Grammaire de l ornement/Chap XVIII

Day & Son, Limited-Cagnon (p. 131-Image).

Chapitre XVIII. — Planches 83, 84, 85.
ORNEMENTS DU TEMPS D’ÉLISABETH.
1. 
Le centre de l’ornement d’une cheminée en pierre qui se trouvait autrefois au Palais Royal de Westminster, et qui est placée actuellement dans la garde-robe dela Cour des Juges de Queen’s Bench.
2. 
Sculptures en pierre d’une vieille maison de Bristol. Jacques I.
3. 
Frise, de Goodrich Court, Herefordshire. Du temps de Henri VIII. ou d’Klizabeth. Travail flamand.
5 et 7. 
Sculptures en bois de Burton Agnes, dans le York shire. Jacques I.
6. 
Sculpture en bois au dessus de la porte d’une maison près de Norwich. Élisabeth.
8. 
Sculptures en bois d’un prie-dieu de l’église de Pavennam, Bedfordshire. Jacques I.
9. 
Sculptures en bois d’une cheminée, Old Palace, Bromley, près de Bow. Jacques I.
10 et 
15. Sculptures en pierre d’un tombeau de l’Abbaye de Westminster. Jacques I.
11 et 
12.rien
13. 
Sculptures en bois, Montacute, dans le Somersetshire. Élisabeth.
14. 
Sculptures en pierre, Crewe Hall. Jacques I.
16. 
Sculptures en bois de la Halle de Trinity Collége, Cambridge.
1. 
Ornement en pierre, Burton Agnes, Yorkshire. Jacques I.
2. 
Ornement en peinture, de l’escalier de Holland House, Kensington. Jacques I.
3. 
Sculptures en bois. Holland House.
4. 
Idem, idem.
5. 
Sculptures en bois, Aston Hall, Warwickshire. Epoque avancée de Jacques I.
6. 
Pris d’une vieille chaise. Élisabeth.
7. 
Ornement en pierre d’un des tombeaux de Westminster. Élisabeth.
8. 9. 
Ornements de Burton Agnes, Yorkshire. Jacques I.
10. 
Ornements diaprés en bois, Old Palace, Enfield. Élisabeth.
11. 
Ornements diaprés en bois, Aston Hall. Jacques I.
12 et 
16. Ornements en bois des bancs de l’église de Pavenham, Bedfordshire. Jacques I.
13 et 
14. Pris de Burton Agnes. Les derniers qui aient été publiés de la période de Charles II.
15, 24, 
26. Ornements diaprés en pierre, Crewe Hall, Cheshire. Jacques I.
17. 
Ornement d’une cheminée en marbre, Little Charlton House, Kent.
18 et 
20. Ornements en bois, dans la maison de Peter Paul Pindar, Bishopsgate. Jacques I.
19 et 
21. Ornements en bois de Burton Agnes, Yorkshire. Jacques I.
22. 
Pris d’un cabinet. Jacques I. Travail français.
23. 
Pris d’un tombeau de l’Abbaye de Westminster. Jacques I.
25. 
Pris d’un tombeau, Aston Church. Jacques I.
27. 
Sculptures en bois de l’escalier d’Aston Hall, Warwickshire. Époque avancée de Jacques I.
28. 
Décoration en plâtre d’un plafond à panneaux de Cromwell Hall, Highgate. Charles II.

