Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BOOTH (John-Wilkes), acteur et assassin politique américain

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 3p. 990-991).

BOOTH (John-Wilkes), acteur et assassin politique américain, né dans le Maryland, près de Baltimore, en 1838, mort des suites d’un coup de feu en avril 1865, près de Port-Royal (Maryland), était le troisième fils de Junius-Brutus Booth, qui avait paru dans la tragédie sur le théâtre de Drury-Lane, à Londres. Après avoir brillé quelque temps aux côtés d’Edmond Kean, Junius-Brutus Booth renonça tout à coup au théâtre et passa en Amérique. Marié à une seconde femme, il exploitait une ferme aux environs de Baltimore, lorsque naquit celui qui devait plus tard donner à son nom une si triste célébrité. L’enfant reçut les prénoms de John-Wilkes, en mémoire de l’homme politique anglais qui, sous le règne de George III, avait donné prétexte à ce cri de ralliement : « Wilkes et liberté  ! » De bonne heure porté vers la carrière dramatique, dans laquelle deux de ses frères et le mari de sa sœur ont obtenu du succès, il débuta, par l’intermédiaire de l’acteur John S. Clarke, qui depuis devint son beau-frère, au théâtre Saint-Charles de Baltimore, en 1855, dans le rôle de Richmond de Richard III. Favorablement accueilli, il parut plusieurs fois encore devant le public ; s’engagea, le 15 août 1857, dans l’ancienne troupe dramatique de Arch-street, à Philadelphie, sous le nom de John-Wilkes, et il se fit applaudir dans un assez grand nombre de rôles. L’année suivante, il descendit dans le Sud, s’engagea au théâtre de Richmond, où il joua avec un incontestable succès les rôles les plus importants du répertoire de Shakspeare. En 1860, il visita presque toutes les villes considérables du Sud et du Sud-Ouest, se faisant applaudir notamment dans les rôles de Roméo et de Macbeth. Son premier engagement comme étoile (star) eut lieu en septembre 1860, au théâtre de Colombus, en Géorgie. Là il fut blessé un jour, dans la coulisse, d’un coup de revolver parti par accident. Le 31 mars 1862, il parut devant le public de New-York, et joua, pendant une semaine, au théâtre Wallack. Il fit ensuite une nouvelle tournée dans les différentes villes de l’Amérique. En 1864, une affection des bronches l’éloigna de la scène; il se livra alors à de grandes spéculations sur les huiles de pétrole, et en retira de beaux bénéfices. À l’occasion d’une représentation donnée au Jardin d’hiver de New-York, et dont le produit devait être affecté au monument de Shakspeare, il joua, aux côtés de ses deux frères, Edwin et Junius, le rôle de Marc-Antoine dans Jules César, rôle qu’il interpréta d’une façon remarquable. Wilkes Booth fit une dernière apparition sur la scène au théâtre Ford, à Washington, à ce même théâtre où devait s’accomplir l’effroyable tragédie qui a ému le monde entier, dans le rôle de Pascara, de la pièce de Shiel, l’Apostat, pour le bénéfice d’un acteur américain. Booth n’était pas un comédien ordinaire : à des avantages naturels, il joignait de l’originalité et une grande intelligence du caractère de ses personnages. Délicat et de taille moyenne, mais doué cependant d’une force herculéenne, il avait la physionomie expressive et une voix pleine et harmonieuse, dont il savait varier les inflexions : Il était surtout applaudi dans Roméo, dans Macbeth, dans Othello. Il interprétait Richard III avec une puissance de talent hors ligne, et s’y montrait différent de tous les autres tragédiens, n’imitant personne. Un jour, qu’il jouait ce rôle sur le théâtre Wallack, avec sa passion ordinaire, il poussa tellement, dans la scène du duel, l’acteur Tillon, qui faisait le rôle de Richmond, que ce dernier alla tomber dans l’orchestre des musiciens. On raconte qu’à l’époque de ses représentations à Albany, en mars 1861, il eut une double intrigue avec une actrice qui avait d’abord paru sur le théâtre du Parc, à Brooklyn, puis à New-York, au théâtre olympique, et avec une écuyère en grande réputation. L’une de ces deux dames, dans un accès de jalousie, lui tira un coup de pistolet, qui le blessa gravement à la main. J.-Wilkes Booth avait donc acquis comme tragédien une réputation au moins égale à celle de son père. Mais, en désertant le théâtre, il avait rêvé une scène plus vaste que celle où jusqu’alors il s’était montré. La politique, avec ses hasards, ses dangers, ses péripéties, prit bientôt la place la plus grande dans l’âme bouillante du jeune homme. Dans la lutte fratricide qui déchira l’Union américaine, John-Wilkes Booth se montra, dès les premiers jours, un sécessionniste forcené. Ses relations suivies avec quelques officiers du Sud, sa participation aux meetings qui avaient pour but d’incendier les villes du Nord, de courir sus aux membres du cabinet et de tuer le président de la République, exaltèrent son esprit jusqu’au fanatisme, et le préparèrent à se faire l’instrument des passions haineuses, des projets de vengeance dont il avait respiré l’atmosphère pendant quatre années.

