Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques/Chapitre 1 - §2

§II. — Auguste, Agrippa et Drusus à Lyon.
Les deux premiers aqueducs.

Agrippa. — Ce fut un homme extraordinaire que ce Vipsanius Agrippa. Aussi capable de mener une longue campagne[1] et d’organiser la victoire comme général en chef que de veiller aux dispositifs ou de relever la fortune d’un combat[2], il eut aussi, à un degré supérieur, les hautes qualités d’un administrateur, ordre et méthode, coup d’œil étendu et clairvoyant. Mais, particularité plus originale chez un homme d’État, et non pour cela moins remarquable, ce ministre, ce capitaine était né ingénieur. Appien[3] nous le représente commandant la flotte, dans la guerre de Sicile, contre Sextus Pompée, et gagnant la bataille de Naulacque, non pas simplement par une savante tactique, mais spécialement grâce à un engin de son invention qui fit merveille[4]. C’est là un indice de son adresse ingénieuse. Mais il venait de donner sa mesure bien mieux encore en réorganisant la flotte, et en créant, pour l’abriter, le port Jules, dans le voisinage de Baïes, par une percée qui faisait communiquer le Lucrin avec le lac Averne. Cette entreprise, dont Suétone fait honneur à Octave[5] fut plus directement l’œuvre d’Agrippa. On peut en dire autant des mesures d’assainissement, d’embellissement et de sécurité prises dans Rome, telles que l’élargissement et le curage du lit du Tibre, la réfection de la voie Flaminia, et surtout la construction de deux nouveaux aqueducs, l’un pendant son édilité, l’autre treize ans après, à la suite de son troisième consulat, c’est-à-dire en l’an 732/22. À la première des eaux ainsi amenées on donna le nom d’Aqua-Julia[6] ; elle venait du massif des monts Albains. La seconde, prise à l’est de Rome, dans la terre de Lucullus, reçut le nom d’Aqua Virgo[7]. En même temps qu’il captait l’aqua Julia, Agrippa avait, en outre, effectué la restauration des aqueducs construits avant lui, ceux de l’Appia, de l’Anio et de la Marcia, qui se trouvaient alors presque en ruines, et il avait mis un soin particulier à pourvoir la ville d’un nombre considérable de fontaines[8].

On ne peut fixer au juste la durée du séjour d’Agrippa à Lyon. Mais il est certain qu’il y passa quelque temps, pour l’organisation définitive de la province. Auguste aura pour habitude d’envoyer dans les Gaules, suivant les circonstances et sans continuité absolue ni durée fixe, quand il ne pourra pas y séjourner en personne, un représentant qui le touche de très près, un membre de sa famille, un homme qui se confonde presque avec lui-même. Agrippa est devenu son gendre depuis l’an 733/21 ; il a déjà gouverné Rome en son absence[9] et va bientôt être associé à la puissance tribunice[10]. Quand il vient en Gaule en l’an 19, c’est donc avec le double prestige de son génie personnel et de l’autorité presque absolue que le prince lui délègue. Il ne lui faudra pas beaucoup de temps pour faire effectivement de la ville de Lyon ce qu’elle est déjà en titre, le centre stratégique et administratif de toute la Gaule.

Les grandes routes d’Agrippa et la construction du premier aqueduc (aqueduc du Mont-d’Or). — Agrippa procéda donc à la construction de quatre grandes voies[11] reliant cette nouvelle capitale à la métropole, et aux points extrêmes de la province. De Lyon partirent : au midi, la route vers la Narbonnaise, qui, se bifurquant à Arles, gagnait Rome d’un côté, l’Espagne de l’autre par Narbonne ; à l’ouest, la voie d’Aquitaine qui se dirigeait vers Bordeaux et Saintes, par Clermont, Limoges et Périgueux ; au nord, la voie de l’Océan qui, par Autun, Reims et Amiens, aboutissait au port de Boulogne ; et à l’est, la route du Rhin qui, par la Bresse, gagnait Besançon et, de là, Bâle et la Germanie supérieure. Chacune de ces routes comporta d’importantes bifurcations.

