Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/Le Cor anglais

LE COR ANGLAIS.

Cet instrument est pour ainsi dire l’alto du hautbois, dont il possède toute l’étendue ; on l’écrit sur la clef de sol comme un hautbois en fa grave, et conséquemment une quinte au dessus du son réel.

Sa Gamme :


\relative c' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  b4 c d e f g a b c d e f g a b c d e f
  \bar "||"
}

Produit pour l’auditeur celle-ci :


\relative c {
  \key f \major
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  e4 f g a bes_"Avec les intervalles chromatiques." c d e f g a bes c d e f g a bes
  \bar "||"
}

Plusieurs cors anglais possèdent aussi le Si grave.

Si l’orchestre joue en Ut le cor anglais doit donc être écrit en Sol s’il joue en le cor anglais sera écrit en La etc.

Ce que nous venons de dire pour les difficultés du doigté du hautbois dans certaines rencontres de notes dièzées ou bémolisées, est applicable au cor anglais ; pour lui les successions rapides sont d’un plus mauvais effet encore ; son timbre moins perçant, plus voilé et plus grave que celui du hautbois, ne se prête pas comme lui à la gaité des refrains rustiques. Il ne pourrait non plus faire entendre des plaintes déchirantes ; les accents de la douleur vive lui sont à peu près interdits. C’est une voix mélancolique, rêveuse, assez noble, dont la sonorité a quelque chose d’effacé, de Lointain, qui la rend supérieure à toute autre, quand il s’agit d’émouvoir en faisant renaître les images et les sentiments du passé, quand le compositeur veut faire vibrer la corde secrète des tendres souvenirs. Mr Halevy a employé avec un bonheur extrême deux cors anglais dans la ritournelle de l’air d’Eléazar, au 4eme acte de la Juive.

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Dans l’Adagio d’une de mes Symphonies, le Cor anglais, après avoir répété à l’octave Basse les phrases d’un hautbois comme ferait dans un dialogue pastoral la voix d’un adolescent répondant à celle d’une jeune fille, en redit les fragments (à la fin du morceau) avec un sourd accompagnement de quatre timbales, pendant le silence de tout le reste de l’orchestre. Les sentiments d’absence, d’oubli, d’isolement douloureux qui naissent dans l’âme de certains auditeurs à l’évocation de cette mélodie abandonnée, n’auraient pas le quart de leur force si elle était chantée par un autre instrument que le cor Anglais.

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Le mélange des sons graves du Cor Anglais avec les notes basses des Clarinettes et des Cors pendant un trémolo de Contre-Basses, donne une sonorité spéciale autant que nouvelle, propre à colorer de ses reflets menaçants les idées musicales où dominent la crainte, l’anxiété. Cet effet ne fut connu ni de Mozart, ni de Weber ni de Beethoven. On en trouve un magnifique exemple dans le Duo du 4me Acte des Huguenots, et je crois que M. Meyerbeer est le premier qui l’ait fait entendre au théâtre.

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Dans les compositions dont la couleur générale doit être empreinte de mélancolie, l’usage fréquent du Cor Anglais caché dans le centre de la masse instrumentale, convient parfaitement. On peut alors n’écrire qu’une partie de Hautbois et remplacer la seconde par celle du Cor Anglais. Gluck a employé cet instrument dans ses opéras Italiens Telemaco, et Orfeo, mais sans intention saillante et sans en tirer grand parti, il ne l’écrivit jamais dans ses partitions Françaises. Ni Mozart, ni Beethoven, ni Weber ne s’en sont servis ; je n’en connais pas la raison.