Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TRAVOT (le baron Jean-Pierre), général français

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 2p. 448).

TRAVOT (le baron Jean-Pierre), général français, né à Poligny (Jura) en 1767, mort en 1836. Il entra au service comme simple soldat, fut employé en Vendée sous Hoche et fit Charette prisonnier à la Chabottière (23 mars 1796). Devenu général de brigade, Travot commanda dans les départements de l’Ouest, en 1799 et 1800, et contribua beaucoup, par sa douceur, à la pacification de ces contrées. En 1805, il fut nommé général de division et sénateur. Deux ans plus tard, il fît partie de l’armée d’invasion du Portugal, commanda la place de Lisbonne, reçut le titre de baron en 1809 et combattit ensuite en Espagne à la tête d’une division. Rappelé en France, il fut mis à la tête de la 13e, puis de la 10e division militaire. Au début de la Restauration, il resta à l’écart. À l’époque des Cent-jours, Travot prit le commandement de la division militaire à Rennes, et, de concert avec le général Lamarque, il apaisa promptement, bien plus par les négociations que par les armes, les troubles fomentés par les La Rochejaquelein et autres. À son retour à Paris, il fut appelé par Napoléon à la Chambre des pairs. Retiré dans sa famille à la seconde Restauration, il y vivait tranquillement lorsque, dans les premiers jours de 1816, il fut arrêté et traduit devant le conseil de guerre de Rennes, présidé par Canuel, un de ces généraux de l’émigration qu’il avait autrefois combattus. À défaut de griefs sérieux, la ministère public ne craignit pas de lui imputer à crime la modération dont il avait fait preuve à l’égard des Vendéens et qui avait été un de ses moyens de succès. Condamné à mort (20 mars 1816), la sentence fut confirmée par le conseil de révision. Mais l’opinion, indignée, se souleva contre une telle iniquité, et Louis XVIII commua la peine en vingt ans de détention (27 mars 1816). Le général Travot, presque sexagénaire, ne put supporter ce coup fatal ; sa raison s’altéra entièrement. Transporté à Ham dans cet état, il fut rendu à la liberté au bout de quatre ans, mais il ne recouvra pas l’usage de ses facultés. Cette affaire est une des plus odieuses que l’histoire reproche à la Restauration.