Pour réaliser rapidement cette grande entreprise, nul doute qu’Agrippa n’ait employé ses soldats légionnaires. Il n’est pas du tout nécessaire pour cela de supposer aux portes de Lyon un camp immense et permanent, analogue au camp prétorien de la porte Colline, à Rome, ou à celui de Lambæsis, en Afrique. On s’est longtemps évertué à chercher les vestiges de ce camp aux alentours de la ville ; on s’y évertue encore[12]. Il faut se représenter les choses tout autrement. Lyon fut bien, en effet, un centre de mouvement pour les légions des Gaules, et les routes d’Agrippa avaient précisément pour premier but de favoriser cette circulation de troupes, qui devaient pouvoir affluer vers Lyon comme vers le cœur du pays. Mais ces troupes n’avaient pas à s’y accumuler. Elles y passaient seulement quand une guerre ou une insurrection les appelaient d’un point du territoire à un autre. Lyon ne fut donc jamais un quartier général, bien qu’il y demeurât toujours quelques corps de troupes en permanence. Ce fut même, avec Carthage, la seule ville de l’empire qui eut une véritable garnison. Une quatrième cohorte urbaine, supplément aux trois qui résidaient à Rome[13], fut créée spécialement, à ce que l’on croit, pour Lyon. Mais, sauf des cas exceptionnels, on n’y vit pas séjourner une légion entière.

Agrippa dut y amener un important effectif de l’armée avec laquelle il venait de soumettre les Cantabres[14]. Ces troupes furent aussitôt appliquées au tracé des routes, d’après les plans des ingénieurs militaires, et avec le concours des populations gauloises réquisitionnées à cet effet. Tandis qu’elles se disséminaient en un certain nombre de détachements ou d’équipes sur le parcours projeté de ces voies, il y a tout lieu de supposer qu’Agrippa en retint à Lyon quelques cohortes, pour y exécuter les grands travaux locaux qui devaient transformer la physionomie de la ville. En attribuant à son initiative et aux bras de ses soldats la construction du premier des aqueducs de Lyon, celui du Mont-d’Or, comme nous le verrons plus loin, je ne pense pas qu’on fasse une hypothèse téméraire. Il est assez vraisemblable que l’auteur des aqueducs Julia et Virgo, à Rome, ait eu lui-même l’idée de pourvoir d’un ouvrage analogue la ville dont, par la création de ses routes, il venait de faire comme le second centre de l’empire.

On a dit et répété, je ne sais pourquoi, que ce premier aqueduc fut un aqueduc municipal, se distinguant ainsi des autres qui auraient été des aqueducs impériaux. S’il y avait une distinction à faire, c’est plutôt le contraire qui serait vrai, en ce sens que la ville était pour ce premier aqueduc, moins que pour tous les autres, en état d’effectuer une telle construction par ses propres ressources d’hommes et d’argent. La réalité est qu’en tout temps les empereurs veillèrent de très près à l’organisation des travaux publics de Lyon, et qu’une grande part doit leur être attribuée dans l’exécution de ceux-ci[15], au point de vue administratif autant que pour la question financière. Et si jamais l’intervention de l’armée, par conséquent l’action impériale directe, fut nécessaire à la construction des aqueducs lyonnais, ce fut pour le premier d’entre eux. Il faut donc souhaiter que cette distinction entre aqueduc municipal et aqueducs impériaux de Lugdunum soit enfin laissée de côté.