1, 15, 
18. Ornements diaprés de Burton Agnes, Yorkshire.
2. 
Ornements diaprés en bois, de la Halle de Trinity Collége, Cambridge.
6 et 
8. Idem, idem. Dernière époque de Jacques I.
3. 
Pris de la draperie d’un tombeau de Westminster. Élisabeth.
4. 
Ornements diaprés en bois, pris d’une vieille maison à Enfield. Jacques I.
5. 
Ornements diaprés en plâtre, d’une vieille maison près de l’église de Tottenham. Élisabeth.
7. 
Tapisserie travaillée à l’aiguille. Élisabeth. (J de grandeur.) Prise de la collection de M. Mackinlay. Le fond est vert-clair ; le sujet jaune clair, bleu, ou vert ; et les contours sont en cordon de soie jaune.
9. 
Motif pris de la draperie d’un tombeau de Westminster. ÉLisabeth.
10. 
Pris d’une couverture en damas d’une chaise qui se trouve à Knowle, Kent. Jacques I.
11. 
Ouvrage à l’aiguille appliqué. Jacques I. ou Charles I. Tiré de la collection de M. Mackinlay. Le fond est rouge foncé ; les ornements sont en soie jaune ; et les contours en cordon de soie jaune.
12. 14, 
16, 17. Motifs pris de robes de vieux portraits. Élisabeth ou Jacques I.
13. 
Ouvrage à l’aiguille appliqué. Par un artiste italien. Jacques I. ou Charles I.
ORNEMENTS DU TEMPS D’ÉLISABETH.

Avant de donner la description des traits qui caractérisent le style qu’on appelle généralement le style du temps d’Élisabeth nous croyons devoir tracer succintement l’origine de la rénovation de l’antique en Angleterre, et ses progrès successifs, jusqu’au moment où elle est parvenue à triompher et à l’emporter complètement sur le style gothique, au seizième siècle. La première introduction de la renaissance en Angleterre date de l’an 1518, époque à laquelle Torrigiano composait, par ordre de Henri VIII., un monument consacré à la mémoire de Henri VII., monument qui se trouve encore actuellement à l’abbaye de Westminster, et qui présente un exemple à peu près pur du style italien de cette époque. Le monument de la comtesse de Richmond à Westminster dans le même style, date de la même époque ; le dessin en a été fourni également par Torrigiano qui se rendit, peu de temps après, en Espagne, laissant en Angleterre plusieurs Italiens, attachés au service de Henri, qui devaient naturellement contribuer à propager le goût pour ce genre de style. Parmi les noms de l’époque qiri sont parvenus jusqu’à nous, nous citerons ceux de Girolamo da Trevigi, employé à la fois comme architecte et comme ingénieur ; de Bartolomeo Penni et d’Antony Poto (del’Nunziata), peintres ; et de Benedetto da Rovezzano, fameux sculpteur florentin. Ajoutons à cette liste le nom de Jean de Padoue, qui appartient à une période plus récente, et qui a eu, à ce qu’il paraît, plus d’ouvrage que tous les autres ; il a fourni, entre autres le dessin de l’ancien Somerset House, en 1549. Cependant ce n’a pas été purement et exclusivement l’influence italienne qui a contribué à développer en Angleterre le nouveau style, puisque nous rencontrons, à la même époque les noms de Gerard Hornebande, ou Ilorebout, de Gand, de Lucas Cornelis, de John Brown, et d’Andrew Wright, sergents-peintres du Roi. En 1520, le célèbre Holbein vint en Angleterre ; et c’est à lui et à Jean de Padoue que revient le mérite d’avoir naturalisé en Angleterre le nouveau style, modifié par le génie individuel et l’éducation germanique de l’un, et par les modèles, et les réminiscences locales d’où découlaient les inspirations de l’autre, qui a reproduit dans ce pays, non sans des modifications considérables, plusieurs des formes qui caractérisaient la première école vénitienne de la renaissance. Holbein mourut en 1554, mais Jean de Padoue lui survécut bien des années, et c’est lui qui fournit le dessin du superbe hôtel Longleat vers l’an 1570. À l’occasion des funérailles d’Édouard VI., 1553, mention est faite dans le règlement de la procession, (Archœol. vol. xii., 1796) des noms d’Antony Toto (cité ci-dessus), de Nicholas Lyzarde, peintres, et de Nicholas Modena, sculpteur ; tous les autres noms des maîtres-maçons, etc. sont Anglais. À une époque plus récente, pendant le règne d’Élisabeth, nous ne trouvons que deux noms italiens à savoir celui de Federigo Zucchero) dont la maison à Florence dessinée, dit on, par lui-même tendrait plutôt à prouver que le style d’architecture anglais a exercé de l’influence, sur lui que vice versâ, et de Pietro Ubaldini, peintre de livres enluminés.

