Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/VERNE (Jules), littérateur français

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 915).

VERNE (Jules), littérateur français, né à Nantes le 8 février 1828. Lorsqu’il eut terminé ses études dans sa ville natale, il se rendit à Paris pour y faire son droit. Comme il avait beaucoup d’imagination et d’esprit, M. Verne songea d’abord à écrire pour le théâtre. Il débuta par les Pailles rompues (1850, in-8o), comédie en un acte et en vers qui fut représentée au Vaudeville, puis il écrivit, en collaboration avec M. Michel Carré, des livrets d’opéras-comiques en un acte :Colin-Maillard (1853, in-12) ; les Compagnons de la Marjolaine(1855, in-12); l’Auberge des Ardennes (1860, in-12). L’année suivante, il fit jouer au Vaudeville Onze jours de siège, comédie en trois actes et en prose, en collaboration avec M. Ch. Wallut (1861, in-12). M. Jules Verne était peu connu lorsqu’il publia, dans le Magasin d’éducation et de récréation d’Hetzel, Cinq semaines en ballon, voyage de découvertes, qui parut peu après en volume (1863, in-8o). Par cet ouvrage qui eut un succès des plus vifs, M. Jules Verne créait un genre nouveau, le roman scientifique et géographique, et y apportait de rares qualités qui ont rapidement fondé sa réputation : l’invention pour varier et dramatiser les sujets, l’observation morale, le goût et l’esprit logique pour choisir des personnages appropriés à l’action et les y diriger en maintenant leur caractère à travers toutes les péripéties et les incidents, un art de mise en scène, un talent descriptif des plus remarquables, enfin de sérieuses connaissances scientifiques. Depuis Cinq semaines en ballon, M. Jules Verne a publié un grand nombre de récits attachants et curieux à tous les points de vue, qui ont obtenu le plus grand et le plus légitime succès. Plusieurs de ces ouvrages d’une invention ingénieuse et piquante et au fond, d’une portée si sérieuse, ont été couronnés par l’Académie française. Dans son rapport de 1872, le secrétaire perpétuel de cette compagnie, M. Patin, disait, en parlant des récits de M. Verne : « Les merveilles usées de la féerie y sont remplacées par un merveilleux nouveau, dont les notions récentes de la science font les frais. L’intérêt, habilement excité et soutenu, y tourne au profit de l’instruction. On en rapporte, avec le plaisir d’avoir appris, le désir de savoir, la curiosité scientifique. » Ces ouvrages, écrits pour la jeunesse, ont la rare bonne fortune de plaire à tous les âges. La plupart ont paru d’abord dans le Magasin d’éducation, puis ils ont été édités par Hetzel en volumes in-18 et in—8° illustrés. Nous citerons, parmi ces nombreux récits : Voyage au centre de la terre (1861) ; De la terre à la lune, trajet direct en quatre-vingt-dix-sept heures (1865) ; le Désert de glace, aventures du capitaine Hattéras, un de ses plus émouvants récits ; Autour de la lune ; les Enfants du capitaine Grant ; Découverte de la terre (1870) ; les Anglais au pôle nord (1870) ; Vingt mille lieues sous les mers (1870) ; Une ville flottante (1871) ; l’Île mystérieuse, les naufragés de l’air (1870) ; Voyage autour du monde en quatre-vingts jours (1872), qui parut d’abord dans le journal le Temps et qui est un des plus-spirituels récits de M. Verne, le Pays des fourrures (1873) ; Aventures de trois Russes et de trois Anglais dans l’Afrique australe (1874) ; le Docteur Ox ; Maître Zacharius (1874) ; le Chancellor (1875) ; l’Abandonnée, deuxième partie de l’Île mystérieuse (1875) ; le Secret de l’Île, troisième partie de l’Île mystérieuse (1875), etc. Enfin, on doit à M. Verne : Géographie illustrée de la France (1867-1868, in-8o), avec Th. Lavallée ; Un neveu d’Amérique (1873), spirituelle comédie jouée au théâtre Cluny, et le Tour du monde en quatre-vingts jours, drame en cinq actes et quinze tableaux, en collaboration avec Dennery. Cette pièce, tirée du roman portant le même titre, a été représentée pour la première fois au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 8 novembre 1874 et a eu plus de trois cents représentations.