E. Fasquelle (p. 245-246).
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XLVIII


Le lendemain, premier janvier, dans la matinée, des ouvriers de la ferme, pour achever de se mettre en gaieté, montèrent au grenier pour souhaiter la bonne année à la « mère Caillère » !

Hermine était étendue, rigide et froide, sur sa couchette. Des larmes qu’elle n’avait pas eu la force de sécher traçaient des sillons glacés sur son pâle visage, mais sa bouche entr’ouverte souriait au repos éternel. Elle était redevenue la jeune fille d’autrefois, au pur ovale, au visage candide.

Les hommes, subitement dégrisés, appelèrent à voix basse François Jarry, qui vint les rejoindre. Il resta comme eux silencieux et immobile devant cette petite vierge, qui surgissait à la place de la vieille femme bafouée. Entrevit-il, à cette seule minute, l’être que la vie lui avait confié ? Nul ne le sut. Mais il fut hébété, frappé de stupeur, pour la première fois déférent, troublé par la mystérieuse et tardive leçon que la mort donne sans cesse aux vivants.