C’est la Hollande qui fournit à l’Angleterre le plus grand nombre des artistes de cette époque, pendant laquelle se forma véritablement le style dit du temps d’Élisabeth : Lucas de Heere de Gand, Cornelius Ketel de Gouda, Marc Garrard de Bruges, H. C. Vroom de Haarlem, peintres ; Richard Stevens, hollandais, qui a exécuté le monument de Sussex, à l’église de Boreham, Suffolk ; et Théodore Haveus, de Clèves, l’architecte des quatre portes, Humilitatis, Virtutis, Honoris, et Sapiential, de Caius Collége, Cambridge, et qui a dessiné et exécuté, en outre, le monument du Docteur Caius, vers l’an 1573. À la même époque nous rencontrons déja une nombreuse phalange d’artistes anglais, dont nous citerons comme le, s plus remarquables les architectes, — Robert et Bernard Adams, les Smitbsons, Bradshaw, Harrison, Holte, Thorpe, et Shute (celui-ci a été l’auteur du premier ouvrage scientifique en anglais, sur l’architecture, 1563) ; Hillier orfèvre et bijoutier ; et Isaac Oliver, peintre de portraits. La plupart des architectes que nous venons de nommer exerçaient leur art au commencement du dix-septième siècle, époque à laquelle la publication des «  Elements of Architecture,  »[1] par Sir Henry Wooton, contribua à répandre l’étude du nouveau style. Bernard Jansen et Gerard Chrismas, natifs de Hollande l’un et l’autre, jouissaient d’une grande vogue pendant le règne de Jacques I. et de Charles I., et la façade de Northumberland House, Strand, est leur œuvre.

Quelque temps avant la fin du règne de Jacques I. — i. e. en 1619 — le nom de Inigo Jones marque à peu près la décadence complète du style du temps d’Élisabeth, décadence dont la reconstruction du palais de Whitehall donna le signal, fournissant en même temps un exemple qui ne pouvait manquer de produire une révolution complète dans l’art. Du reste, le style « Palladien » du seizième siècle avait été introduit déja auparavant par Sir Horatio Pallavicini, qui appliqua ce style à sa maison (démolie à présent) à Little Shelford, Cambridgeshire ; et quoique Nicholas Stone et son fils, architectes et sculpteurs, aient continué à suivre l’ancien style, dans les monuments funèbres surtout, celui-ci céda bientôt la place au genre plus pur, mais moins pittoresque des meilleures écoles italiennes.

Ainsi en partant de 1519, époque d’où datent les œuvres de Torrigiano à Westminster, et descendant à la date de 1619, époque à laquelle Inigo Jones commença la construction de Whitehall, nous embrassons le siècle du style du temps d’Élisabeth, et la plupart des œuvres exécutées pendant ce temps appartiennent à la période dite Élisahéthéenne.

Dans la liste des artistes que nous avons donnée ci-dessus, on remarque un mélange variable de noms italiens, hollandais, et anglais. Dans la première période, règne de Henri VIII., ce sont les Italiens qui prédominent, au nombre desquels nous croyons pouvoir placer le célèbre Holbein, car ses ouvrages de luxe en métal, etc. — comme par exemple le gobelet qu’il a dessiné pour Jane Seymour, le poignard et l’épée faits probablement pour le roi — sont empreints d’une grace et d’une pureté de style dignes de Cellini lui-même. Les arabesques qu’il a peintes dans le grand tableau de Henri VIII. et de sa famille, au palais de Hampton Court, quoiqu’elles soient, tant soit peu, grotesques et lourdes n’en sont pas moins des imitations soignées des modèles du cinque-cento ; et le plafond de la chapelle royale du palais de St. James, dessiné par lui en 1540, est dans le style dont il y a nombre de beaux exemples à Venise et à Mantoue.

