Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciencesGide3 (p. 41-43).
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RECHERCHES SUR L’IODE.


M. Courtois, salpétrier à Paris, découvrit, vers le milieu de 1811, dans les cendres des varechs, une substance solide qui corrodait ses chaudières, et qui, depuis, sur la proposition de Gay-Lussac, a été nommée iode, à cause de la couleur violette extrêmement remarquable que possède sa vapeur. M. Courtois remit des échantillons de cette substance, peu de temps après sa découverte, à MM. Desormes et Clément qui en firent l’objet de leurs expériences. M. Clément ne rendit publique la découverte de M. Courtois et les résultats qu’il avait obtenue en collaboration avec M. Desormes, que dans la séance de la première classe de l’Institut du 6 décembre 1813. Sir Humphry Davy qui, à cause de son génie scientifique, avait obtenu exceptionnellement de l’Empereur la permission de traverser la France, se trouvait alors à Paris. Il avait reçu de M. Clément, peu de temps après son arrivée, des échantillons nombreux de la substance mystérieuse. M. Gay-Lussac l’apprend, et juge d’un coup d’œil à combien de critiques blessantes pour l’honneur de nos expérimentateurs et de nos Académies, pourra donner lieu l’antériorité accordée ainsi par le hasard et un peu de légèreté aux investigations du chimiste étranger. Il va aussitôt rue du Regard, chez le pauvre salpétrier, en obtient une petite quantité de la matière découverte par lui, se met à l’œuvre et produit en peu de jours un travail également remarquable par la variété, l’importance et la nouveauté des résultats. L’iode devient, sous l’œil scrutateur de notre confrère, un corps simple, fournissant un acide particulier en se combinant avec l’hydrogène, et un second acide par son union avec l’oxygène. Le premier de ces acides montrait, par un exemple nouveau, que l’oxygène n’était pas le seul principe acidifiant, comme on l’avait cru pendant longtemps. Ce travail de Gay-Lussac sur l’iode fut complété postérieurement, et l’on trouve dans un très-beau Mémoire fort étendu, lu le 1er août 1814 et imprimé parmi ceux de l’Académie, les résultats variés des investigations de notre confrère.

Tous les chimistes qui ont lu ce travail y ont admiré et la fécondité de l’auteur pour varier les expériences et la sûreté de jugement qui le dirige toujours, quand il faut les interpréter et en tirer des conséquences générales.

Dans plusieurs chapitres de ce travail si remarquable, l’auteur insiste particulièrement sur l’analogie qu’il a établie entre le chlore, le soufre et l’iode, ce qui jette un grand jour sur plusieurs branches de la science, qui, alors, étaient enveloppées d’obscurité.