Le général Lee, commandant de l’armée du Sud, avait mis bas les armes le 9 avril 1865, après avoir échangé avec le général Grant une correspondance qui fait autant d’honneur au vainqueur qu’au vaincu. Toute l’Europe se réjouissait à l’idée d’une paix définitive et de la réconciliation des deux tronçons disjoints de la jeune Amérique. Mais pendant que l’hosanna se faisait entendre d’un bout à l’autre de l’ancien monde, une effroyable nouvelle vint le changer en cri de douleur : « Le président Lincoln et le secrétaire d’État sont assassinés  ! Le premier est mort, l’autre est mourant ! ” L’Europe passa tout à coup de la joie à l’horreur et à la consternation. Qu’était-il arrivé ? Le 14 avril, le président Abraham Lincoln s’était rendu avec sa femme et deux amis au théâtre Ford, à Washington. La tête appuyée dans sa main, avec le sans-façon qui lui était habituel, les yeux tournés attentivement vers la scène, il riait et montrait beaucoup de gaieté. Vers dix heures et demie, la porte de la loge s’ouvre brusquement, un coup de pistolet retentit et Lincoln tombe, la tête fracassée, sur le parquet. Au même instant un homme, le meurtrier, saute de la loge sur le théâtre, eu brandissant un poignard et s’écriant avec un geste tragique  : « Sic semper tyrannis ! Le Sud est vengé ! » Ces mots, entendus distinctement de toute la salle, y éclatèrent comme un coup de tonnerre. La soudaineté de l’action, le ton déclamatoire des paroles, firent croire un instant à un épisode théâtral. Mais ce fut la durée d’un éclair. L’homme s’élança dans les coulisses et s’échappa. Un fait révélé plus tard, c’est que l’assassin, qui ne parut dans la loge présidentielle que pour disparaître aussitôt, avait mûri et préparé son plan avec un sang-froid et une audace incroyables. Il avait pénétré dans la salle du théâtre avant qu’elle fût ouverte au public, et avait pris des dispositions que seul pouvait prendre un homme ayant une connaissance parfaite des lieux. La loge du président, au théâtre Ford, est double, c’est-à-dire qu’elle est formée de deux loges dont on enlève la cloison, et qui, ainsi, n’en forment plus qu’une. On y entre par un couloir sombre, étroit, séparé de la galerie publique par une petite porte. Cette porte fut trouvée condamnée au moyen d’un morceau de bois, épais d’un pouce sur six pouces de large et environ trois pieds de long ; ce morceau de bois était fixé, d’un bout, dans une entaille creusée à cet effet dans le mur, et appuyé de l’autre sur la moulure du panneau de la porte, de sorte qu’il était impossible de s’introduire de l’extérieur après le passage de l’assassin. Un trou, légèrement évidé en dehors, avait été fait dans la porte et permettait de regarder ce qui se passait dans la loge. De plus, comme il y avait, à une seconde porte, des verrous de sûreté qui auraient pu être fermés, les vis des charnières en avaient été à demi dévissées, si bien qu’une faible pression aurait suffi au besoin pour la faire céder. Enfin, ce qui atteste au plus haut degré, dit le Courrier des États-Unis, la diabolique prévoyance qui a présidé à tous ces préparatifs, c’est que le meurtrier avait été jusqu’à se ménager un accès sans obstacle auprès du président, par une disposition spéciale