Pendant le règne d’Élisabeth nous remarquons une grande prépondérance d’artistes hollandais, car une sympathie politique et religieuse liait alors l’Angleterre à la Hollande ; et quoique ces artistes soient désignés pour la plupart comme peintres seulement, il ne faut pas perdre de vue, qu’à cette époque les arts étaient intimement liés les uns avec les autres, et ce n’était pas chose rare que de voir des peintres occupés à dessiner des modèles pour ornements, tant peints que sculptés, et même des modèles d’architecture ; d’un autre côté les peintres trouvaient dans les accessoires de leurs tableaux mêmes de la place pour les dessins d’ornements, comme on peut le voir, par exemple, dans le portrait de la reine Marie, peint par Lucas de Heere, tableau qui a des compartiments à panneaux d’entrelacs géométriques, remplis de fleurons. Nous pouvons donc conclure, que pendant la plus grande partie du règne d’Élisabeth les états protestants des Pays-Bas et de l’Allemagne[2] exercèrent une influence importante sur les arts en Angleterre. Ce fut à la même époque que fut bâti le château de Heidelberg (1556-1559), qui a dû produire de l’effet sur les arts en Angleterre, d’autant plus qu’Élisabeth, fille de Jacques I. tenait sa cour comme reine de Bohême, à ce château, au commencement du dix-septième siècle.

Dans la dernière partie du règne d’Élisabeth et pendant le règne de Jacques I. les artistes anglais étaient très nombreux, et avaient, à ce qu’il paraît, tout le champ à eux, libre de tout concurrent, à l’exception de Jansen et de Chrismas ; c’est donc à cette période que nous devons nous attendre à trouver une école véritablement anglaise. Effectivement c’est à cette époque qu’appartiennent les artistes anglais dont les noms sont associés avec la construction et la décoration concomitante de bâtiments, tels que Audley End, Holland House, Wollaton, Knowle et Burleigh.

De même, on doit s’attendre à trouver dans les œuvres des artistes du règne de Henri, des ornements purement italiens ; comme c’est le cas en effet, non-seulement dans les sujets dont nous avons parlé déjà, mais aussi dans les exemples donnés planche LXXXIII., Nos. 1 et 3. Sous Élisabeth nous ne trouvons qu’une imitation légère des modèles italiens, et une adoption complète du style d’ornement pratiqué par les artistes décorateurs de l’Allemagne et des Pays-bas. Sous le règne de Jacques I. nous retrouvons le même style, continué par les artistes anglais d’une manière plus large, comme on peut le voir aux Nos. 5 et 1 1 de la planche LXXXIV., pris d’Aston Hall, construit dans la dernière partie de ce règne. Aussi, cette époque offre-t-elle fort peu de ce qu’on puisse appeler original dans le caractère des ornemsnts, lesquels ne sont que des modifications de modèles étrangers. Déja à la fin du quinzième siècle on peut découvrir le germe des enroulements à jour qui caractérisent cette époque dans les ouvrages décoratifs de l’Italie, tels que vitraux peints et livres enluminés. Les superbes ordures ornées, etc. de Giulio Clovio (1498-1578), élève de Giulio Romano, représentent déjà sur différents points, l’enroulement, les bandelettes, les pointes de diamants et les festons qui caractérisent le style du temps d’Élisabeth ; la même chose se voit dans les vitraux peints de la bibliothèque Laurentienne de Florence, par Giovanni da Udine (1487-1564) ; cette ressemblance est encore plus frappante dans les frontispices du grand ouvrage de Serlio sur l’architecture, publié à Paris en 1545. Quant à l’autre trait caractéristique qui distingue principalement les ornements du temps d’Élisabeth, savoir les entrelacs à rubans compliqués et capricieux, il faut en chercher l’origine dans les dessins aussi excellents que nombreux des graveurs, qui étaient connus sous le nom de « petits-maîtres » de l’Allemagne et des Pays-bas, tels que Aldegrever, Virgilius Solis de Nuremberg, Daniel Hopfer d’Augsbourg, et Theodor de Bry, qui ont présenté au monde, dans le courant du seizième siècle, un grand nombre de dessins à ornements gravés. N’oublions pas de parler des compositions, tant pour l’architecture que pour l’ornement, publiées à la fin du même siècle par W. Dieterlin, compositions capricieuses et d’un caractère tout-à-fait élisabéthêen, lesquelles, au dire de Vertue, ont servi à Chrismas pour ses dessins de la façade de Northumberland House. Tels sont les sources, d’où le style dit élisabêthéen a tiré ses principaux fondements. Remarquons ici que la décoration doit évidemment varier en caractère, selon les différents sujets et les divers matériaux auxquels elle s’applique, loi æsthétique parfaitement reconnue par les maîtres italiens, qui se gardaient bien d’appliquer aux œuvres de sculpture et d’architecture le style appartenant à la peinture, qu’ils reléguaient dans ses justes limites, ne s’en servant que pour les livres enluminés, les gravures et les métaux damasquinés ; mais il n’en fut pas ainsi des artistes qui travaillaient en Angleterre à l’époque dont nous traitons ici, bien au contraire, ceux-ci faisaient entrer le style de l’ornement peint, dans toutes les branches de l’art, et ils reproduisaient jusque dans leurs bâtiments, les caprices illimités et bizarres de l’artiste décorateur, tels qu’ils les trouvaient dans les gravures.

