l’imprudence de trop s’engager, eut du moins la prudence de se retirer encore à temps. »
  18. Ce devait être en 1710, mais on n’est pas d’accord sur les dates, car Voltaire soutiendra plus tard n’avoir été en Hollande qu’en 1714, et n’avoir connu Cavalier qu’en Angleterre «n 1726. « Note d’Arnelle : Les filles de Mme du Noyer, p. 113). Mais M. Faguet écrit : « Ces choses se passaient de 1713 à 1714. » (Amours d’hommes de lettres.)
  19. Mme du Noyer, la première, publia celles de Voltaire à sa fille dans les Lettres historiques et galantes. ― sans nommer personne.
  20. Plus tard. Mme du Noyer découvrit que ce Lafond n’était autre qu’un agent de Cavalier. Celui-ci, voulant se venger de la mère, ne trouva rien de mieux que de marier la fille.
  21. Mont-de-piété.