des meubles qui garnissaient la loge. Le fauteuil à bascule de M. Lincoln était sur le devant, dans l’angle le plus éloigné de la scène. Celui de Mme Lincoln était sur le même plan, un peu en arrière, tandis que les autres sièges et le sofa avaient été rangés de l’autre côté de la loge, laissant ainsi un large espace au milieu, où un homme pouvait manœuvrer à l’aise. Tout avait réussi au gré de l’assassin. M. Lincoln s’était assis dans le fauteuil préparé pour lui, Mme Lincoln avait pris place à côté, miss Clara Harris dans l’angle opposé, sur le devant, et le major Rathburn sur le sofa, à quelques pieds en arrière. Le meurtre s’était accompli pendant la seconde scène du troisième acte de la pièce : Our american Cousin. L’assassin, posté dans la salle, avait vu le président s’asseoir sur le siége disposé pour lui. Avant le commencement du second acte, il était sorti pour aller prendre son cheval à l’écurie, l’amener à la porte du théâtre, du côté de l’entrée des artistes, et le confier à la garde d’un jeune homme de sa connaissance. Il était rentré ensuite dans la salle, et, se frayant un passage à travers la foule, était parvenu à l’une des portes de la loge présidentielle. Le domestique du président l’arrêta au passage ; il dit qu’il était sénateur et venait sur invitation. On le laissa entrer. Il s’engagea dans le petit couloir, et, aussitôt après en avoir refermé la porte derrière lui, y ajusta la barre de bois dont nous avons déjà parlé, pour en défendre l’entrée à tout nouvel arrivant. Il se trouva alors en face du major Rathburn, qui lui demanda s’il savait dans la loge de qui il se présentait. Il salua et se tint à l’écart ; puis, ajustant son pistolet, il tira à bout portant de la main gauche. On a prétendu que le major ne s’était aperçu de la présence d’un étranger qu’en entendant la détonation de l’arme. Quoi qu’il en soit, M. Rathburn s’élança sur le meurtrier, qui se débarrassa de son étreinte en le frappant d’un coup de poignard au bras gauche, sauta hors de la loge en lui laissant dans la main un pan de son habit déchiré. Le major courut à la porte de la galerie pour appeler du secours ; il la trouva barricadée, et dut, avant que l’on pût entrer, arracher la pièce de bois qui la retenait. Trente secondes avaient suffi à l’accomplissement de ce drame horrible, qui privait la grande République américaine de l’homme modeste et sympathique vers qui étaient tournés tous les vœux de ses concitoyens et du monde entier. Pendant que Lincoln expirait, son meurtrier, profitant de la stupéfaction générale, avait pu gagner la porte de sortie du théâtre, monter à cheval et fuir au galop. À la même heure, un de ses complices se présentait à la résidence de M. Seward, le secrétaire d’État, alors au lit et souffrant des suites d’une chute de voiture ; il le frappait de cinq coups de poignard, après avoir tué son plus jeune fils, blessé son fils aîné et deux domestiques. D’autres victimes avaient été désignées encore, entre autres le vice-président, M. Johnson ; car un complot existait bien réellement, dont le but était de frapper au cœur les plus fermes soutiens de la cause du Nord et les généreux partisans de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis.


