Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Hugelmann (Jean-Gabriel), journaliste

Administration du grand dictionnaire universel (16, part. 3p. 964).

HUGELMANN (Jean-Gabriel), journaliste, né à Vergny-Saint-Salmon en 1830. Fils d’un tailleur, il fut élevé à l’école mutuelle de Tours, puis il vint à Paris. Il adressa alors des odes à Louis-Philippe et à M. de Rothschild. Peu après, la révolution de 1848 étant survenue, il prit la parole dans les clubs et parvint, malgré son extrême jeunesse, à se faire élire capitaine de mobiles. Cette même année, il fut condamné à un an d’emprisonnement pour attaque à la propriété et outrage à un ministre des cultes. Ayant été envoyé en Algérie, il subit à Bône une nouvelle condamnation. Au bout de quelque temps, il parvint à s’échapper de prison, gagna l’Espagne et se rendit à Madrid. Là, il épousa une actrice et fonda un journal français, dans lequel il se montra un chaud partisan de Napoléon III. Le journal la Iberia ayant attaqué l’impératrice Eugénie, Hugelmann provoqua le rédacteur et se battit avec lui. Comme il l’avait espéré, le duel fit du bruit. Napoléon III en fut informé. Ayant appris ce qu’était Hugelmann, il lui envoya M. Belmontet, qui lui remit une épingle en son nom et l’engagea à venir à Parts. Celui-ci s’empressa d’accourir, et le lendemain de son arrivée il reçut le décret qui lui accordait sa grâce. Doué d’une rare audace, fécond en ressources, Hugelmann parvint à fonder la Revue des races latines. En même temps, il publia quelques livres et écrivit des pièces de théâtre. En 1858, il fut mis en faillite ; mais cette affaire, de mince importance à ses yeux, ne le désarçonna en aucune façon. Dans un ouvrage intitulé la Quatrième race (1863, 2 vol. in-8o), il fit l’apologie de la famille des Bonaparte, ce qui accrut encore les sympathies qu’on avait pour lui en haut lieu. Vers cette époque, il devint rédacteur du Journal de Bordeaux, feuille impérialiste. Plus tard, il se lança dans les affaires, fit de nouveau faillite en 1867, ce qui ne l’empêcha pas de se faire décorer d’un grand nombre d’ordres étrangers, et devint rédacteur en chef du Nain jaune. Après la révolution de 1870, Hugeimann se rendit à Londres. Grâce à l’argent qu’il savait toujours se procurer, il fonda dans cette ville la Situation, journal bonapartiste auquel collabora son ami, M. Clément Duvernois, et il entra en relation avec l’ambassadeur de Prusse. Après l’armistice (1871), il revint à Paris, où il chercha a s’occuper de nouvelles entreprises de journaux. À cette époque, un banquier nommé Larivière, qui lui avait fourni de l’argent à Londres, était détenu par suite d’une condamnation. Il s’entremit pour lui faire obtenir sa grâce et reçut de Mme Larivière une somme de 3, 000 francs. Sans moyens d’existence connus, on le vit mener un grand train, dépenser des sommes relativement considérables avec des actrices et figurer comme témoin dans le scandaleux procès de la rue de Suresnes (février 1873). Le mois suivant, il devint directeur politique de l’État, journal dont il fit une feuille bonapartiste, À la fin de cette même année, il fut de nouveau mis en faillite. Traduit le 25 mars 1874 devant le tribunal correctionnel de la Seine sous l’inculpation d’escroquerie, de banqueroute, de bris de scellés et de chantage, le champion de la quatrième race fut condamné, le lendemain, à cinq années de prison et 2, 000 francs d’amende. Il fit appel de ce jugement, mais le jugement fut confirmé. Outre la Quatrième race, M. Hugelmann a publié : l’Espagne et ses derniers événements (1856, in-8o) ; des drames, le Fils de l’aveugle (1857), Jean Bart (1858), la Moresque (1858) ; une féerie, le Cri-cri (1859) ; une féerie en cinq actes, les Vins de Bordeaux (1863) ; le Salut, c’est la dynastie (1870, in-8o) ; les Tyrtéennes, poésies politiques (1872, 2 vol., in-8o), etc.