Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/AMÉRIQUE — Histoire 3° Affranchissement des colonies américaines

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 265).

3" Affranchissement des colonies américaines. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’Amérique n’avait été qu’une extension politique de l’Europe. Le 4 juillet 1776 est pour elle une grande date ; c’est l’époque où elle commence à prendre possession d’elle-même, à vivre d’une vie propre, à se détacher comme un fruit mûr de la tige maternelle, l’époque où elle devient vraiment un nouveau monde politique. L’affranchissement des États-Unis, le prêté par la France à cet affranchissement (V. États-Unis.Histoire), concours qui était en quelque sorte le prologue de la Révolution française, semblent agrandir le théâtre de l’histoire, en faisant entrer dans l’équilibre des États, dans le mouvement général de la civilisation, des forces, des intérêts et des droits nouveaux qui, réagissant sur l’Europe, devaient exercer une immense influence sur les destinées de l’humanité. Les colonies espagnoles, sans doute en raison de la différence de religion, de race et de climat, furent plus lentes à secouer le joug. Ce fut la colonie française de Saint-Domingue qui, tirée de sa torpeur par le coup de tonnerre de 89, suivit la première l’exemple des États-Unis (1804). Quelques années plus tard, le mouvement imprimé au monde par la Révolution française, et l’invasion de l’Espagne par Napoléon Ier, déterminèrent sur tous les points le soulèvement des possessions espagnoles, depuis Buenos-Ayres jusqu’au Mexique (de 1808 à 1810). Une junte convoquée à Buenos-Ayres, en 1810, prit en main les rênes du gouvernement. En 1815, le congrès de Tucuman, reporté ensuite à Buenos-Ayres, fit une constitution républicaine. Le 9 juillet 1816, l’indépendance fut proclamée, et le Chili suivit bientôt cet exemple. Après quinze ans de guerres, la bataille d’Ayacucho, livrée le 9 décembre 1824, mit fin à la domination de l’Espagne sur le continent américain. Dès 1821, le Brésil s’était déclaré indépendant du Portugal. Le résultat de ces guerres de l’indépendance américaine fut le partage politique de l’Amérique en deux grandes divisions : l’une, composée des États qui ont secoué le joug de leurs métropoles respectives ; l’autre, formée des possessions européennes.

Dans l’Amérique du Nord nous trouvons : la confédération anglo—américaine ou les États-Unis, le Mexique, le Guatemala, San-Salvador, le Honduras, le Nicaragua et Haïti. Dans le Sud : la Nouvelle-Grenade, l’Équateur, le Vénézuela, la Bolivie, le Brésil, l’Uraguay, le Paraguay, le Rio-de-la-Plata et le Chili.

Les possessions des Européens dans les deux Amériques se répartissent, de la manière suivantes :

Possessions anglaises : dans les Antilles, les Bermudes, la Jamaïque, les Bahamas, Tabago, la Trinité, et un grand nombre d’autres îles ; dans d’autres parties de l’Amérique, le Canada, la Nouvelle-Écosse, le Yucatan anglais, la Guyane anglaise, etc. ;

Possessions françaises : dans les Antilles, la Martinique, la Guadeloupe, la Désirade, les Saintes et Marie-Galante ; — la Guyane française, les îles St-Pierre et Miquelon, près de la côte de Terre-Neuve ;

Possessions espagnoles : dans les Antilles, Cuba et Porto-Rico ;

Possessions hollandaises : plusieurs îles dans les Antilles, telles que St-Martin, Curaçao, Arouba, etc., et une portion de la Guyane ;

Possessions danoises : l’île St-Barthélemy, dans les Antilles ;

Possessions russes : quelques parties vers la côte nord-ouest.