Premier séjour d’Auguste à Lyon. L’autel et la ville du confluent. — La colonie désormais progresse à pas de géant, et trois ans ne se sont pas écoulés depuis l’arrivée d’Agrippa qu’elle est prête à recevoir l’empereur lui-même. Celui-ci y fixa pour deux années sa résidence (738/16 à 740/14, tandis que son gendre s’en allait en Syrie. Dion Cassius[16] donne plusieurs motifs de ce séjour d’Auguste en Gaule, entre autres la nécessité de ne pas fatiguer le peuple de Rome par la présence continuelle d’un maître. Mais plus vraisemblablement ce prince, en véritable homme d’Etat, comprenait que la force du gouvernement impérial qu’il fondait résidait surtout dans la prospérité des provinces qu’il s’était attribuées pour domaine, dans l’habitude que prendraient non seulement les citoyens romains des villes, mais les peuples conquis, de sentir sa main, la main du maître précisément, sans cesse étendue sur eux. Il n’oubliait pas non plus qu’il devait rester le chef militaire suprême, l’imperator, et se montrer à ses légions. D’ailleurs, une attention constante devait être dirigée par lui vers les frontières de la nouvelle province. Les forces de son lieutenant Lollius étaient alors sérieusement menacées sur le Rhin par les hordes germaniques, et il fallut l’arrivée de l’empereur avec un corps d’armée pour tenir les envahisseurs en respect. Enfin, la pacification de la Gaule même n’était pas une œuvre entièrement achevée.

Il fallait des sommes énormes pour faire face à toutes les dépenses qu’exigeaient les travaux entrepris, et c’étaient en définitive les nations soumises qui payaient. Trop souvent on obtint par la violence les sommes nécessaires, et les divers soulèvements qui éclatèrent dans les Gaules au premier siècle de l’empire eurent presque toujours ces vexations pour cause[17]. Auguste trouva le moyen d’atténuer les rancunes en flattant l’amour-propre national des Gaulois : il institua, au confluent, dans la presqu’île de Condate, des assemblées plénières périodiques des cités de la Gaule chevelue. La pompe avec laquelle il fit célébrer ces congrès semblait être un hommage rendu à la nation : en réalité, c’était un moyen adroit de les subordonner au contrôle romain. Quelque temps après, Drusus, beau-fils de l’empereur, venu pour le représenter dans l’opération du cens en 742/12, obtint de ce conseil des Trois-Gaules un vote décrétant l’érection d’un autel à la divinité de Rome et à la personne sacrée du prince.

La description de cet autel, de ses abords, des cérémonies qui s’y accomplissaient, a été faite si souvent qu’il est superflu de la refaire ici. Je rappelle seulement que l’enceinte religieuse occupait à peu près l’emplacement actuel du Jardin des Plantes, dans le quartier des Terreaux, au bas de la colline de Saint-Sébastien[18] ; que la cérémonie d’inauguration eut lieu le 1er août de l’an 744/10[19] et que dès lors, chaque année, au mois d’août, époque du congrès, des jeux solennels se donnèrent dans la presqu’île. On y avait construit, non loin de l’autel, un vaste amphithéâtre, aménagé pour les spectacles les plus grandioses, et où furent institués aussi des concours d’éloquence[20].

On a pensé que pour ces jeux et ces fêtes, ainsi que pour l’alimentation de l’important faubourg qui ne manqua pas de se développer autour de ces monuments officiels, il fut nécessaire d’avoir de l’eau en très grande abondance, et que l’on construisît tout exprès les deux aqueducs de Miribel et de Cordieu. Il sera fait ci-après une étude succincte de ces deux ouvrages. Quelle que doive en être la conclusion, contentons-nous d’observer dès à présent que, s’il s’agissait surtout de pourvoir à une splendeur passagère d’un mois chaque année, la création d’un grand ouvrage permanent n’était pas indispensable, et qu’avec les procédés d’élévation d’eau que connaissaient les Romains[21], l’enceinte officielle et l’amphithéâtre étant peu élevés au-dessus du niveau des deux fleuves, on pouvait arriver à remplir aisément des bassins pour l’ornementation et pour les nécessités matérielles des spectacles. Mais comme il est à peu près certain que l’eau des aqueducs aboutissant à la colline de Fourvière alimentait l’île d’Ainay, on ne voit pas pourquoi elle n’aurait pas été utilisée aussi pour la presqu’île. Qui sait même si ce n’est pas le développement de la ville des Trois-Gaules qui a nécessité pour une bonne part, à trois reprises différentes, l’adduction de nouvelles eaux à Fourvière.