Le nom de l’assassin d’Abraham Lincoln ne tarda pas à être connu : John-Wilkes Booth, l’ex-tragédien, fut désigné aux officiers de police lancés à sa poursuite. Le crime avait eu lieu le vendredi saint ; le lundi suivant, on était sur les traces de son auteur. Booth, à sa sortie du théâtre, devait retrouver ses complices ; mais un seul, le nommé Harold, fut exact au rendez-vous, et passa avec lui dans le Maryland. Les deux hommes durent s’arrêter la nuit même du 14 chez un chirurgien, le docteur Mudd, car Booth en fuyant était tombé de cheval et s’était cassé la jambe. Le lendemain seulement, dans l’après-midi, Booth fut en état de continuer sa route. Sur les indications du docteur Mudd, condamné plus tard comme ayant trempé dans le complot, les deux hommes s’éloignèrent ; mais un retard de quelques heures avait mis Booth dans l’impossibilité de rejoindre des amis sur lesquels il avait compté. Booth et son compagnon s’étaient réfugiés dans les marais de Mary’s County (Maryland), et ils avaient trouvé un asile dans la ferme d’un nommé Garrett, située près de Port-Royal. Ils étaient cachés depuis deux jours lorsqu’ils y furent découverts dans une grange où ils s’étaient enfermés : c’était pendant la nuit. On les somma de se rendre, Harold voulut obtempérer à la sommation, mais Booth l’accusa de lâcheté. Cependant il le laissa sortir et se livrer aux cavaliers. Le Courrier des États-Unis a donné les détails dramatiques qui suivent sur la mort de Booth :

« .....Le colonel Gonger, se glissant derrière la grange, tira quelques pailles à travers une fente, les alluma et les rejeta à l’intérieur. La paille était sèche ; elle s’enflamma en un instant : on put voir, par les ais disjoints, la grange s’illuminer et s’emplir de fumée. Les plus noirs recoins s’éclairèrent de l’aire aux solives ; des teintes rouges et violettes dessinaient dans les angles, derrière les meules et les gerbes, les charrues, les herses, les moulins à sucre, et faisaient briller les grains battus comme des pierres fines. La flamme courait le long des poutres, s’enroulait autour des colonnes, léchait les parois de bois et s’accrochait aux arêtes des madriers. C’était une atmosphère ardente, au milieu de laquelle se dessinait une silhouette sinistre, celle d’un homme qui, séparé par un rideau de feu de tout ce qui l’entourait dans la nuit, était en pleine vue, tandis que son propre regard ne dépassait pas le cercle dans lequel il était enfermé. Il était debout, appuyé sur une béquille. Il ressemblait, dit M. Conger, à son frère Edwin, le grand tragique, à ce point qu’on a cru un instant à une illusion. Par un mouvement rapide, Wilkes laissa tomber sa béquille et sa carabine, et, se traînant sur ses mains, rampa jusqu’à l’endroit où avait commencé le feu, pour surprendre celui qui l’avait allumé et le tuer. Ses yeux lançaient des éclairs et resplendissaient d’une terrible beauté ; ses dents serrées brillaient dans sa bouche entr’ouverte ; sa figure était empreinte d’un calme diabolique, où se pressentait l’explosion de la folie. Mais ses yeux cherchaient en vain une issue ; l’incendie l’aveuglait. Il se releva, et, avec le sang-froid d’un vétéran au milieu de tous les feux de la bataille, il marcha droit à la porte, le revolver au poing, résolu à vendre chèrement sa vie. Ce fut à ce moment qu’un coup de feu l’abattit. « Il s’est tué ! » dit le colonel Baker. Non ; c’était le sergent Corbett, qui avait vu ses amis menacés, et qui avait détourné la mort en tuant le meurtrier. Quand tout fut fini, le cadavre de Booth fut cousu dans une couverture militaire. Un vieux nègre du voisinage était possesseur d’un cheval. On le prit. Ce cheval semblait fait exprès pour une œuvre ténébreuse. Ses hanches, ses côtes perçaient la peau ; son poil bourru ressemblait à la toison de son maître. Il marchait l’amble avec une désinvolture bizarre, et mesurait ses pas avec une lenteur que les plus violents encouragements ne réussissaient pas à hâter. La charrette à laquelle on l’attela n’était pas moins misérable. C’est sur cet équipage que fut chargé le cadavre, et le convoi sinistre se mit en route au moment où le crépuscule commençait à blanchir le ciel. Pour compléter le tableau, Harold, ce bas comparse du grand drame, marchait gémissant, implorant et s’excusant lâchement, au bout d’une corde qui tenait, d’une part à son cou, et de l’autre à la selle d’un cavalier. Quel tableau ! Ce vieux nègre, ce cheval squelette, cette voiture, et ce pendu qui marche au milieu d’une escorte silencieuse et de la nature encore endormie ! En route, le sang, arrêté jusque-là au bord de la plaie, coula abondamment et marqua le chemin d’une trace rouge. L’essieu et les planches de la voiture en étaient inondés. À un moment, le nègre s’en emplit les mains. Il poussa un rugissement d’horreur, « Essuyez-moi cela, criait-il ; essuyez... c’est le sang d’un maudit, je vais mourir... Pour des milliers de dollars je ne voudrais pas de cette tache... » Et le pauvre homme pleurait.

