Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/La Mandoline

LA MANDOLINE

Est à peu près tombée en désuétude aujourd’hui, et c’est dommage, son timbre, tout grêle et nasillard qu’il est a quelque chose de piquant et d’original dont on pourrait très souvent faire une heureuse application.

Il y a plusieurs espèces de Mandolines ; la plus connue a quatre cordes doubles, c’est-à-dire, quatre fois deux cordes à l’unisson, et accordées en quinte, comme le Violon. On l’écrit sur la clef de Sol.

EXEMPLE.

\relative c' {
  \override Score.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  <<{g2}\\{\once \override NoteColumn #'force-hshift = #1 g2}>>
  <<{d'2}\\{\once \override NoteColumn #'force-hshift = #1 d2}>>
  <<{a'2}\\{\once \override NoteColumn #'force-hshift = #1 a2}>>
  <<{e'2}\\{\once \override NoteColumn #'force-hshift = #1 e2}>>
  \bar "||"
}

Les Mi sont des cordes à boyau, les La sont en acier, les en cuivre, et les Sol en boyau recouvert d’un fil d’argent.

L’étendue de la Mandoline est de près de trois octaves.

EXEMPLE.

\relative c' {
  \override Score.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  g2 a b c d e f_"Avec les intervalles Chromatiques."
  g a b c d e f
  g a b c d e
  \bar "||"
}
C’est un instrument plutôt mélodique qu’harmonique ; ses cordes étant mises en vibration par un bec de plume ou d’écorce, que l’exécutant tient de la main gauche, peuvent faire entendre sans doute des accords de quatre notes, tels que ceux-ci :

\relative c' {
  <g d' b' g'>2 <g d' a' fis'>
  <g d' b' g'> <c e a e'>
  <g d' b' g'> <g d' c' a'>
  <g d' d' b'> r
  \bar "||"
}

qu’on obtient en passant rapidement le bec de plume sur les quatre double cordes ; mais l’effet de ces groupes de notes simultanées est assez mesquin et la Mandoline n’a son vrai caractère et son effet que dans des accompagnements mélodiques de la nature de celui qu’a écrit Mozart au deuxième acte de Don Juan.

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La Mandoline est aujourd’hui tellement abandonnée, que, dans les théâtres où l’on monte Don Juan on est toujours embarrassé pour exécuter ce morceau de la sérénade. Bien qu’au bout de quelques jours d’étude un Guitariste ou même un Violoniste ordinaire puisse se rendre familier le manche de la mandoline, on a si peu de respect en général pour les intentions des grands maîtres, dès qu’il s’agit de déranger en la moindre chose de vieilles habitudes, qu’on se permet presque partout, et même à l’Opéra (le dernier lieu au monde où l’on devrait prendre une pareille liberté), de jouer la partie de Mandoline de Don Juan sur des Violons en pizzicato ou sur des Guitares. Le timbre de ces instruments n’a point la finesse mordante de celui auquel on le substitue, et Mozart savait bien ce qu’il faisait en choisissant la Mandoline pour accompagner l’érotique chanson de son héros.