Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/RESSÉGUIER (Clément-Ignace, chevalier DE), littérateur français

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 3p. 1044).

RESSÉGUIER (Clément-Ignace, chevalier de), littérateur français, né à Toulouse en 1724, mort à Malte en 1797. Entré de bonne heure dans l’ordre de Malte, il se fit remarquer dans maints combats livrés aux Turcs, devint général des galères de l’ordre et fut investi de la commanderie de Marseille, ce qui lui permit de résider longtemps en France. Rimeur caustique, faiseur d’épigrammes, Rességuier alla si loin dans cette voie, qu’il se fit enfermer plusieurs fois à la Bastille. Voici celle qu’il décocha contre Mme  de Pompadour :

Fille d’une sangsue et sangsue elle-même,
Poisson, dans son palais, sans remords, sans effroi,
Étale aux yeux de tous son insolence extrême,
La dépouille du peuple et la honte du roi.

On voit que Rességuier, cœur honnête, ne manquait pas d’audace et n’y allait point de main morte. Mais toute vérité n’est pas bonne à dire, surtout aux rois. Une lettre de cachet envoya le chevalier au château d’If, et il y aurait pourri, sans l’intercession de son frère, conseiller clerc au parlement de Toulouse, qui obtint de la favorite la grâce du poëte. Pendant la Révolution, Rességuier se retira dans l’Île de Malte, où il mourut. On a de lui : Voyage d’Amathonte, prose et vers (1750, in-8°) ; Dissertation sur la trahison imputée à André Damaral, chancelier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (1757, in-12) ; des traductions des traités De l’amitié (1776) et De la vieillesse (1780) de Cicéron.