Quant aux principaux traits caractéristiques des ornements du temps d’Élisabeth, — les voici : la variété grotesque et compliquée des enroulements travaillés à jour et pourvus de bords boucles ; les entrelacs à rubans représentant quelquefois des motifs géométriques, mais plus généralement des dessins flottants et capricieux, comme on peut le voir, par exemple, au No. 12, planche LXXXIII., et aux Nos. 26 et 27, planche LXXXIV. ; les rubans à lacet et à pointes de diamant ; les contours courbes et rompus ; les monstres et animaux grotesques entremêlés ça et là de dessins larges et flottants, représentant des ornements de branches et de feuilles naturelles, comme on en voit au No. 7, planche LXXXIII., et dont il existe encore un superbe exemple au plafond de la grande galerie de Burton Agnes, Yorkshire ; les ornements à balle et à pointes de diamants et les compartiments en panneaux remplis de feuillage ou de blasons ; les voussoirs et les tasseaux grotesques si généralement en usage ; et enfin la hardiesse qui distingue les sculptures, tant en pierre qu’en bois, qui sont pleines d’effet quoiqu’elles soient exécutées grossièrement. Contrairement à ce que l’on voit dans les premiers exemples de la renaissance sur le continent, surtout en France et en Espagne, les ornements du temps d’Élisabeth ne s’appliquaient pas sur des formes gothiques, mais le fondement, ou la masse architecturale, était, à l’exception des fenêtres, d’un caractère essentiellement italien, marqué par l’application grossière des ordres de l’architecture l’un sur l’autre ; l’extérieur des murs étant garni de corniches et de balustrades, et les murs de l’intérieur étant bordés de frises et de corniches et surmontés de plafonds plats ou voûtés ; même les pignons aux contours convexes et concaves, qui sont si communs dans ce style, étaient fondés sur les modèles de la première école de la renaissance à Venise.

Les motifs diaprés en couleur exécutés sur bois, sur les vêtements des statues monumentales, et sur la tapisserie, trahissent pour la plupart plus de justesse et de pureté de dessin que ceux des sculptures ; les couleurs, d’ailleurs, en sont riches et fortement marquées. Ces étoffes étaient, en grande partie, le produit des métiers de la Flandre, et, dans quelques cas, de ceux de l’Italie ; — la première fabrique indigène de ce genre n’a été établie qu’en ICI 9 à Mortlake.

