Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ÉPERNON (Bernard DE NOGARET DE LA VALETTE, duc D’), général français, fils des précédents

Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 2p. 685-686).

ÉPERNON (Bernard de Nogaret de La Valette, duc d’), général français, fils des précédents, né à Angoulême en 1592, mort en 1661. Il fut connu, jusqu’à la mort de son père (1642), sous le nom de duc de La Valette. Dès l’âge de dix-huit ans, il obtint la survivance de la charge de colonel-général d’infanterie, combattit aux sièges de Saint-Jean-d’Angely, de Royan (1621), à l’attaque du pas de Suze (1629), en Picardie (1636), en Guyenne, et se signala alors contre les Espagnols, qui avaient envahi le pays de Labour, puis contre les paysans révoltés. Chargé par le prince de Condé, en 1638, de diriger l’assaut au siège de Fontarabie, il refusa, la brèche n’étant pas assez large, et dut céder son poste à Sourdis, qui se vit forcé dans ses lignes et obligé de regagner ses vaisseaux avec le prince de Condé. Ce désastre fut attribué au duc de La Valette, qui n’y était pour rien et qui avait, au contraire, mérité des éloges en ralliant et conduisant à Bayonne les débris de l’armée. Richelieu, qui le haïssait, le fit traduire devant un tribunal extraordinaire, présidé par le roi lui-même (1639). Ce tribunal porta contre l’accusé une sentence de mort ; mais cette sentence ne put être exécutée qu’en effigie. La Valette, qui connaissait bien Richelieu, s’était prudemment sauvé en Angleterre, où on lui donna l’ordre de la Jarretière. Après la mort de Louis XIII, Bernard de La Valette, devenu duc d’Épernon, revint en France, fit annuler par le parlement de Paris le jugement inique dont il avait été frappé (1643), devint gouverneur de la Guyenne jusqu’à sa mort et gouverneur de la Bourgogne (1654-1660) ; il se montra peu jaloux de justifier l’intérêt que l’injustice de ses ennemis avait répandu sur sa personne, et ne se signala, à l’exemple de son père, que par sa rapacité, sa hauteur, sa brutalité et ses vices. Il empoisonna, en 1627, sa femme Gabrielle, fille légitimée de Henri IV et de la marquise de Verneuil, dont il eut un fils, Louis-Charles-Gaston de Candale, et une fille dont nous parlerons plus loin. Il rendit extrêmement malheureuse sa seconde femme, Marie du Cambout, nièce du cardinal de Richelieu, et conçut une vive passion pour une bourgeoise d’Agen, Ninon de Lartigue, qui exerça sur son esprit un pouvoir absolu, et à qui il donna des sommes énormes.