Prospérité de Lyon. Les corporations et les pouvoirs publics. — Quoi qu’il en soit, la centralisation, sous les murs de Lugdunum, de toute la vie politique des Gaules, eut pour effet non seulement d’entourer la colonie d’un rayonnant prestige, mais encore d’accroître, dans de considérables proportions, sa prospérité commerciale et le chiffre de sa population. À ce moment, aux alentours de l’ère chrétienne, Narbonne seule, la capitale de l’ancienne province, lui dispute, au delà des Alpes, le premier rang. « Τò Λούγδουνον, dit Strabon, εύανδρεῖ μάλιστα τῶν ἄλλων πλἠν Ναρξωνος[22] »

Alors commencent à se former toutes ces corporations de négociants et d’artisans sur lesquelles les inscriptions de Lyon nous fournissent tant de précieux renseignements : les nautae ararici, rhodanici, bateliers de la Saône et du Rhône[23] ; les dendrophores, exploitants des forêts de la région, marchands de bois et en même temps prêtres de Cybèle ; les tignuarii ou tignarii, entrepreneurs charpentiers ; les fabri, c’est-à-dire d’une manière générale, tous artisans qui concouraient à la construction ; les centonarii, fabricants de tissus de laine ; les vinarii, négociants en vins, devenus rapidement très nombreux, non pas tant à cause de la culture de la vigne aux environs de Lyon qu’en vue du trafic des vins de l’Italie, de la Narbonnaise et de la vallée du Rhône, dont Lyon fut le grand entrepôt. Leurs docks, canabae, étaient installés surtout dans la partie ouest et nord de l’île d’Ainay. Enfin venaient les marchands de toute espèce, dont la liste serait trop longue à énumérer, et que les inscriptions mentionnent. Il suffit de parcourir les recueils si intéressants de A. de Boissieu ou de Allmer-Dissard, pour se faire une idée saisissante de la vie intense et mouvementée dont la ville de Lyon devait dès lors présenter le spectacle.

Tous ces corps de métiers étaient régis par des statuts fort minutieux et, d’autre part, étaient comme à Rome placés sous la surveillance très attentive du pouvoir, c’est-à-dire de l’autorité émanant directement de l’empereur. Lugdunum possédait bien, comme toute colonie, son organisation municipale : conseil des décurions (ordo sanctissimus), composé de cent membres, et corps de magistrats : duumvirs, questeurs et édiles. Mais il semble bien que dès l’instant où les fonctionnaires impériaux s’y installèrent, c’est-à-dire dès que Lyon devint capitale des Gaules, les pouvoirs de ce sénat local et de ses magistrats tendirent à se restreindre beaucoup. En théorie, les duumvirs avaient, sous le contrôle des décurions, à gérer les finances locales, à faire l’adjudication des travaux publics, et à juger les procès civils jusqu’à un taux déterminé. En pratique, le contrôle supérieur des fonctionnaires du prince s’exerça si bien sur tous les actes des décurions et des autres magistrats municipaux que l’initiative de ceux-ci paraît en avoir été fort amoindrie. Aucune inscription, à Lyon comme à Carthage, dont le régime fût tout à fait analogue, ne signale une trace marquante de leur intervention, pas plus pour les travaux publics que pour tout le reste. Mais il y avait un honneur attaché à ces charges. L’élection était soumise aux suffrages des citoyens et conférait une dignité très enviée. Rome encourageait du reste cette ambition, en accordant à ceux qui étaient revêtus des dignités municipales certaines prééminences, certains avantages, surtout honorifiques. La compensation devint plus tard insuffisante, car ces charges, peu à peu, prirent le caractère de véritables fardeaux ; elles ne s’exercèrent plus sans de nombreuses dépenses personnelles ; il fallut donner des jeux, faire des largesses au peuple ; en matière d’impôt, de lourdes responsabilités pesèrent sur les malheureux magistrats, si bien qu’on dut parfois leur imposer leur dignité par la contrainte.