« Enfin, comme pour ajouter un frisson à cette lamentable histoire, on raconte que le cadavre a disparu... Où ? comment ? Allez le demander aux vents du ciel, aux entrailles de la terre, ou aux abîmes des flots. Un homme seul pourrait nous le dire. C’est le colonel Lafayette C. Baker, l’agent secret du département de la guerre. Ce qu’il y a de certain, c’est que, déposé à bord d’un monitor, sur le Potomac, puis débarqué à l’arsenal maritime, il y est resté jusqu’au jeudi soir 27 avril. Le lendemain, il n’y était plus. Que s’est-il passé dans la nuit ?... Voici ce que l’on a raconté : À minuit, un barque sans fanal, montée de deux hommes, était partie sans bruit de l’arsenal. Les hommes ramèrent silencieusement jusqu’à ce que la dernière étincelle du village et le dernier bruit des avirons eût disparu dans l’immensité de l’ombre et du silence. Depuis, on ne les a plus revus. On sait qu’avant de partir on leur avait fait jurer le secret. Il y avait dans la barque une caisse de bois grossier de 6 pieds de long et de 18 pouces de large. Qui pourra jamais dire ce qu elle est devenue ? Le meurtrier n’est pas seulement mort, il n’est plus rien, pas même une pincée de cendre ; il est annihilé, et pas un être au monde, pas même sa mère, ne saura où verser une larme pour épancher sa douleur. Et si, un jour, les flots rejetaient les dépouilles du meurtrier et qu’une main amie voulût leur donner une tombe, on pourrait y graver les derniers mots qu’il a prononcés quand on voulait le secourir encore : «Useless ! useless ! (Inutile ! inutile ! ) » Car le crime qu’il a commis et qui avait pour but le maintien de l’esclavage n’a servi qu’à précipiter la ruine de cette institution odieuse. »

La mort de Lincoln n’a pas désorganisé le gouvernement de Washington ; elle n’a pas retardé d’une heure la marche ni les derniers triomphes de l’armée fédérale. Investi par la constitution de l’autorité présidentielle, le vice-président de la république, M. Johnson, a pris immédiatement d’une main ferme la direction des affaires. Cités devant un conseil de guerre siégeant à Washington, les complices connus de Booth ont été condamnés, savoir : Payne, auteur de l’attentat contre M. Seward, Harold, Atzeroth et Mme Surratt à la peine de mort ; le docteur Mudd, Arnold et O’Laughlin à la prison perpétuelle ; Spangler à six ans de prison. Payne, Harold, Atzeroth et Mme Surratt ont été pendus le 7 juillet 1865. On a publié une Confession de John-Wilkes Booth, assassin du président Abraham Lincoln, traduite de l’anglais, d’après le manuscrit original (Paris, 1865), qui nous paraît être une œuvre de spéculation. Nous ne pensons pas qu’on puisse, en lisant cette prétendue confession, croire un seul instant qu’elle ait un caractère sérieux.

Un des frères de John-Wilkes Booth, portant comme son père le nom de Junius-Brutus, a abordé le théâtre avec succès ; il a donné depuis l’attentat des représentations à Cincinnati ; un autre, Edwin T.-Joseph, était, au moment de l’assassinat du président, engagé au théâtre de Boston ; ce dernier, qui jouit de la faveur du public, a une grande ressemblance avec John-Wilkes. Une de ses sœurs, Rosalie, est mariée à l’acteur John-S. Clarke. Son autre sœur, qui habitait avec sa mère, était venue depuis peu faire sa résidence à New-York ; elle a quitté cette ville dans la matinée du 15 avril.