Les Nos. 9, 10, 11, et 13, planche LXXXV. sont ceux qui trahissent le cachet le plus essentiellement italien, parmi tous les exemples donnés ; et on affirme même que le No. 1 3 est l’œuvre d’un artiste italien. Les Nos. 12, 14, et 16, qui portent également le cachet du caractère italien, sont pris de portraits de l’époque d’Élisabeth et de Jacques I., ouvrages de quelques artistes hollandais ou italiens probablement. Les Nos. 1, 4, 5, 15, et 18, quoiqu’ils soient exécutés dans le goût italien, se distinguent par une grande originalité ; tandis que les Nos. 6 et 8 appartiennent au style élisabêthéen ordinaire. On conserve encore un bel exemple d’ornements en couleur, exécutés sur le poêle appartenant à la compagnie des ferronniers, daté de 1515, dont le fond est d’or, décoré d’un motif riche et flottant de pourpre ; semblable sous tous les rapports aux devants d’autel peints, ou antependiums, de Santo Spirito, Florence, (quinzième siècle) et fabriqué probablement en Italie.

À l’église Ste. Marie, Oxford, on conserve une riche tenture de chaire, au fond d’or et ornée d’un motif en bleu ; et à Hardwick Hall, Derbyshire, se trouve une belle piècé de tapisserie avec un motif en fil d’or et de cramoisi sur un foud de soie jaune. Mais le plus beau specimen, peut-être, de ce genre d’ouvrage, c’est le poêle de velours cramoisi orné d’un dessin travaillé en or,[3] fait dans la première partie du seizième siècle et appartenant à la compagnie des selliers. Quoique, dans les exemples dont nous venons de parler, comme dans ceux donnés à la planche LXXXV., l’effet soit produit principalement par l’emploi de deux couleurs seulement, il y a un grand nombre d’autres spécimens où l’on trouve toutes les variétés de couleur employées copieusement ; l’or cependant prédomine toujours sur les couleurs — goût dérivé probablement de l’Espagne, où la découverte des mines d’or du nouveau monde avait conduit à l’usage démesuré de l’or comme moyen de décoration, pendant le règne de Charles V. et celui de Philippe II. On peut voir un bel exemple de ce style, dans la cheminée magnifique ornée de sculptures élaborées et dorées combinées avec du marbre noir, qu’on conserve actuellement dans l’appartement du gouverneur à Charter-house.

Vers le milieu du dix-septième siècle, toutes les marques caractéristiques les plus prononcées de ce style avaient expiré complètement ; et nous voyons s’éteindre, non sans quelque regret, cette richesse, cette variété et ce goût du pittoresque, qualités prédominantes de ce style, lequel, tout dépourvu qu’il fut de bons principes moteurs, et tout sujet qu’il fut à s’éparpiller et à tomber en confusion, ne pouvait manquer néanmoins de pénétrer le spectateur d’une certaine impression de noblesse et de grandeur.

J. B. WARING.
OUVRAGES CONSULTÉS.
H. Shaw. Dresses and Decorations of the Middle Ages.
H. haw. The Decorative Arts of the Middle Ages.
H. haw. Details of Elizabethan Architecture.
C. J. Richardsob. Studies of Ornamental Design.
C. J. Rihardson. Architectural Remains of the Reigns of Elizabeth and Richardsob.James I.
C. J. Rihardson. Studies from Old English Mansions.
Joseph Nash. The Mansions of England in the Olden Time.
S. C. Hall. The Baronial Halls of England.
Joseph Gwilt. Encyclopedia of Architecture.
Horace Walpole. Anecdotes of Painting in England. Archœulogia, vol. xii. (1796).
The Builder (plusieurs sujets par C. J. Richardson), 1846.
Dallaway. Anecdotes of the Arts in England.
Clayton. The Ancient Timber Edifices of England.
Britton. Architectural Antiquities of Great Britain.
  1. On dit que les ouvrages de Lomazzo et de De Lorme ont été traduits en Anglais pendant le règne d’Élisabeth, mais nous n’en avons jamais vu un seul exemplaire.
  2. Le monument remarquable de Sir Francis Vcre (temps de Jacques I.), à Westminster est presque identique pour le dessin avec celui d’Engelbert de Nassau, à la cathédrale de Breda (seizième siècle).
  3. Voyez l’ouvrage superbe de Shaw, « Arts of the Middle Ages. »