Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/DUROC (Gérard-Christophe-Michel), duc de Frioul, grand maréchal du palais

Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 4p. 1439).

DUROC (Gérard-Christophe-Michel), duc de Frioul, grand maréchal du palais, né à Pont-à-Mousson en 1772, tué par un boulet le 22 mai 1813. Il sortit sous-lieutenant de l’école de Brienne en 1792, se lia avec Bonaparte au siège de Toulon, devint son aide de camp pendant la campagne d’Italie, montra une rare intrépidité au passage de l’Isonzo, et surtout a. la prise de Gradisca, dans le Frioul (23 septembre 1796), fait d’armes qui lui valut plus tard (1809) le titre ajouté à son nom. Il suivit son général en Égypte, où il eut une grande part au gain de la bataille de Salahieh, et fut grièvement blessé à Aboukir ; il se fit remarquer aux sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d’Acre, revint en France avec Bonaparte, le seconda au 18 brumaire, et, devenu son premier aide de camp et général de brigade, fit à ses côtés la campagne de 1800, couronnée par la victoire de Marengo. À cette époque commence la carrière diplomatique de Duroc, qu’il ne cessa de mener de front avec celle des armes. Il remplit avec succès les missions les plus délicates, successivement à Vienne, à Saint-Pétersbourg, à Stockholm et à Copenhague. Nommé, en 1804, général de division, grand maréchal du palais, il courut à Berlin, à la veille de la guerre avec l’Autriche, y négocier la neutralité de la Prusse (1805), puis combattit à Austerlitz à la tête d’une partie de la garde. Il conclut, en 1806, des traités avec la Prusse, la Saxe, les princes allemands, et signa, l’année suivante, l’armistice qui précéda la paix de Tilsitt. Il régla seul ensuite avec le cabinet de Madrid l’arrangement qui rayait le Portugal de la carte de l’Europe (27 octobre 1807), prit une part glorieuse aux batailles d’Essling et de Wagram, et négocia encore avec le prince Charles l’armistice qui terminait cette guerre de 1809. En 1813, il assista aux batailles de Lutzen et de Wurtzen. À la fin de cette dernière journée, il était aux côtés de Napoléon, à l’entrée du village de Mackersdorf, lorsqu’un boulet perdu vint le blesser mortellement dans le bas-ventre, après avoir tué le général du génie Kirgénér. Ses adieux à l’empereur furent touchants : « Toute ma vie, lui dit-il, vous a été consacrée ; je ne la regrette que pour l’utilité dont elle pouvait vous être encore. » Il expira douze heures après le coup qui l’avait frappé. Cette mort laissa d’ineffaçables regrets dans l’âme de Napoléon. On se rappelle qu’en 1815, lorsqu’il voulut se retirer en Angleterre, il demanda à y vivre sous le nom de Duroc. À Sainte-Hélène, il a fait un legs considérable à la fille du grand maréchal. En effet, il n’y a pas d’homme qui l’ait servi avec un dévouement plus soutenu, avec plus de zèle, et qui lui ait été plus utile par l’étonnante souplesse de ses aptitudes. Louis-Philippe a fait déposer les restes de Duroc aux Invalides, à côté de ceux de Napoléon.