Mais nous n’en sommes pas encore là. L’époque d’Auguste est l’âge d’or de la colonie lyonnaise. Le pouvoir municipal subit de bon gré l’ascendant de cette autorité supérieure qui travaille au bien-être et à la fortune de la cité. Dans le palais impérial sont occupés des fonctionnaires de tout âge et de tout rang, hommes libres, affranchis, esclaves, groupés autour de leurs chefs, les procurateurs. Ceux-ci, nommés par le prince qui les tient étroitement dans sa main, accomplissent avec prompte diligence les multiples besognes qu’exige l’administration d’un grand pays qui s’organise. L’activité n’est pas moins grande à côté, à l’hôtel des Monnaies, au service duquel la cohorte en permanence est spécialement commise (cohors Lugdunensis ad monetam)[24]. En un mot, dans Lyon grandissant, tout travaille, tout est animé, tout s’enrichit et prospère.

Construction probable d’un deuxième aqueduc (aqueduc de Craponne). — Il est donc vraisemblable que déjà dans les dernières années du règne d’Auguste, la population, ses besoins, son industrie et son luxe aient pris assez d’extension pour nécessiter la construction d’un nouvel aqueduc. Doit-on s’attacher à démontrer qu’on avait pris d’abord les eaux les plus voisines, celles du Mont-d’Or ? Le simple bon sens indique assez qu’on ne s’avise pas d’aller chercher au loin ce que l’on trouve tout près[25]. En vertu de ce même principe, on dut songer à recueillir en second lieu les eaux du massif de montagnes le plus rapproché après le Mont-d’Or, et en commençant par le versant tourné vers la ville. C’est donc l’aqueduc de Craponne qui, selon toute probabilité, fut le deuxième en date parmi les quatre aqueducs. D’autres raisons, d’ordre technique, confirment cette hypothèse : les procédés de construction de l’aqueduc de Craponne ont avec ceux de l’aqueduc du Mont-d’Or certaines analogies de détail qu’on ne rencontre pas dans les deux autres et qui seront signalées plus loin. C’est dire que ces derniers seraient d’époques plus récentes. À défaut de preuves absolues, ces probabilités peuvent suffire.

Drusus étant mort en l’an 745/9, sur les frontières de Germanie, Auguste, qui l’année précédente était venu assister à l’inauguration solennelle de son propre culte, revint encore l’année d’après (746/8), accompagné de Tibère. Pendant que celui-ci s’en allait poursuivre en Germanie la série des succès obtenus déjà par son frère et par lui-même, l’empereur prolongea quelque temps son séjour à Lyon. Ce fut le dernier. Mais il ne cessa de s’occuper personnellement jusqu’à sa mort d’une province qu’il pouvait, plus que toutes les autres provinces impériales, considérer à juste titre comme son domaine propre. Si elle était pour lui comme un bien héréditaire, en tant que conquête de son père adoptif, il l’avait réellement faite sienne par l’organisation qu’il lui avait donnée. En mourant, il léguait à son successeur un pays florissant orné d’une brillante capitale.

