Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Kanaris ou Canaris (Constantin)


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KANARIS ou CANARIS (Constantin), célèbre marin et homme d’État grec, né à Ipsara vers 1790. Il était, avant la guerre de l’indépendance, capitaine d’un petit bâtiment marchand qui faisait les voyages d’Odessa. Ardent patriote, il prit une part brillante à la lutte, et ne tarda pas à devenir la terreur des Turcs, en allant incendier leurs vaisseaux. « Le 7/19 juin 1822, dit M. Brunet de Presles, Kanaris et Georges l’ipinos partirent d’Ipsara sur deux chebecs transformés en brûlots ; il fallait passer, malgré le calme, sous le canon de deux frégates qui croisaient en avant de la flotte. Kanaris entraîna par sa résolution les marins, un instant ébranlés, et, trompant toute surveillance, il pénétra dans le canal, et attacha son brûlot aux flancs du vaisseau amiral, illuminé ce soir-là pour les fêtes du Ramazan ; les chefs turcs célébraient leurs sanglantes victoires au milieu de plus de deux mille des leurs. Bientôt la flamme les environne, domine leurs efforts, et une explosion terrible couvre la rade de débris. Cependant Kanaris avait pu rejoindre sain et sauf, sur un brûlot, son compagnon, qui, de son côté, avait réussi à incendier un autre vaisseau. Le 9 novembre de la même année, Kanaris, accompagné de Kiriakos, renouvela cette périlleuse entreprise avec un égal succès, dans la rade de Ténédos. Arborant sur leurs brûlots le pavillon turc, et feignant d’être poursuivis par deux bricks hydriotes, ils se réfugièrent au milieu de la flotte ottomane, où bientôt ils répandirent l’incendie. Cette fois encore, Kanaris, choisissant pour sa proie le vaisseau amiral, engagea son beaupré dans un de ses sabords, et, après y avoir mis le feu, se retira tranquillement, bravant l’équipage frappé de stupeur. » En 1824, après avoir encore brûlé une frégate devant Samos et une corvette dans le port même de Mitylène, il passa dans la marine de guerre avec le grade de capitaine de vaisseau, sous les ordres de Miaoulis. Il conçut ensuite, en 1825, l’audacieux projet d’aller brûler, dans le port d’Alexandrie, la flotte prête à transporter les Egyptiens envoyés en Morée ; mais un vent contraire en empêcha l’accomplissement. En 1826, Kanaris fut nommé au commandement de l’Hellas, et, l’année suivante, il prenait place à l’assemblée nationale de la Grèce comme député d’Ipsara, sa ville natale.

A son arrivée en Grèce, Capo d’Istria confia au brave marin le commandement de la forteresse de Monembasia, et, plus tard, il lui donna le commandement d’une flotte de guerre. Lorsque le président eut été assassiné (le 9 octobre 1831), Kanaris donna sa démission et se retira à Ipsara, puis dans l’île de Syra ; mais le roi Othon le fit sortir de sa retraite en le nommant capitaine de vaisseau de première classe, puis amiral, ministre da la marine, président du conseil (1846-1847) et sénateur. Une seconde fois ministre en 1854 ; Kanaris donna sa démission au mois de mai 1855,

Bientôt Kanaris, entraîné dans le courant des affaires politiques, se rangea sous la bannière de l’opposition constitutionnelle. En 1861, il refusa la pension de 12,000 drachmes que le ministère lui fit voter par les Chambres. L’année suivante, il remplaça Miaoulis (29 janvier) comme premier ministre ; mais le roi ne voulut pas signer la nomination du cabinet qu’il lui présenta et lui demanda sa démission. Cette conduite du gouvernement amena l’insurrection militaire de Nauplie, qui finit par le renversement de la dynastie bavaroise. Après le départ d’Othon, Kanaris fut nommé membre du gouvernement provisoire ; puis, peu de temps après, du triumvirat chargé de gouverner la Grèce en attendant la nomination d’un nouveau roi ; mais Kanaris conserva très-peu de temps ces nouvelles fonctions, et s’en démit au mois de février de l’année 1863. En mars de l’année suivante, lorsque le prince Georges de Danemark eut été nommé roi de Grèce par le vœu de la population grecque, Kanaris fut de nouveau appelé à former un cabinet, avec le titre de président du conseil des ministres ; mais, le mois d’après, il donnait déjà sa démission. Le 6 août de la même année, il dut enfin former un nouveau ministère, dans lequel il reçut et le titre de président du conseil et le portefeuille de la marine ; mais il se retira, avec le reste du cabinet, en mars 1865.


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