  1. Campagnes des Cantabres, d’Aquitaine, de Pannonie, de Dalmatie.
  2. Bataille d’Actium (V. Velleius Paterculus, II, 85).
  3. Guerres civiles, V, 118.
  4. C’était un long épieu de cinq coudées, protégé par une enveloppe de fer et muni à l’une de ses extrémités d’une sorte de harpon, à l’autre, d’un anneau auquel s’attachait une longue corde ; l’autre bout de celle-ci s’enroulait sur un treuil. On lançait l’épieu au moyen d’une catapulte contre le vaisseau ennemi ; quand il s’y était accroché, on manœuvrait le treuil, qui le ramenait avec sa prise, sans que les ennemis pussent couper, ni l’engin avec sa garniture de fer, ni la corde mise à l’abri des haches par la longueur de celui-ci.
  5. Suétone, Octave, 16.
  6. Frontin, De aquis, 9.
  7. Ibid., 10.
  8. Ibid., 9.
  9. Dion, LIV, 6.
  10. Ibid., LIV, 12.
  11. Strabon, IV.
  12. Steyert (ouv. cité, p. 137) raconte la plaisante anecdote du prétendu camp romain découvert à Décines, petite localité voisine de Lyon ; ce camp romain était commandé, en 1843, par le duc de Nemours.
  13. Rappelons que les cohortes urbaines étaient numérotées à la suite des neuf cohortes prétoriennes, que la première par conséquent fut numérotée X ; la quatrième XIII.
  14. Dion, LIV, 11.
  15. Il y a de nombreux exemples de l’initiative du pouvoir central pour l’établissement des aqueducs dans les colonies. Il en sera donné plus loin d’après les documents épigraphiques. Je cite ici seulement celui de Capoue, d’après un passage de Velleius Paterculus (II, 81) : « Speciosumque per id tempus adjectum supplementum Campanae coloniae (territoires concédés dans l’île de Crète), et aqua promissa, quae hodieque singulare et salubritatis instar, et amænitatis ornamentum est. »
  16. LIV. 20.
  17. La présence de l’empereur à Lyon eut peut-être pour effet de conjurer une révolte qui aurait éclaté contre le procurateur fiscal Licinus, coupable d’exactions odieuses. Réprimandé, il paya d’audace, et Auguste l’épargna.
  18. Cette colline peut avoir été ainsi appelée du nom même de l’empereur, Σεϐαστός, Augustus, d’où collis Sebastianus. La modification chrétienne se fit plus tard, de façon tout indiquée.
  19. D’après Suétone, Claude, 2. — Tite-Live (Perioche du livre 139) la fixait à deux ans plus tôt.
  20. Au moins à l’époque de Caligula (Suét., Calig., 20).
  21. Vitruve, X, 4, 67.
  22. Strabon, IV, 3.
  23. On distinguait l’une et l’autre corporation, et en outre le splendidissimum corpus nautarum Rhodanicorum et Araricorum, qui n’était pas le résultat de la fusion des deux autres. À mesure que les transits se multiplièrent, elles grandirent de jour en jour en nombre d’adhérents, en richesse et en influence, si bien qu’elles formèrent comme une sorte de corps officiel, passant immédiatement après les décurions.
  24. Bien qu’on attribue à Tibère la création pour Lyon de la xiiie cohorte urbaine, il est plus que probable qu’il y en avait une déjà sous Auguste (peut-être une cohorte civium romanorum, distincte des cohortes urbaines) Sous Galba, d’après Tacite (Hist, 1, 64), c’est la xviiie cohorte qui est à Lyon.
  25. Il est évident que cette règle élémentaire comporte des exceptions, quand, par exemple, les eaux éloignées sont bien plus pures, ou plus en rapport par leur abondance avec les besoins de la ville, ou encore d’une plus facile adduction. Mais aucune de ces raisons ne peut valoir contre le captage, en premier lieu, des eaux du Mont-d’Or pour Lugdunum. Pour Rome, il est bien vrai que l’eau des monts Simbruens (Anio et Marcia) fut amenée avant celle des monts Albains plus rapprochés (Tepula et Julia). Mais l’idée de dériver en amont de leurs chutes de Tibur les eaux abondantes de l’Anio, devait, par l’aspect même de ces chutes, se présenter en première ligne à l’esprit des Romains. Puis, en réparant plus tard cet aqueduc de l’Anio, le préteur Marcius Rex rencontrant de riches sources au voisinage de la dérivation, put juger avantageux de profiter pour les amener d’un tracé déjà en grande partie déterminé par l’aqueduc qu’il réparait. Ainsi fut captée l’eau Marcia. On chercherait en vain des circonstances semblables pour les eaux de Lyon.